« Face aux déclarations du gouvernement tunisien, à celles de la personne qui en est à la tête est qui est considérée comme étant membre d’Ennahda, et même à celles de Rached Ghannouchi, qui s’oppose à Al-Qaïda-Maghreb, nous avons voulu informer la Oumma en général et le peuple tunisien en particulier que :
1 Nous sommes toujours fidèles aux instructions de notre Emir et cheikh Ayman al-Zaouahiri, selon lesquelles il ne faut pas attaquer les gouvernements issus des révolutions arabes, mais au contraire leur tendre la main pour qu’ils appliquent la charia…
2 Nous considérons la Tunisie musulmane comme terre de Dawa (prêche), nous ne critiquons pas ses prédicateurs et ses réformateurs pour lesquels nous prions Allah qu’il leur vienne en aide et les guide, particulièrement Ansar al-charia.
3 Notre organisation (Al-Qaïda) a exprimé son soutien et sa solidarité avec les révolutions des jeunes dès la première étincelle en Tunisie. Ce n’est donc pas logique qu’on leur déclare la guerre aujourd’hui sans aucune raison…
4 Nous recommandons à Ennahda de réviser sa politique vis-à-vis d’Al-Qaïda et à cesser ses déclarations hostiles qui ne lui rendent pas service mais la desservent…
5 Nous conseillons Ennahda de s’attacher au Coran et à la Sunna et de fédérer les jeunes tunisiens autour d’un vrai projet islamique, avec comme source la charia et comme fondement la justice et la choura…
6 Nous conseillons Ennahda de se réconcilier avec les autres mouvements islamistes et de s’en remettre à l’arbitrage des imams de la Oumma, au lieu d’établir des accords de sécurité douteux avec le gouvernement algérien, complice de Ben Ali dans l’injustice, et de s’attacher aux imams de l’apostasie : les USA et la France…
7 Nous conseillons à Ennahda de consacrer tout son temps et ses ressources pour sauver le peuple tunisien, qui souffre de la pauvreté et du chômage, comme les autres peuples de la région…
8 Nous mettons en garde Ennahda de l’injustice et de ses conséquences graves…(hadith).
9 Nous mettons en garde Ennahda et à sa tête Rached Ghannouchi, d’éparger le sang des jeunes… (hadith).
10 Nous rappelons à Ennahda que l’Amérique et la France ne vous seront jamais acquises tant que vous n’auriez pas appliqué leurs lois et renoncé à la charia… (Coran, verset sur les juifs et les chrétiens).
11 Nous réaffirmons notre disposition de discuter avec Ennahda, directement et sans intermédiaires, en présence d’oulémas, loin des pressions des services de sécurité locaux, régionaux et mondiaux.
12 Nous réaffirmons notre solidarité avec les vrais prédicateurs en Tunisie (Kairouan), qui travaillent à la grandeur de la parole d’Allah, à la réalisation de la dignité pour le peuple tunisien musulman et à leur tête Ansar al-charia…
13 Nous appelons le peuple tunisien musulman de soutenir et croire aux prédicateurs authentiques et de se méfier des prédicateurs du mensonge, principalement les chiites qui insultent notre prophète…
14 Nous renouvelons notre engagement derrière notre cheikh Ayman al-Zaouahiri, et notre soumission aux directives de notre émir régional cheikh Abou Moussaâb Abdel-Wadoud, de ne pas attaquer l’armée et les forces de police tunisiennes, sauf en cas de légitime défense, et nous espérons que le gouvernement va lire notre message de façon raisonnable…
15 Al-Qaïda se réserve le droit de se défendre et de répliquer à toute agression contre ses membres et ses positions, et nous espérons qu4ennahda aura compris ce message… ».
Ce message se termine par un délire obscurantiste et des prières implorant Allah….
Avant notre analyse, voici maintenant un article de Houda Trabelsi, publié le 4 août 2013 sur Magharebia, au sujet du message audio d’Ayman al-Zaouahiri, datant du 10 juin dernier, soit un mois après l'enregistrement du message que nous venons de traduire.
