Il aura suffi à Enahdha deux ans à peine pour ouvrir les hostilités tout azimut sur les fronts de la vie politique, économique, sociale, sécuritaire, culturelle et religieuse du pays, dans sa tentative forcenée pour mettre un peuple au pas et les rouages de l’Etat à son service, quitte à entrainer dans sa tourmente suicidaire la destruction par le terrorisme de ses « enfants ».
Cent ans de Solitude
Pour certains citoyens dépossédés ou appauvris ou contemplatifs amers à la mémoire fragile, les trois décades du régime bourguibien réapparaissent à travers le prisme de la nostalgie. Mieux encore, celles du régime Ben Ali fût-il décadent et mafieux en poussent d’autres à renchérir sur la nostalgie. Face à un horizon bouché, l’Intifadha du 14 janvier détournée de ses objectifs, le pays paralysé au bord du gouffre, rien d’étonnant à ce que certains regards fatigués se portent vers un passé édulcoré à la recherche d’un souffle illusoire. L’effet de désillusion et de démobilisation politique ainsi provoqué favorise tout à la fois Enahdha et ses nouveaux alliés de l’ancien régime. A pas pesés, ressortent de l’ombre de vieux politiciens véreux pour fructifier ces sentiments de frustration. A l’échelle de l’histoire contemporaine, le peuple aura vécu ou plutôt survécu Cent ans de solitude. Et davantage encore.
Les puissances coloniales en Afrique ont troqué à leur grand avantage un régime devenu anachronique contre un système néocolonial. Les différences de degré ne doivent pas nous masquer la nature réelle des indépendances octroyées post-guerre à une bourgeoisie servile préfabriquée, dite compradore. Celle-ci dépourvue de capacité économique de classe, se cantonne au rang subalterne des services, dans une dépendance permanente de l’ancienne métropole. Elle s’oblige à berner les citoyens par le seul drapeau et l’hymne national. Toutefois, ayant vécu positivement ces évènements, les peuples en gardent une trace mémorielle durable prête à se réactiver dans leur imaginaire à l’horizon des luttes à venir.
Indépendance et Souveraineté Nationale
A l’échelle tricontinentale, pour avoir osé mener de front la lutte à la fois anticoloniale et anti-impérialiste pour la véritable indépendance et la souveraineté nationale, certains ont subi une mort violente. Pour citer quelques-uns : Augusto César Sandino assassiné, Carlos Fonseca Amador mort au combat au Nicaragua. A Cuba, José Antonio Mella suivi par Antonio Guiteras assassinés, Fidel Castro (record Guinness de tentatives d’assassinat) prend le relai. Mort subite suspecte de Gamal Abdennacer, chantre du renouveau du nationalisme arabe. Patrice Lumumba torturé puis abattu assume jusqu’au bout sa mission pour un Congo libre. Abâne Ramdhâne -artisan du fameux Congrès de la Soummam pendant la guerre française contre le peuple algérien- abattu par des traitres, paye de sa vie ces mêmes valeurs. Amilcar Cabral assassiné, combattant exemplaire et brillant théoricien de la lutte de libération. Che Guevara et plus tard Président Salvador Allende, également tombés sous les balles ennemies. Óscar Romero, archevêque de San Salvador (Salvador) meurt assassiné. Dans la même ville, Schafik Handal, ancien guérillero du FFM et SG du PC salvadorien est victime de mort subite fort suspecte. Six mois déjà, un fervent patriote et combattant indépendantiste, Président Hugo Chavez meurt victime d’un cancer induit par les ennemis du peuple vénézuélien. Et que dire pour Yasser Arafat ? Tous ces martyrs illustres et tant d’autres d’un engagement exemplaire ont donné leur vie pour la vie, ont lutté pour la réalisation indissociable de l’indépendance et la souveraineté nationale.
Madiba, Nelson Mandela, emprisonné sur indication de la CIA, a survécu à 27 ans de travaux forcés dont les terribles séquelles sur sa santé menacent sa vie de jour en jour. Oncle Ho, Ho Chi Minh, quant à lui échappera à ses assassins. Victorieux, il aura pavé la voie de la lutte continue de générations de vietnamiens contre les forces d’occupation impériales françaises, japonaises et des USA pour faire triompher la cause de l’indépendance véritable par la lutte de libération nationale. C’est l’Oncle Ho porteur d’espoir qui lançait en toute confiance à ses compatriotes du nord au sud soumis à la barbarie des envahisseurs des USA et leur bombardement indiscriminé dans leur tentative avouée pour faire rétrograder le Vietnam à l’âge de la pierre : « A la victoire, nous reconstruirons un Vietnam plus merveilleux encore. Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté ».
