Rasched Ghannouchi et Hamadi Jebali, le 18 décembre 2014, à l'ambassade du Qatar en Tunisie, lors de la fête nationale de cet émirat islamo-mafieux.
Déçu des orientations prises par Ennahdha, le dirigeant islamiste tunisien claque la porte du parti. Et prépare la suite... en essayant de doubler Marzouki sur sa droite. Hamadi Jebali a donc mis fin au (faux) suspense qui durait depuis des mois, en annonçant le 11 décembre dernier sa démission d'Ennahdha. Il avait caressé l'ambition de présenter sa candidature à l'élection présidentielle, mais avait été éconduit par les instances du mouvement.
En novembre 2014, il avait appelé à barrer la route au leader de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, à la présidentielle, alors qu'Ennahdha avait officiellement opté pour la neutralité. Du moins apparente !
S'il rompt aujourd'hui les amarres, c'est "pour servir les objectifs de la révolution", prévenir "un retour de la tyrannie" et se consacrer à la défense des libertés, qu'il estime menacées en cas de victoire de Nidaa Tounes. Une phraséologie qui reprend, presque mot pour mot, le discours des partisans du président-candidat Moncef Marzouki. Une convergence en apparence surprenante, dans la mesure où les deux hommes ont entretenu des relations exécrables lorsque Jebali dirigeait le gouvernement.
En réalité, c'est un rapprochement de circonstance. L'ancien dirigeant d'Ennahdha prend acte de la radicalisation de la base du parti et se positionne pour l'après-présidentielle. Il veut empêcher Marzouki de s'imposer en chef de l'opposition et de récupérer les électeurs du mouvement islamiste, en le doublant sur sa droite. C'est un pari risqué pour l'ancien chef du gouvernement, et un virage à 180° pour celui qui avait réussi, depuis février 2013, à lisser son image. C'est aussi un pari risqué pour Ennahdha, car le départ de Jebali met fin au mythe de l'homogénéité, de la discipline et de la solidarité des Frères musulmans tunisiens.
Critiquant l'absence de soutien clair d'Ennahdha à un candidat, Hamadi Jebali estime que "la neutralité n'est pas dans l'intérêt du pays" et affirme : "Je ne suis pas d'accord pour qu'Ennahdha soit au pouvoir avec une position de faiblesse". "La situation politique du pays appelle Ennahdha à se positionner autrement que ce qu'elle fait actuellement", disait-il, déplorant l'intention d'Ennahdha d'entrer dans le prochain gouvernement. Dans ce sens, il prévoit que si Ennahdha accepte d'être au gouvernement, il sera "sous l'influence du premier parti (Nida Tounes)". "Ennahdha doit être soit au pouvoir dans une position légitime, soit dans l'opposition".
Contrairement à son parti qui a décidé de ne pas donner de consignes de vote, Hamadi Jebali avait clairement appelé, le 17 novembre, à ne pas voter pour Béji Caïd Essebsi. Se déclarant favorable à un pouvoir participatif, il se positionne néanmoins contre la conjoncture politique actuelle. Il considère qu'il ne faut pas que le parti gagnant aux législatives "prenne tout", en disant à Ennahdha: "On verra ce qu'on vous donnera". Il traduit cela par : "Le pouvoir entre les mains d'un seul parti: un danger pour la démocratie".
Selon Hamadi Jebali, Ennahdha ne doit pas avoir peur d'être dans l'opposition, d'autant plus qu'il existe pour lui un danger de voir un seul parti accaparer tous les pouvoirs, en l'occurrence Nida Tounes. En réalité, le souci majeur d'Ennahdha est de barrer la route à Marzouki et l'empêcher de prendre la tête de la future opposition.
Pour lui, Ennahdha a commis une faute stratégique lorsqu'il avait salué la prise de pouvoir de Ben Ali en 1987. Il n'est plus question de la reproduire: "Nous avons donné un chèque en blanc à Ben Ali. Nous lui avons dit: 'Merci, vous nous avez enlevé Bourguiba'. Nous nous sommes trompés". "Je ne dis pas que Béji Caïd Essebsi est Ben Ali. Mais on ne doit plus se tromper une nouvelle fois dans notre positionnement. Cela a été une leçon: Il ne faut pas mettre nos mains dans les mains d’un putschiste", a-t-il affirmé.