« Le leader d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri s'en est pris cette semaine au mouvement islamiste modéré Ennahda, qu'il accuse de ne pas fonder la nouvelle constitution démocratique de la Tunisie sur une stricte charia.
"Les dirigeants du parti Ennahda affirment faire partie de ce qu'ils appellent l'Islam modéré et éclairé", a déclaré al-Zawahiri dans cet enregistrement publié le dimanche 10 juin sur l'Internet. "Laissons-les s'appeler comme ils le souhaitent, mais ils sont... l'un des symptômes des maladies de notre civilisation", a déclaré le terroriste.
Après qu'al-Zawahiri eut appelé les Tunisiens à se soulever pour "utiliser le Coran comme source de la loi", des centaines de salafistes ont lancé des actions violentes, incendiant des postes de police, des centres artistiques et d'autres bâtiments dans plusieurs villes. Le gouvernement a été contraint d'imposer un couvre-feu nocturne.
Mais le dirigeant d'Al-Qaïda "n'est pas dans une position psychologique ou politique qui lui permette de procéder à une bonne évaluation de la situation partout dans le monde, notamment en Tunisie", a déclaré le porte-parole d'Ennahda Najib El Gharbi à propos de ce nouvel enregistrement. "La bataille qui a été inventée par certains à propos de la charia est une lutte imaginaire, parce que le peuple tunisien a adhéré, et adhère encore aux enseignements de l'Islam, et il n'y renoncera pas", a-t-il ajouté.
Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe d'études politiques et sociale de Genève, a expliqué à Magharebia que "le mouvement Ennahda se trouve en conflit à la fois avec le wahhabisme et le salafisme djihadiste, c'est-à-dire Al-Qaïda. A un moment donné, il devra bien faire face à ce conflit inévitable."
"Ennahda se trouve pris entre deux feux : celui du salafisme djihadiste d'une part, et celui du salafisme scientifique, de l'autre", a ajouté Sidaoui. "A ce jour, il a évité la confrontation avec les deux, parce qu'il s'attache actuellement au conflit contre les partisans de la modernité en Tunisie." Selon Bassel Torjmen, spécialiste des mouvements islamiques dans la région, ce dernier message terroriste en date fait suite à un changement dans la structure organisationnelle d'Al-Qaïda. "Ce revirement est intervenu après la mort de nombreux hauts responsables d'Al-Qaïda qui étaient liés à Oussama ben Laden, comme Abou Yahya al-Libi, Anwar al-Awlaki et le principal responsable financier d'Al-Qaïda, qui a été abattu il y a quelque temps au Pakistan", a-t-il expliqué à Magharebia.
"Al-Zawahiri souhaite s'affirmer comme le chef de l'organisation, en particulier au Maghreb islamique, et montrer que le groupe qui est désormais opérationnel dans le sud de l'Algérie, au Mali et en Mauritanie est placé sous son commandement direct", a-t-il poursuivi.
Pour sa part, le fondateur du premier parti salafiste légal en Tunisie a condamné cette ingérence étrangère. "Nous acceptons les conseils, mais nous n'acceptons aucune ingérence dans nos affaires propres", a déclaré Mohamed Khouja, le leader du Front de la réforme. "Mon parti cherchera à intégrer progressivement la charia islamique dans la nouvelle constitution tunisienne, sans aucune coercition", a-t-il ajouté. Khouja a également rejeté l'appel au soulèvement lancé par al-Zawahiri contre Ennahda, affirmant que "c'est le peuple qui a choisi Ennahda au travers des urnes." "Les règles de la démocratie nous dictent d'accepter l'opinion des autres et de respecter la décision populaire", a-t-il conclu ».
