C’est dans la matinée du mardi 30 octobre que nous avons mis en ligne notre article, daté du 25 octobre 2012 « Exclusif : l’échange téléphonique qui a scellé le destin de la Tunisie ». En seulement quatre heures, le nombre de consultations avait atteint les 7000. Aujourd’hui, à l’heure où nous publions cette seconde partie, l’article en question est à 51121 consultations, un record inédit que nous devons à nos lecteurs. Il a été repris par d’autres journaux, sites d’information et pages facebook. Les professionnels et les honnêtes, notamment Mohamed Boughalleb du journal Attounissia et le quotidien Al-Mourasil, ainsi que beaucoup d’autres sites d’informations arabes, européens et américains, ont cité Tunisie-Secret ; d’autres se sont contentés d’un copier/coller sans citer leur source. On ne leur en voudra pas. Nous croyons et soutenons la libre circulation de l’information, même lorsqu’elle se fait aux dépens des droits d’auteur.
Satisfaire les curieux et inquiéter les comploteurs
Cet article a fait l’effet d’une bombe. Nous avons été submergés de messages privés et de commentaires publics. Certains nous ont demandé pourquoi nous n’avons pas mis en ligne la bande sonore du document. Nous leur répondons tout simplement que le tempo, c’est nous qui le fixons. Nous le ferons en temps opportun. Et, pour satisfaire les curieux et inquiéter les comploteurs, des bandes sonores de ce type, nous en avons un paquet ! Maintenant que Ben Ali a confirmé, par un communiqué officiel de son avocat Akram Azoury l’authenticité de ce document, nous allons passer à l’essentiel.
Contacté par un confrère de la presse locale, M.Hédi Baccouche n’a pas démenti ce que nous avons publié. Il a par contre dit que la personne qui l’avait appelé n’est pas Ridha Grira (ministre de la Défense), mais Mohamed Ghannouchi (Premier ministre). C’est faux, nous avons réécouté l’enregistrement et nous avons clairement identifié la voix de Ridha Grira. On peut même affirmer que ce dernier a appelé Hédi Baccouche exactement à minuit trente (14-15 janvier), à partir du ministère de l’Intérieur et non pas celui de la Défense. C’est d’ailleurs beaucoup plus tard (aux alentours de 3h du matin, 15 janvier 2011) que Ben Ali a appelé Mohamed Ghannouchi, qui est allé dans le même sens que Ridha Grira, à savoir : « Monsieur le Président, vous n’avez pas intérêt de revenir en Tunisie pour le moment. Il y va de votre sécurité ».
Hédi Baccouche arrondit les angles et Samir Sériati pousse le bouchon
Monsieur Hédi Baccouche a cru bon d’apporter sa propre version des faits en déclarant aujourd’hui (1er novembre) dans Attounissia que c’est Mohamed Ghannouchi qui l’a appelé à minuit trente. Certes (même si l’heure exacte était minuit 46), mais ce coup de téléphone de Ghannouchi est venu après celui de Ridha Grira. Il a prétendu aussi avoir conseillé à Mohamed Ghannouchi de consulter Iyadh Ben Achour, Abdelfattah Amor et Sadok Belaïd, en vue d’activer l’article 57 de la Constitution, et que la réponse de l’ancien Premier ministre a été « Fais ce que tu veux et consulte qui tu veux ». Mais le plus grave n’est pas là. Hédi Baccouche a en outre déclaré : « J’ai demandé à Mohamed Ghannouchi d’approfondir le dialogue avec Hammadi Jebali…et j’étais l’intermédiaire entre celui-ci et M.Ghannouchi afin que les relations entre eux soient impeccables, dans l’intérêt de la Tunisie ». En d’autres termes, j’ai contribué au holdup des islamistes sur la « révolution » tunisienne !
Quant à M.Samir Sériati, fils du général Ali Sériati, il a déclaré dans le même journal que « la seule institution qui peut permettre ce genre de fuite d’enregistrement téléphonique, c’est le tribunal militaire, car il est le seul qui est en possession de tous les éléments du dossier relatif au complot contre l’Etat…Que par conséquent, le document de Tunisie-Secret contient plusieurs désinformations » dans le but de faire de Ridha Grira un héros. Il a ajouté que « toutes les données confirment que c’est Ali Sériati qui a obligé Ben Ali à quitter le pays ».
Samir Sériati est probablement un bon pilote d’avion, mais c’est un piètre politique. Primo, nous ne cherchons pas du tout à blanchir Ridha Grira. Nous disons tout simplement qu’il a été manipulé par Rachid Ammar, qui était lui-même sous perfusion américaine. Samir Sériati ne semble pas avoir compris les expressions « coup d’Etat endogène » et « coup d’Etat exogène » que nous avons employé dans notre article. Nous allons donc lui expliquer ce que cela signifie : il y a eu deux coups d’Etat parallèles : l’un patriotique (celui du général Ali Sériati), l’autre américano-qatari (celui du général Rachid Ammar). Les Tunisiens qui subissent aujourd’hui les conséquences de la «révolution du jasmin », et l’Histoire en général, apprécieront le rôle de l’un et de l’autre. On peut comprendre la stratégie de communication que Samir Sériati a choisie pour défendre son père. Mais ce n’est pas en accablant Ridha Grira et en blanchissant Rachid Ammar, qu’il obtiendra la libération du général Sériati qui est, en effet, un prisonnier politique. Ali Sériati quittera la prison lorsque le peuple tunisien saura toute la vérité et qu’il reprendra en main le destin de la Tunisie.