Indépendance sans Souveraineté Nationale
A l’échelle tunisienne, le mouvement anticolonial avait procédé par petits pas: revendication d’une constitution (destour), lutte armée d’appoint pour faire pression dans les négociations en vue d’une autonomie interne, forme de passation en douce du pouvoir, puis indépendance formelle consentie par la métropole sous la pression de circonstances incontournables : d’une part, l’impérialisme français venait d’essuyer une défaite cuisante à Dien Bien Phu ; d’autre part l’éveil de la lutte armée du peuple algérien menaçait de compléter la débâcle d’un empire décadent. A nationalisme tiède, indépendance octroyée à tour de bras aux colonies africaines afin de les assujettir autrement tout en concentrant les efforts de guerre sur le joyau algérien.
De fait, le peuple algérien aura payé le prix fort de ces indépendances de pacotille, sur les traces –au début tout au moins- du peuple vietnamien qui a réussi brillamment sa lutte anticoloniale doublée d’une lutte de libération nationale, intégrant nationalisme et patriotisme. Les combattants du maquis algérien avaient cet exemple pour horizon. Abâne Ramdhâne en était le fervent défenseur. Il fut victime d’un assassinat politique aux mains de criminels.
En Tunisie donc, le refus de toute compromission avec l’ennemi fut le fait de Farhat Hached, victime du premier assassinat politique sur le sol tunisien par la « main rouge » française. Par la suite, Salah Ben Youssef, appuyé sur le nationalisme nassérien anti-impérialiste, défendait la lutte armée radicale de l’ensemble des pays africains du nord. Il fut assassiné à Frankfurt. Le mandataire du crime fut Bourguiba qui s’en était glorifié publiquement. Il y a sept mois, Choukri Belaid, patriote plein de vie et qui aimait la vie, fut assassiné pour défendre l’idéal des insurgés depuis Gafsa à Tunis. 40 jours sont passés depuis l’assassinat politique de Mohamed Brahmi, militant de la même cause. En clair, Hourria wa Karama Watania, liberté et dignité nationale, résument le principe élémentaire de l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes, ou encore l’exigence corrélative de l’indépendance et la souveraineté nationale. Il semblerait que ce droit universel nous soit défendu sous peine de mort violente. Les mandataires des crimes politiques sont les ennemis d’une Patrie souveraine. Ils nient sans fard l’Etat tunisien, ses frontières, sa culture et son histoire plusieurs fois millénaire. Aujourd’hui au Bardo, à travers tout le pays en crise et ailleurs encore, il s’agit de poursuivre la défense de ces valeurs patriotiques pour lesquelles plus d’une fois le prix du sang a été payé par les générations successives dans les trois continents du sud. Et la lutte continue.
Peuple Insoumis
Enfin de compte, entre le XIXème et le XXI siècle, notre peuple aura vécu plus de Cent ans de solitude soumis pour moitié à un régime au nationalisme flétri, fané et frelaté, repris ensuite en héritage durant deux décades par un club mafieux pour finir entre les griffes de faux-dévots sans foi ni loi : cette longue séquence découle invariablement du système néocolonial. Le choix n’est pas de se résigner à la servitude ou mourir en héros et martyr. Il est impératif de vaincre. Les oppresseurs successifs n’ont eu de cesse de dénaturer l’identité de ce peuple, de le diviser, le dénigrer, l’humilier, le plonger dans l’indignité et la honte. En vain !
Mal leur en a pris, Marx le disait bien, la honte est un sentiment révolutionnaire. Avoir vécu sous l’opprobre l’échine courbée est certainement dégradant. Les pères fouettés engendrent des enfants rebelles. De nouvelles générations de résistants à la ville comme à la campagne ont fini par faire aboutir l’insurrection au 14 janvier avec un tel sentiment de fierté et d’appartenance à ce peuple millénaire. Dépossédés de leur victoire et même persécutés, ces enfants rebelles reprennent le chemin de la lutte au Bardo et à travers le territoire national.
Lorsque les lendemains du 14 janvier ont déchanté, la frustration a été forte. L’effondrement de l’économie, la crise sociale, la confiscation des libertés, aggravés par la violence fasciste et le choc émotionnel suite aux assassinats politiques et les tueries au Mont Châambi, ont fini par pousser à bout le peuple souverain qui a repris l’initiative sur le terrain toutes générations et couches sociales confondues. Ce faisant, les patriotes de tous les horizons réactivent l’imaginaire populaire de l’Intifadha. Aussi, la résistance actuelle est appelée à concrétiser les objectifs irrévocables -ni de droite ni de gauche- des besoins essentiels : Shoghl, Hourria, Karama Watania. Autant dire, le Salut par le Peuple souverain uni face à la Patrie en danger, pour réaliser les objectifs de la lutte de libération : Indépendance et Souveraineté.TunisieSecret
Par Rashid Sherif. A suivre, prochain article : Salut par le Peuple (II) : Les Chemins de la Libération.