Nous rejoignons tout à fait Riadh Sidaoui lorsqu’il dit que le mouvement Ennahda se trouve en conflit à la fois avec le wahhabisme et le salafisme djihadiste. Mais nous ajoutons que, depuis son retour en Tunisie, Rached Ghannouchi a joué sur les deux tableaux. Il a ordonné à Moncef Marzouki d’amnistier les salafistes djihadistes, dont certains ont été reçu par ce président fantoche au palais de Carthage. Il a ménagé ceux qu’ils appellent « mes enfants qui me rappellent ma jeunesse », c’est-à-dire les salafistes djihadistes amnistiés ou rentrés en Tunisie après le 14 janvier 2011. Il a donné des instructions à ses pions au sein du ministère de l’Intérieur de fermer les yeux sur les activités « citoyennes » de ces dangereux individus…
Rached Ghannouchi a tenu ce double langage et ce double positionnement pour rassurer d’une part ses anciens amis d’Al-Qaïda qu'il a fréquenté au Soudan, et d’autre part les pays occidentaux qui croient à son "islamisme modéré". Il espérait ainsi gagner sur les deux tableaux et gagner du temps jusqu’aux prochaines élections, si elles ont lieu ! Les conséquences de l’assassinat de Chokri Belaïd, puis de Mohamed Brahmi, ainsi que du changement brutal et nassérien en Egypte, ensuite les premiers événements de Djebel Châmbi, ont poussé Rached Ghannouchi à faire un choix douloureux : frapper superficiellement quelques djihadistes (démonstration de force de l’armée à châmbi) et de quelques salafistes (démonstration de force de la police à Sousse et à el-Wardiyya), pour montrer aux Tunisiens que le gouvernement les protège, et aux occidentaux que son mouvement est pris pour cible par Al-Qaïda. Ce choix a déjà été traduit en actes à châmbi, début mai 2013, ce qui a justifié le message fraternellement menaçant du chef d’Al-Qaïda au Maghreb (ci-dessus). Avec la colère de la rue et les pressions occidentales, Rached Ghannouchi n’avait d’autres choix que de sacrifier quelques-uns de ses djihdistes terroristes, quitte à les libérer discrètement par la suite.
C'est la quadrature du cercle. Dans les jours et les semaines qui viennent, les Tunisiens vont payer le prix de ce choix ghannouchien et qui est en réalité une guerre entre Ennahda et Al-Qaïda, sur le leadership de la future imara tunisienne. Comme pour nos "amis" et libérateurs Américains, pour les criminels d’Al-Qaïda, la Tunisie est aussi un laboratoire ! Al-Qaïda va frapper très fort en visant des civils. Une série d’attentats aveugles et sans précédent va s’abattre sur la Tunisie. Les vraies cellules dormantes vont se réveiller. C'est le sens du dernier communiqué d'Abou Iyadh, de son vrai nom Seif-Allah Ben Hassine, la crapule qui est à la tête d'Ansar al-charia, l'ONG "citoyenne" qui dépend idéologiquement et logistiquement d'AQMI.
Pour terminer cet article, on s’arrêtera sur un détail très important dans le message du porte parole d’AQMI. Il s’agit du point 3 : « Notre organisation (Al-Qaïda) a exprimé son soutien et sa solidarité avec les révolutions des jeunes dès la première étincelle en Tunisie. Ce n’est donc pas logique qu’on leur déclare la guerre aujourd’hui sans aucune raison… ». Effectivement, ce n’est pas logique ! Vous avez ici la preuve qu’Al-Qaïda-Maghreb a participé à notre glorieuse révolution du jasmin. Quelques rares hauts responsables du ministère de l’Intérieur en prison ou en liberté surveillée, ont déjà déclaré que dès décembre 2010, des terroristes se sont infiltré des frontières tuniso-algériennes pour s’attaquer aux postes de police et de gendarmerie et pour abattre quelques manifestants. On rappelle aussi le message du 17 janvier 2011, qu'Oussama Ben Laden a adressé au "grand peuple tunisien dont la bravoure de la jeunesse a détruit le Pharaon de Tunisie ".
Si rached Ghannouchi a lâché un jour que « le Qatar est notre associé dans la révolution », le chef d’Al-Qaïda est venu lui rappeler que son organisation criminelle et terroriste est aussi un associé qu’il ne faut pas oublier, d’autant plus qu’Al-Qaïda agissait conformément aux instructions des services parallèles du Qatar. Il est donc « normal » qu’Al-Qaïda réclame de son ex-partenaire et associé, Ennahda, sa part du gâteau tunisien !
