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Tunisie : Elections sous haute surveillance.


16 Novembre 2012

Un bref compte- rendu rédigé fin octobre 2011 dans le cadre des élections .


Tunisie : Elections sous haute surveillance.
L'armée : acteur très visible dans le processus électoral. En amont elle protège des lieux clés, ambassades, synagogues ou encore anciens locaux de la RCD. En aval, elle accompagne les urnes à bon port. Dans les rues, à l'intérieur des lieux de vote, l'armée est omniprésente.
Un grand nombre d'observateurs étaient présents, tous ayant pour objectif officiel : mesurer avec impartialité le respect du dogme démocratique. À titre d'exemple, La National Democratic Institute (NDI) a déployé 45 observateurs provenant de 17 pays et posté dans tout le pays pour le jour du scrutin. Les observateurs sont divisés en 2 catégories : observateur de longue durée et des observateurs de courte durée. Cette délégation est sous la co-direction de Alejandro Toledo (ancien président du Pérou), Jorge Fernando Quiroya (ancien président de la Bolivie) et Leslie Campbell, directrice régional de NDI pour les programmes du Moyen Orient et de l' Afrique du Nord.

La NDI oeuvre pour le progrès de la démocratie dans le monde à travers des missions d'observation et l' organisation de stages de formation aux nouvelles technologies au service de la cyber dissidence. Stages ayant eu lieu en Jordanie (décembre 2007), au Maroc (juin 2009) ou encore en Turquie (novembre 2009) et auxquels des bloggeurs égyptiens, marocains, tunisiens, syriens et yéménites étaient conviés.
La création de l'ISIE, "Instance Supérieure Indépendante pour les Elections", affiche une volonté de promouvoir la transparence et de démontrer un certain professionnalisme en organisation électorale. Présidée par monsieur Mohamed Kamel Jendoubi qui lors d'une conférence du 14 novembre à Tunis conclut que "malgré les lacunes, l'ISIE est un acquis qu'il serait profitable de préserver". En interdisant la publicité politique, elle tend à garantir une égalité des chances entre les partis, la neutralité des médias et la limitation de l'argent comme moyen de subversion, objectif quelque peu avorté. L'instance centrale, rue Ibn Jazzar au quartier Lafayette à Tunis ne désemplit pas, journalistes locaux et étrangers, représentants de listes, observateurs de tout bord, s'y rendent pour avoir accès aux accréditations et aux informations.

Mes notes : Le parti Ennadha arrive en première position, le terrain politique était en sa faveur. Ses rivaux, nombreux et moins bien lotis ont vite été dépassés par sa logistique . « La mise en place de meetings, de réunions dans tout le pays n'est pas supportable, nous avons peu d'argent comparé à Ennadha qui loue toutes les plus grandes salles , qui organise des repas » constat émis par de nombreux opposants.
Des citoyens tunisiens me confient que le parti a loué les voitures de location dans tout le pays . D'autres me relatent comment certains militants du parti ont promis de résoudre tous leurs problèmes.
Les Tunisiens que nous avons côtoyés sont mitigés, certains affichent une forte sympathie pour Ennadha.
Différentes raisons sont citées, dont la plus populiste mais non moins populaire : le droit à la polygamie. Un argument cité en premier par les hommes que j'ai pu côtoyer et qui ont voté pour ce parti . Ce qui démontre que cet argument fut utilisé lors des élections (propos démenti par la hiérarchie).
D'autres sont blasés et ne voient en ces élections qu'une mascarade de plus. Quelques-uns se partagent entre les autres partis non moins charismatiques mais écrasés par l'opulence d'un parti dont les finances lui ont permis de monopoliser le paysage politique par une présence sur le terrain écrasante, de leur logistique et de leurs sympathisants. Peut on prétendre qu'Ennadha comptait un plus grand nombre de sympathisants ? Je ne le crois pas, par contre ils étaient plus visibles, ayant investi activement la place publique.
Personne ne fait état de la difficulté de trouver des informations concernant la provenance du financement de ce parti. À cette question posée lors de mon séjour, personne n'a pu me répondre . Ni l' I.S.I.E ni aucun observateur ne soulève cette problématique pourtant un incontournable de l'idéal démocratique. Aucune information explicite n'apparait sur la toile. Les quelques pièces recueillies devant les mosquées n'auraient pu à elle seule financer l'artillerie lourde du parti victorieux.

Tunis , 23 Octobre 2011.
Samira Hendaoui


 
 


           

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