Enfin, le mystère du 14 janvier est dévoilé
Dans l’échange entre Ridha Grira et Hédi Baccouche, ce dernier a posé une question d’une importance capitale : « Avez-vous reçu des instructions d’une ambassade bien particulière ? ». Indépendamment de la réponse de Ridha Grira, cette question émanant d’un vieux routier de la politique tunisienne lève un coin sur le mystère du 14 janvier. Hédi Baccouche savait pertinemment qu’une décision aussi lourde de conséquences -dissuader Ben Ali de revenir en Tunisie- ne pouvait pas être prise sans l’implication d’une « ambassade bien particulière ».
Pour nous, et comme nous l’avons écrit dans l’article précédent, cette ambassade est celle des Etats-Unis d’Amérique. La consigne a été lancée à partir de cette ambassade, vers le général Rachid Ammar, qui avait à son tour impliqué Ridha Grira en tant que ministre de la Défense. Celui-ci, redoutant les effets que « sa » décision pouvaient avoir sur l’avenir du pays, a appelé Hédi Baccouche (et d’autres anciens ministres) pour alléger le poids de la responsabilité qui pesait sur ses épaules.
La déstabilisation du monde arabe a commencé en Tunisie
Pour clore cette affaire, et en réponse aux nombreuses questions que les internautes nous ont posés (si la thèse du coup d’Etat est vraie, pourquoi Rachid Ammar n’a-t-il donc pas pris le pouvoir ?), nous pensons que l’armée n’a pas pris le pouvoir après le départ forcé de Ben Ali parce qu’un tel scénario était d’emblée exclu par l’administration américaine. Il fallait perpétuer le mythe de la « révolution du printemps » pour écraser les autres pays configurant le futur Grand-Moyen Orient imaginé par les néoconservateurs américains, sponsorisé par Al-Jazeera et réalisé par le « démocrate » et « musulman » Barack Obama. La Tunisie était le premier maillon faible d’une longue chaine qui ne devait pas s’arrêter à la Syrie. Mais les portes de Damas ont résisté à l’offensive islamo-impérialiste.
Voici le lien où les arabophones vont pouvoir lire en arabe le document que nous avons publié en français :
http://www.attounissia.com.tn/details_article.php?t=42&a=73286&temp=1&lang=
Et voici le lien où vous lirez les justifications de Hédi Baccouche et les démentis de Samir Sériati :
http://www.attounissia.com.tn/details_article.php?t=42&a=73367&temp=1&lang=
Satisfaire les curieux et inquiéter les comploteurs
Cet article a fait l’effet d’une bombe. Nous avons été submergés de messages privés et de commentaires publics. Certains nous ont demandé pourquoi nous n’avons pas mis en ligne la bande sonore du document. Nous leur répondons tout simplement que le tempo, c’est nous qui le fixons. Nous le ferons en temps opportun. Et, pour satisfaire les curieux et inquiéter les comploteurs, des bandes sonores de ce type, nous en avons un paquet ! Maintenant que Ben Ali a confirmé, par un communiqué officiel de son avocat Akram Azoury l’authenticité de ce document, nous allons passer à l’essentiel.
Contacté par un confrère de la presse locale, M.Hédi Baccouche n’a pas démenti ce que nous avons publié. Il a par contre dit que la personne qui l’avait appelé n’est pas Ridha Grira (ministre de la Défense), mais Mohamed Ghannouchi (Premier ministre). C’est faux, nous avons réécouté l’enregistrement et nous avons clairement identifié la voix de Ridha Grira. On peut même affirmer que ce dernier a appelé Hédi Baccouche exactement à minuit trente (14-15 janvier), à partir du ministère de l’Intérieur et non pas celui de la Défense. C’est d’ailleurs beaucoup plus tard (aux alentours de 3h du matin, 15 janvier 2011) que Ben Ali a appelé Mohamed Ghannouchi, qui est allé dans le même sens que Ridha Grira, à savoir : « Monsieur le Président, vous n’avez pas intérêt de revenir en Tunisie pour le moment. Il y va de votre sécurité ».