Tunisie-Secret.com
Karim Zmerli
1 Nous sommes toujours fidèles aux instructions de notre Emir et cheikh Ayman al-Zaouahiri, selon lesquelles il ne faut pas attaquer les gouvernements issus des révolutions arabes, mais au contraire leur tendre la main pour qu’ils appliquent la charia…
2 Nous considérons la Tunisie musulmane comme terre de Dawa (prêche), nous ne critiquons pas ses prédicateurs et ses réformateurs pour lesquels nous prions Allah qu’il leur vienne en aide et les guide, particulièrement Ansar al-charia.
3 Notre organisation (Al-Qaïda) a exprimé son soutien et sa solidarité avec les révolutions des jeunes dès la première étincelle en Tunisie. Ce n’est donc pas logique qu’on leur déclare la guerre aujourd’hui sans aucune raison…
4 Nous recommandons à Ennahda de réviser sa politique vis-à-vis d’Al-Qaïda et à cesser ses déclarations hostiles qui ne lui rendent pas service mais la desservent…
5 Nous conseillons Ennahda de s’attacher au Coran et à la Sunna et de fédérer les jeunes tunisiens autour d’un vrai projet islamique, avec comme source la charia et comme fondement la justice et la choura…
6 Nous conseillons Ennahda de se réconcilier avec les autres mouvements islamistes et de s’en remettre à l’arbitrage des imams de la Oumma, au lieu d’établir des accords de sécurité douteux avec le gouvernement algérien, complice de Ben Ali dans l’injustice, et de s’attacher aux imams de l’apostasie : les USA et la France…
7 Nous conseillons à Ennahda de consacrer tout son temps et ses ressources pour sauver le peuple tunisien, qui souffre de la pauvreté et du chômage, comme les autres peuples de la région…
8 Nous mettons en garde Ennahda de l’injustice et de ses conséquences graves…(hadith).
9 Nous mettons en garde Ennahda et à sa tête Rached Ghannouchi, d’éparger le sang des jeunes… (hadith).
10 Nous rappelons à Ennahda que l’Amérique et la France ne vous seront jamais acquises tant que vous n’auriez pas appliqué leurs lois et renoncé à la charia… (Coran, verset sur les juifs et les chrétiens).
11 Nous réaffirmons notre disposition de discuter avec Ennahda, directement et sans intermédiaires, en présence d’oulémas, loin des pressions des services de sécurité locaux, régionaux et mondiaux.
12 Nous réaffirmons notre solidarité avec les vrais prédicateurs en Tunisie (Kairouan), qui travaillent à la grandeur de la parole d’Allah, à la réalisation de la dignité pour le peuple tunisien musulman et à leur tête Ansar al-charia…
13 Nous appelons le peuple tunisien musulman de soutenir et croire aux prédicateurs authentiques et de se méfier des prédicateurs du mensonge, principalement les chiites qui insultent notre prophète…
14 Nous renouvelons notre engagement derrière notre cheikh Ayman al-Zaouahiri, et notre soumission aux directives de notre émir régional cheikh Abou Moussaâb Abdel-Wadoud, de ne pas attaquer l’armée et les forces de police tunisiennes, sauf en cas de légitime défense, et nous espérons que le gouvernement va lire notre message de façon raisonnable…
15 Al-Qaïda se réserve le droit de se défendre et de répliquer à toute agression contre ses membres et ses positions, et nous espérons qu4ennahda aura compris ce message… ».
Ce message se termine par un délire obscurantiste et des prières implorant Allah….
Avant notre analyse, voici maintenant un article de Houda Trabelsi, publié le 4 août 2013 sur Magharebia, au sujet du message audio d’Ayman al-Zaouahiri, datant du 10 juin dernier, soit un mois après l'enregistrement du message que nous venons de traduire.
« Le leader d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri s'en est pris cette semaine au mouvement islamiste modéré Ennahda, qu'il accuse de ne pas fonder la nouvelle constitution démocratique de la Tunisie sur une stricte charia.