Hamadi Jebali, a déclaré, mardi 16 décembre 2014, au micro de Wassim Ben Larbi dans le cadre de son émission Expresso que l’échec du mouvement Ennahdha aux législatives, son absence à la présidentielle et son non-positionnement dans la scène politique ne servent pas l’intérêt général du pays (il faut lire l'intérêt d'Ennahdha).
"J'appelle à voter pour un candidat appartenant à un parti autre que le parti majoritaire à l'Assemblée des représentants du peuple", a-t-il écrit dans un communiqué publié sur son compte Facebook.
Pour le leader islamiste qui a pris ses distances avec Ennahdha depuis sa démission de la présidence du gouvernement en mars 2013, il faut élire un président qui a milité contre la tyrannie et la corruption. Celui-ci doit être "un démocrate dans la théorie et la pratique, rassemblant tous les enfants de son peuple".
Sur sa page facebook, Hamadi jebali se démarque de la position officielle de son parti et prend position en faveur de Moncef Marzouki pour lequel il appelle à voter en vertu du principe du refus du retour à l'hégémonie du parti unique et aussi pour son passé militant contre la dictature et l'abus, démocrate dans ses idées et ses pratiques et qui représente toutes les franges populaires. Un homme de principe, fort et capable de faire face aux exigences du pouvoir.
Sur Essabah il a confirmé sa démission d'Ennahdha et affirmé ne pas chercher des alliances en désaccord avec ses principes et n'écarte pas l'éventualité de créer un nouveau parti. Sa priorité s'oriente vers la lutte contre l'amoindrissement des libertés. Il regrette qu'ennahdha n'ait pas présenté de candidat. Il souhaite rouvrir le dossier Baghdadi Mahmoudi ainsi que celui des tirs de chevrotine à Siliana en novembre 2012. Il affirme être prêt à assumer ses responsabilités. Il affirme aussi être en possession d'informations qui pourraient nuire à l'actuel président de la république qui affirme de son côté avoir été outrepassé dans ses prérogatives. Hamadi Jebali avoue dans cet entretien son désaccord tactique, stratégique, politique, décisionnel et même de principe avec la direction d'Ennahdha. La question c'est pourquoi ce choix de timing ?
Celui qui prend connaissance de toutes ces déclarations et arrive à agencer les éléments dans le bon endroit, se rend compte inévitablement qu'il s'agit d'une partition jouée en duo entre Rasched Ghannouchi et Hamadi Jebali qui se partagent deux rôles aussi déterminants pour l'avenir d'Ennahdha qui sait pertinemment que la conjoncture internationale a sonné définitivement le glas pour l'islam politique.
Il leur reste à transformer leur parti en un parti « national » et populaire avec les mêmes références et ancrages socio-économiques.
Le rôle de Hamadi Jebali est de doubler Moncef Marzouki et l'empêcher de prendre le leadership des mécontents issus de leur propre parti et des différentes franges sociales non nahdhaouis mais pour lesquelles le clivage social est déterminant car cela leur a permis dans l'espace de ces trois dernières années de se frayer un chemin vers les affaires (la gestion des marchés parallèles, la contrebande et autres affaires illicites).
Le rôle de Ghannouchi est plutôt politique. Il doit trouver le moyen de plier BCE et Nida Tounès à l'idée de faire participer Ennahdha au gouvernement et donc la rendre complice au pouvoir. Cela, pour assurer, en plus de l'immunité parlementaire, une impunité à ses membres déjà parlementaires et qui s'étaient fourvoyés dans la corruption et les malversations dans certains secteurs comme la justice, les banques et le transport, l'octroi d'émoluments personnels, etc. (Hamadi Jebali, Ali Larayedh, les deux Ben Salem, Harouni, Ferjani, Bhiri,...) ; outre les affaires plus graves de Siliana, le lynchage de Lotfi Naguedh, les meurtres de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi,
Au bout du compte, une fois toutes ces affaires résolues rien ne pourra plus empêcher les retrouvailles de tous les acolytes et reprendre la main sur le pays comme au bon vieux temps d'il y-a trois ans. Mais avec, cerise sur le gâteau, BCE qui sera avec son parti Nida Tounès essoufflés et lessivés par le pouvoir et Ghannouchi, parkinsonien, relégué au poste de guide suprême d'une confrérie qui n'existera probablement plus ou du moins dans sa substance que nous avions connu. La place sera alors vacante au profit des jeunes loups nahdhaouis qui ont longtemps affuté leurs lames dans les postes de "capi" mafieux prêt à blanchir la cause et l'édulcorer par une mise à jour digne de celle qu'a connu la cosa nostra dans les années 90.