Hédi Baccouche arrondit les angles et Samir Sériati pousse le bouchon
Monsieur Hédi Baccouche a cru bon d’apporter sa propre version des faits en déclarant aujourd’hui (1er novembre) dans Attounissia que c’est Mohamed Ghannouchi qui l’a appelé à minuit trente. Certes (même si l’heure exacte était minuit 46), mais ce coup de téléphone de Ghannouchi est venu après celui de Ridha Grira. Il a prétendu aussi avoir conseillé à Mohamed Ghannouchi de consulter Iyadh Ben Achour, Abdelfattah Amor et Sadok Belaïd, en vue d’activer l’article 57 de la Constitution, et que la réponse de l’ancien Premier ministre a été « Fais ce que tu veux et consulte qui tu veux ». Mais le plus grave n’est pas là. Hédi Baccouche a en outre déclaré : « J’ai demandé à Mohamed Ghannouchi d’approfondir le dialogue avec Hammadi Jebali…et j’étais l’intermédiaire entre celui-ci et M.Ghannouchi afin que les relations entre eux soient impeccables, dans l’intérêt de la Tunisie ». En d’autres termes, j’ai contribué au holdup des islamistes sur la « révolution » tunisienne !
Quant à M.Samir Sériati, fils du général Ali Sériati, il a déclaré dans le même journal que « la seule institution qui peut permettre ce genre de fuite d’enregistrement téléphonique, c’est le tribunal militaire, car il est le seul qui est en possession de tous les éléments du dossier relatif au complot contre l’Etat…Que par conséquent, le document de Tunisie-Secret contient plusieurs désinformations » dans le but de faire de Ridha Grira un héros. Il a ajouté que « toutes les données confirment que c’est Ali Sériati qui a obligé Ben Ali à quitter le pays ».
Samir Sériati est probablement un bon pilote d’avion, mais c’est un piètre politique. Primo, nous ne cherchons pas du tout à blanchir Ridha Grira. Nous disons tout simplement qu’il a été manipulé par Rachid Ammar, qui était lui-même sous perfusion américaine. Samir Sériati ne semble pas avoir compris les expressions « coup d’Etat endogène » et « coup d’Etat exogène » que nous avons employé dans notre article. Nous allons donc lui expliquer ce que cela signifie : il y a eu deux coups d’Etat parallèles : l’un patriotique (celui du général Ali Sériati), l’autre américano-qatari (celui du général Rachid Ammar). Les Tunisiens qui subissent aujourd’hui les conséquences de la «révolution du jasmin », et l’Histoire en général, apprécieront le rôle de l’un et de l’autre. On peut comprendre la stratégie de communication que Samir Sériati a choisie pour défendre son père. Mais ce n’est pas en accablant Ridha Grira et en blanchissant Rachid Ammar, qu’il obtiendra la libération du général Sériati qui est, en effet, un prisonnier politique. Ali Sériati quittera la prison lorsque le peuple tunisien saura toute la vérité et qu’il reprendra en main le destin de la Tunisie.
Enfin, le mystère du 14 janvier est dévoilé
Dans l’échange entre Ridha Grira et Hédi Baccouche, ce dernier a posé une question d’une importance capitale : « Avez-vous reçu des instructions d’une ambassade bien particulière ? ». Indépendamment de la réponse de Ridha Grira, cette question émanant d’un vieux routier de la politique tunisienne lève un coin sur le mystère du 14 janvier. Hédi Baccouche savait pertinemment qu’une décision aussi lourde de conséquences -dissuader Ben Ali de revenir en Tunisie- ne pouvait pas être prise sans l’implication d’une « ambassade bien particulière ».
Pour nous, et comme nous l’avons écrit dans l’article précédent, cette ambassade est celle des Etats-Unis d’Amérique. La consigne a été lancée à partir de cette ambassade, vers le général Rachid Ammar, qui avait à son tour impliqué Ridha Grira en tant que ministre de la Défense. Celui-ci, redoutant les effets que « sa » décision pouvaient avoir sur l’avenir du pays, a appelé Hédi Baccouche (et d’autres anciens ministres) pour alléger le poids de la responsabilité qui pesait sur ses épaules.
La déstabilisation du monde arabe a commencé en Tunisie
Pour clore cette affaire, et en réponse aux nombreuses questions que les internautes nous ont posés (si la thèse du coup d’Etat est vraie, pourquoi Rachid Ammar n’a-t-il donc pas pris le pouvoir ?), nous pensons que l’armée n’a pas pris le pouvoir après le départ forcé de Ben Ali parce qu’un tel scénario était d’emblée exclu par l’administration américaine. Il fallait perpétuer le mythe de la « révolution du printemps » pour écraser les autres pays configurant le futur Grand-Moyen Orient imaginé par les néoconservateurs américains, sponsorisé par Al-Jazeera et réalisé par le « démocrate » et « musulman » Barack Obama. La Tunisie était le premier maillon faible d’une longue chaine qui ne devait pas s’arrêter à la Syrie. Mais les portes de Damas ont résisté à l’offensive islamo-impérialiste.
Voici le lien où les arabophones vont pouvoir lire en arabe le document que nous avons publié en français :
http://www.attounissia.com.tn/details_article.php?t=42&a=73286&temp=1&lang=
Et voici le lien où vous lirez les justifications de Hédi Baccouche et les démentis de Samir Sériati :
http://www.attounissia.com.tn/details_article.php?t=42&a=73367&temp=1&lang=