"Les dirigeants du parti Ennahda affirment faire partie de ce qu'ils appellent l'Islam modéré et éclairé", a déclaré al-Zawahiri dans cet enregistrement publié le dimanche 10 juin sur l'Internet. "Laissons-les s'appeler comme ils le souhaitent, mais ils sont... l'un des symptômes des maladies de notre civilisation", a déclaré le terroriste.
Après qu'al-Zawahiri eut appelé les Tunisiens à se soulever pour "utiliser le Coran comme source de la loi", des centaines de salafistes ont lancé des actions violentes, incendiant des postes de police, des centres artistiques et d'autres bâtiments dans plusieurs villes. Le gouvernement a été contraint d'imposer un couvre-feu nocturne.
Mais le dirigeant d'Al-Qaïda "n'est pas dans une position psychologique ou politique qui lui permette de procéder à une bonne évaluation de la situation partout dans le monde, notamment en Tunisie", a déclaré le porte-parole d'Ennahda Najib El Gharbi à propos de ce nouvel enregistrement. "La bataille qui a été inventée par certains à propos de la charia est une lutte imaginaire, parce que le peuple tunisien a adhéré, et adhère encore aux enseignements de l'Islam, et il n'y renoncera pas", a-t-il ajouté.
Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe d'études politiques et sociale de Genève, a expliqué à Magharebia que "le mouvement Ennahda se trouve en conflit à la fois avec le wahhabisme et le salafisme djihadiste, c'est-à-dire Al-Qaïda. A un moment donné, il devra bien faire face à ce conflit inévitable."
"Ennahda se trouve pris entre deux feux : celui du salafisme djihadiste d'une part, et celui du salafisme scientifique, de l'autre", a ajouté Sidaoui. "A ce jour, il a évité la confrontation avec les deux, parce qu'il s'attache actuellement au conflit contre les partisans de la modernité en Tunisie." Selon Bassel Torjmen, spécialiste des mouvements islamiques dans la région, ce dernier message terroriste en date fait suite à un changement dans la structure organisationnelle d'Al-Qaïda. "Ce revirement est intervenu après la mort de nombreux hauts responsables d'Al-Qaïda qui étaient liés à Oussama ben Laden, comme Abou Yahya al-Libi, Anwar al-Awlaki et le principal responsable financier d'Al-Qaïda, qui a été abattu il y a quelque temps au Pakistan", a-t-il expliqué à Magharebia.
"Al-Zawahiri souhaite s'affirmer comme le chef de l'organisation, en particulier au Maghreb islamique, et montrer que le groupe qui est désormais opérationnel dans le sud de l'Algérie, au Mali et en Mauritanie est placé sous son commandement direct", a-t-il poursuivi.
Pour sa part, le fondateur du premier parti salafiste légal en Tunisie a condamné cette ingérence étrangère. "Nous acceptons les conseils, mais nous n'acceptons aucune ingérence dans nos affaires propres", a déclaré Mohamed Khouja, le leader du Front de la réforme. "Mon parti cherchera à intégrer progressivement la charia islamique dans la nouvelle constitution tunisienne, sans aucune coercition", a-t-il ajouté. Khouja a également rejeté l'appel au soulèvement lancé par al-Zawahiri contre Ennahda, affirmant que "c'est le peuple qui a choisi Ennahda au travers des urnes." "Les règles de la démocratie nous dictent d'accepter l'opinion des autres et de respecter la décision populaire", a-t-il conclu ».