Cent ans de Solitude
Pour certains citoyens dépossédés ou appauvris ou contemplatifs amers à la mémoire fragile, les trois décades du régime bourguibien réapparaissent à travers le prisme de la nostalgie. Mieux encore, celles du régime Ben Ali fût-il décadent et mafieux en poussent d’autres à renchérir sur la nostalgie. Face à un horizon bouché, l’Intifadha du 14 janvier détournée de ses objectifs, le pays paralysé au bord du gouffre, rien d’étonnant à ce que certains regards fatigués se portent vers un passé édulcoré à la recherche d’un souffle illusoire. L’effet de désillusion et de démobilisation politique ainsi provoqué favorise tout à la fois Enahdha et ses nouveaux alliés de l’ancien régime. A pas pesés, ressortent de l’ombre de vieux politiciens véreux pour fructifier ces sentiments de frustration. A l’échelle de l’histoire contemporaine, le peuple aura vécu ou plutôt survécu Cent ans de solitude. Et davantage encore.
Les puissances coloniales en Afrique ont troqué à leur grand avantage un régime devenu anachronique contre un système néocolonial. Les différences de degré ne doivent pas nous masquer la nature réelle des indépendances octroyées post-guerre à une bourgeoisie servile préfabriquée, dite compradore. Celle-ci dépourvue de capacité économique de classe, se cantonne au rang subalterne des services, dans une dépendance permanente de l’ancienne métropole. Elle s’oblige à berner les citoyens par le seul drapeau et l’hymne national. Toutefois, ayant vécu positivement ces évènements, les peuples en gardent une trace mémorielle durable prête à se réactiver dans leur imaginaire à l’horizon des luttes à venir.
Indépendance et Souveraineté Nationale
A l’échelle tricontinentale, pour avoir osé mener de front la lutte à la fois anticoloniale et anti-impérialiste pour la véritable indépendance et la souveraineté nationale, certains ont subi une mort violente. Pour citer quelques-uns : Augusto César Sandino assassiné, Carlos Fonseca Amador mort au combat au Nicaragua. A Cuba, José Antonio Mella suivi par Antonio Guiteras assassinés, Fidel Castro (record Guinness de tentatives d’assassinat) prend le relai. Mort subite suspecte de Gamal Abdennacer, chantre du renouveau du nationalisme arabe. Patrice Lumumba torturé puis abattu assume jusqu’au bout sa mission pour un Congo libre. Abâne Ramdhâne -artisan du fameux Congrès de la Soummam pendant la guerre française contre le peuple algérien- abattu par des traitres, paye de sa vie ces mêmes valeurs. Amilcar Cabral assassiné, combattant exemplaire et brillant théoricien de la lutte de libération. Che Guevara et plus tard Président Salvador Allende, également tombés sous les balles ennemies. Óscar Romero, archevêque de San Salvador (Salvador) meurt assassiné. Dans la même ville, Schafik Handal, ancien guérillero du FFM et SG du PC salvadorien est victime de mort subite fort suspecte. Six mois déjà, un fervent patriote et combattant indépendantiste, Président Hugo Chavez meurt victime d’un cancer induit par les ennemis du peuple vénézuélien. Et que dire pour Yasser Arafat ? Tous ces martyrs illustres et tant d’autres d’un engagement exemplaire ont donné leur vie pour la vie, ont lutté pour la réalisation indissociable de l’indépendance et la souveraineté nationale.
Madiba, Nelson Mandela, emprisonné sur indication de la CIA, a survécu à 27 ans de travaux forcés dont les terribles séquelles sur sa santé menacent sa vie de jour en jour. Oncle Ho, Ho Chi Minh, quant à lui échappera à ses assassins. Victorieux, il aura pavé la voie de la lutte continue de générations de vietnamiens contre les forces d’occupation impériales françaises, japonaises et des USA pour faire triompher la cause de l’indépendance véritable par la lutte de libération nationale. C’est l’Oncle Ho porteur d’espoir qui lançait en toute confiance à ses compatriotes du nord au sud soumis à la barbarie des envahisseurs des USA et leur bombardement indiscriminé dans leur tentative avouée pour faire rétrograder le Vietnam à l’âge de la pierre : « A la victoire, nous reconstruirons un Vietnam plus merveilleux encore. Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté ».