S.B, cadre de Nidaa Tounes
En novembre 2014, il avait appelé à barrer la route au leader de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, à la présidentielle, alors qu'Ennahdha avait officiellement opté pour la neutralité. Du moins apparente !
S'il rompt aujourd'hui les amarres, c'est "pour servir les objectifs de la révolution", prévenir "un retour de la tyrannie" et se consacrer à la défense des libertés, qu'il estime menacées en cas de victoire de Nidaa Tounes. Une phraséologie qui reprend, presque mot pour mot, le discours des partisans du président-candidat Moncef Marzouki. Une convergence en apparence surprenante, dans la mesure où les deux hommes ont entretenu des relations exécrables lorsque Jebali dirigeait le gouvernement.
En réalité, c'est un rapprochement de circonstance. L'ancien dirigeant d'Ennahdha prend acte de la radicalisation de la base du parti et se positionne pour l'après-présidentielle. Il veut empêcher Marzouki de s'imposer en chef de l'opposition et de récupérer les électeurs du mouvement islamiste, en le doublant sur sa droite. C'est un pari risqué pour l'ancien chef du gouvernement, et un virage à 180° pour celui qui avait réussi, depuis février 2013, à lisser son image. C'est aussi un pari risqué pour Ennahdha, car le départ de Jebali met fin au mythe de l'homogénéité, de la discipline et de la solidarité des Frères musulmans tunisiens.
Critiquant l'absence de soutien clair d'Ennahdha à un candidat, Hamadi Jebali estime que "la neutralité n'est pas dans l'intérêt du pays" et affirme : "Je ne suis pas d'accord pour qu'Ennahdha soit au pouvoir avec une position de faiblesse". "La situation politique du pays appelle Ennahdha à se positionner autrement que ce qu'elle fait actuellement", disait-il, déplorant l'intention d'Ennahdha d'entrer dans le prochain gouvernement. Dans ce sens, il prévoit que si Ennahdha accepte d'être au gouvernement, il sera "sous l'influence du premier parti (Nida Tounes)". "Ennahdha doit être soit au pouvoir dans une position légitime, soit dans l'opposition".
Contrairement à son parti qui a décidé de ne pas donner de consignes de vote, Hamadi Jebali avait clairement appelé, le 17 novembre, à ne pas voter pour Béji Caïd Essebsi. Se déclarant favorable à un pouvoir participatif, il se positionne néanmoins contre la conjoncture politique actuelle. Il considère qu'il ne faut pas que le parti gagnant aux législatives "prenne tout", en disant à Ennahdha: "On verra ce qu'on vous donnera". Il traduit cela par : "Le pouvoir entre les mains d'un seul parti: un danger pour la démocratie".
Selon Hamadi Jebali, Ennahdha ne doit pas avoir peur d'être dans l'opposition, d'autant plus qu'il existe pour lui un danger de voir un seul parti accaparer tous les pouvoirs, en l'occurrence Nida Tounes. En réalité, le souci majeur d'Ennahdha est de barrer la route à Marzouki et l'empêcher de prendre la tête de la future opposition.
Pour lui, Ennahdha a commis une faute stratégique lorsqu'il avait salué la prise de pouvoir de Ben Ali en 1987. Il n'est plus question de la reproduire: "Nous avons donné un chèque en blanc à Ben Ali. Nous lui avons dit: 'Merci, vous nous avez enlevé Bourguiba'. Nous nous sommes trompés". "Je ne dis pas que Béji Caïd Essebsi est Ben Ali. Mais on ne doit plus se tromper une nouvelle fois dans notre positionnement. Cela a été une leçon: Il ne faut pas mettre nos mains dans les mains d’un putschiste", a-t-il affirmé.
Hamadi Jebali, a déclaré, mardi 16 décembre 2014, au micro de Wassim Ben Larbi dans le cadre de son émission Expresso que l’échec du mouvement Ennahdha aux législatives, son absence à la présidentielle et son non-positionnement dans la scène politique ne servent pas l’intérêt général du pays (il faut lire l'intérêt d'Ennahdha).