Nous rejoignons tout à fait Riadh Sidaoui lorsqu’il dit que le mouvement Ennahda se trouve en conflit à la fois avec le wahhabisme et le salafisme djihadiste. Mais nous ajoutons que, depuis son retour en Tunisie, Rached Ghannouchi a joué sur les deux tableaux. Il a ordonné à Moncef Marzouki d’amnistier les salafistes djihadistes, dont certains ont été reçu par ce président fantoche au palais de Carthage. Il a ménagé ceux qu’ils appellent « mes enfants qui me rappellent ma jeunesse », c’est-à-dire les salafistes djihadistes amnistiés ou rentrés en Tunisie après le 14 janvier 2011. Il a donné des instructions à ses pions au sein du ministère de l’Intérieur de fermer les yeux sur les activités « citoyennes » de ces dangereux individus…
Rached Ghannouchi a tenu ce double langage et ce double positionnement pour rassurer d’une part ses anciens amis d’Al-Qaïda qu'il a fréquenté au Soudan, et d’autre part les pays occidentaux qui croient à son "islamisme modéré". Il espérait ainsi gagner sur les deux tableaux et gagner du temps jusqu’aux prochaines élections, si elles ont lieu ! Les conséquences de l’assassinat de Chokri Belaïd, puis de Mohamed Brahmi, ainsi que du changement brutal et nassérien en Egypte, ensuite les premiers événements de Djebel Châmbi, ont poussé Rached Ghannouchi à faire un choix douloureux : frapper superficiellement quelques djihadistes (démonstration de force de l’armée à châmbi) et de quelques salafistes (démonstration de force de la police à Sousse et à el-Wardiyya), pour montrer aux Tunisiens que le gouvernement les protège, et aux occidentaux que son mouvement est pris pour cible par Al-Qaïda. Ce choix a déjà été traduit en actes à châmbi, début mai 2013, ce qui a justifié le message fraternellement menaçant du chef d’Al-Qaïda au Maghreb (ci-dessus). Avec la colère de la rue et les pressions occidentales, Rached Ghannouchi n’avait d’autres choix que de sacrifier quelques-uns de ses djihdistes terroristes, quitte à les libérer discrètement par la suite.
C'est la quadrature du cercle. Dans les jours et les semaines qui viennent, les Tunisiens vont payer le prix de ce choix ghannouchien et qui est en réalité une guerre entre Ennahda et Al-Qaïda, sur le leadership de la future imara tunisienne. Comme pour nos "amis" et libérateurs Américains, pour les criminels d’Al-Qaïda, la Tunisie est aussi un laboratoire ! Al-Qaïda va frapper très fort en visant des civils. Une série d’attentats aveugles et sans précédent va s’abattre sur la Tunisie. Les vraies cellules dormantes vont se réveiller. C'est le sens du dernier communiqué d'Abou Iyadh, de son vrai nom Seif-Allah Ben Hassine, la crapule qui est à la tête d'Ansar al-charia, l'ONG "citoyenne" qui dépend idéologiquement et logistiquement d'AQMI.
Pour terminer cet article, on s’arrêtera sur un détail très important dans le message du porte parole d’AQMI. Il s’agit du point 3 : « Notre organisation (Al-Qaïda) a exprimé son soutien et sa solidarité avec les révolutions des jeunes dès la première étincelle en Tunisie. Ce n’est donc pas logique qu’on leur déclare la guerre aujourd’hui sans aucune raison… ». Effectivement, ce n’est pas logique ! Vous avez ici la preuve qu’Al-Qaïda-Maghreb a participé à notre glorieuse révolution du jasmin. Quelques rares hauts responsables du ministère de l’Intérieur en prison ou en liberté surveillée, ont déjà déclaré que dès décembre 2010, des terroristes se sont infiltré des frontières tuniso-algériennes pour s’attaquer aux postes de police et de gendarmerie et pour abattre quelques manifestants. On rappelle aussi le message du 17 janvier 2011, qu'Oussama Ben Laden a adressé au "grand peuple tunisien dont la bravoure de la jeunesse a détruit le Pharaon de Tunisie ".
Si rached Ghannouchi a lâché un jour que « le Qatar est notre associé dans la révolution », le chef d’Al-Qaïda est venu lui rappeler que son organisation criminelle et terroriste est aussi un associé qu’il ne faut pas oublier, d’autant plus qu’Al-Qaïda agissait conformément aux instructions des services parallèles du Qatar. Il est donc « normal » qu’Al-Qaïda réclame de son ex-partenaire et associé, Ennahda, sa part du gâteau tunisien !
Tunisie-Secret.com
Karim Zmerli