Indépendance sans Souveraineté Nationale
A l’échelle tunisienne, le mouvement anticolonial avait procédé par petits pas: revendication d’une constitution (destour), lutte armée d’appoint pour faire pression dans les négociations en vue d’une autonomie interne, forme de passation en douce du pouvoir, puis indépendance formelle consentie par la métropole sous la pression de circonstances incontournables : d’une part, l’impérialisme français venait d’essuyer une défaite cuisante à Dien Bien Phu ; d’autre part l’éveil de la lutte armée du peuple algérien menaçait de compléter la débâcle d’un empire décadent. A nationalisme tiède, indépendance octroyée à tour de bras aux colonies africaines afin de les assujettir autrement tout en concentrant les efforts de guerre sur le joyau algérien.
De fait, le peuple algérien aura payé le prix fort de ces indépendances de pacotille, sur les traces –au début tout au moins- du peuple vietnamien qui a réussi brillamment sa lutte anticoloniale doublée d’une lutte de libération nationale, intégrant nationalisme et patriotisme. Les combattants du maquis algérien avaient cet exemple pour horizon. Abâne Ramdhâne en était le fervent défenseur. Il fut victime d’un assassinat politique aux mains de criminels.
En Tunisie donc, le refus de toute compromission avec l’ennemi fut le fait de Farhat Hached, victime du premier assassinat politique sur le sol tunisien par la « main rouge » française. Par la suite, Salah Ben Youssef, appuyé sur le nationalisme nassérien anti-impérialiste, défendait la lutte armée radicale de l’ensemble des pays africains du nord. Il fut assassiné à Frankfurt. Le mandataire du crime fut Bourguiba qui s’en était glorifié publiquement. Il y a sept mois, Choukri Belaid, patriote plein de vie et qui aimait la vie, fut assassiné pour défendre l’idéal des insurgés depuis Gafsa à Tunis. 40 jours sont passés depuis l’assassinat politique de Mohamed Brahmi, militant de la même cause. En clair, Hourria wa Karama Watania, liberté et dignité nationale, résument le principe élémentaire de l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes, ou encore l’exigence corrélative de l’indépendance et la souveraineté nationale. Il semblerait que ce droit universel nous soit défendu sous peine de mort violente. Les mandataires des crimes politiques sont les ennemis d’une Patrie souveraine. Ils nient sans fard l’Etat tunisien, ses frontières, sa culture et son histoire plusieurs fois millénaire. Aujourd’hui au Bardo, à travers tout le pays en crise et ailleurs encore, il s’agit de poursuivre la défense de ces valeurs patriotiques pour lesquelles plus d’une fois le prix du sang a été payé par les générations successives dans les trois continents du sud. Et la lutte continue.
Peuple Insoumis
Enfin de compte, entre le XIXème et le XXI siècle, notre peuple aura vécu plus de Cent ans de solitude soumis pour moitié à un régime au nationalisme flétri, fané et frelaté, repris ensuite en héritage durant deux décades par un club mafieux pour finir entre les griffes de faux-dévots sans foi ni loi : cette longue séquence découle invariablement du système néocolonial. Le choix n’est pas de se résigner à la servitude ou mourir en héros et martyr. Il est impératif de vaincre. Les oppresseurs successifs n’ont eu de cesse de dénaturer l’identité de ce peuple, de le diviser, le dénigrer, l’humilier, le plonger dans l’indignité et la honte. En vain !
Mal leur en a pris, Marx le disait bien, la honte est un sentiment révolutionnaire. Avoir vécu sous l’opprobre l’échine courbée est certainement dégradant. Les pères fouettés engendrent des enfants rebelles. De nouvelles générations de résistants à la ville comme à la campagne ont fini par faire aboutir l’insurrection au 14 janvier avec un tel sentiment de fierté et d’appartenance à ce peuple millénaire. Dépossédés de leur victoire et même persécutés, ces enfants rebelles reprennent le chemin de la lutte au Bardo et à travers le territoire national.
Lorsque les lendemains du 14 janvier ont déchanté, la frustration a été forte. L’effondrement de l’économie, la crise sociale, la confiscation des libertés, aggravés par la violence fasciste et le choc émotionnel suite aux assassinats politiques et les tueries au Mont Châambi, ont fini par pousser à bout le peuple souverain qui a repris l’initiative sur le terrain toutes générations et couches sociales confondues. Ce faisant, les patriotes de tous les horizons réactivent l’imaginaire populaire de l’Intifadha. Aussi, la résistance actuelle est appelée à concrétiser les objectifs irrévocables -ni de droite ni de gauche- des besoins essentiels : Shoghl, Hourria, Karama Watania. Autant dire, le Salut par le Peuple souverain uni face à la Patrie en danger, pour réaliser les objectifs de la lutte de libération : Indépendance et Souveraineté.TunisieSecret
Par Rashid Sherif. A suivre, prochain article : Salut par le Peuple (II) : Les Chemins de la Libération.