"J'appelle à voter pour un candidat appartenant à un parti autre que le parti majoritaire à l'Assemblée des représentants du peuple", a-t-il écrit dans un communiqué publié sur son compte Facebook.
Pour le leader islamiste qui a pris ses distances avec Ennahdha depuis sa démission de la présidence du gouvernement en mars 2013, il faut élire un président qui a milité contre la tyrannie et la corruption. Celui-ci doit être "un démocrate dans la théorie et la pratique, rassemblant tous les enfants de son peuple".
Sur sa page facebook, Hamadi jebali se démarque de la position officielle de son parti et prend position en faveur de Moncef Marzouki pour lequel il appelle à voter en vertu du principe du refus du retour à l'hégémonie du parti unique et aussi pour son passé militant contre la dictature et l'abus, démocrate dans ses idées et ses pratiques et qui représente toutes les franges populaires. Un homme de principe, fort et capable de faire face aux exigences du pouvoir.
Sur Essabah il a confirmé sa démission d'Ennahdha et affirmé ne pas chercher des alliances en désaccord avec ses principes et n'écarte pas l'éventualité de créer un nouveau parti. Sa priorité s'oriente vers la lutte contre l'amoindrissement des libertés. Il regrette qu'ennahdha n'ait pas présenté de candidat. Il souhaite rouvrir le dossier Baghdadi Mahmoudi ainsi que celui des tirs de chevrotine à Siliana en novembre 2012. Il affirme être prêt à assumer ses responsabilités. Il affirme aussi être en possession d'informations qui pourraient nuire à l'actuel président de la république qui affirme de son côté avoir été outrepassé dans ses prérogatives. Hamadi Jebali avoue dans cet entretien son désaccord tactique, stratégique, politique, décisionnel et même de principe avec la direction d'Ennahdha. La question c'est pourquoi ce choix de timing ?
Celui qui prend connaissance de toutes ces déclarations et arrive à agencer les éléments dans le bon endroit, se rend compte inévitablement qu'il s'agit d'une partition jouée en duo entre Rasched Ghannouchi et Hamadi Jebali qui se partagent deux rôles aussi déterminants pour l'avenir d'Ennahdha qui sait pertinemment que la conjoncture internationale a sonné définitivement le glas pour l'islam politique.
Il leur reste à transformer leur parti en un parti « national » et populaire avec les mêmes références et ancrages socio-économiques.
Le rôle de Hamadi Jebali est de doubler Moncef Marzouki et l'empêcher de prendre le leadership des mécontents issus de leur propre parti et des différentes franges sociales non nahdhaouis mais pour lesquelles le clivage social est déterminant car cela leur a permis dans l'espace de ces trois dernières années de se frayer un chemin vers les affaires (la gestion des marchés parallèles, la contrebande et autres affaires illicites).
Le rôle de Ghannouchi est plutôt politique. Il doit trouver le moyen de plier BCE et Nida Tounès à l'idée de faire participer Ennahdha au gouvernement et donc la rendre complice au pouvoir. Cela, pour assurer, en plus de l'immunité parlementaire, une impunité à ses membres déjà parlementaires et qui s'étaient fourvoyés dans la corruption et les malversations dans certains secteurs comme la justice, les banques et le transport, l'octroi d'émoluments personnels, etc. (Hamadi Jebali, Ali Larayedh, les deux Ben Salem, Harouni, Ferjani, Bhiri,...) ; outre les affaires plus graves de Siliana, le lynchage de Lotfi Naguedh, les meurtres de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi,
Au bout du compte, une fois toutes ces affaires résolues rien ne pourra plus empêcher les retrouvailles de tous les acolytes et reprendre la main sur le pays comme au bon vieux temps d'il y-a trois ans. Mais avec, cerise sur le gâteau, BCE qui sera avec son parti Nida Tounès essoufflés et lessivés par le pouvoir et Ghannouchi, parkinsonien, relégué au poste de guide suprême d'une confrérie qui n'existera probablement plus ou du moins dans sa substance que nous avions connu. La place sera alors vacante au profit des jeunes loups nahdhaouis qui ont longtemps affuté leurs lames dans les postes de "capi" mafieux prêt à blanchir la cause et l'édulcorer par une mise à jour digne de celle qu'a connu la cosa nostra dans les années 90.
S.B, cadre de Nidaa Tounes