L’Egypte ne répond plus, à Washington, la féroce répression du régime militaire contre les Frères musulmans se double d'une prise de conscience aux airs de traumatisme. L'allié égyptien, qui a conclu voilà trente-cinq ans une paix historique (et durable) avec Israël, placé sous perfusion d’une généreuse aide militaire et loué pour sa remarquable stabilité jusqu'à la chute de Hosni Moubarak en 2011, est en train de tourner le dos à son fidèle protecteur américain.
Et, selon toute vraisemblance, ce n'est que le début du chemin de croix pour l'Administration Obama: après avoir éconduit les émissaires de Washington et cessé de répondre aux appels quotidiens du secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, c'est Barack Obama lui-même que le général Abdel Fattah al-Sissi aurait refusé de prendre au téléphone. Humiliée, l'Administration américaine marche sur des œufs: elle se refuse pour le moment à couper le cordon de l'aide militaire (1,3 milliard de dollars annuels), annulant seulement les manœuvres militaires «Bright Star» prévues en septembre et condamne mollement la répression en cours.
Camouflet diplomatique
C'est pourquoi elle a, en désespoir de cause, rejoint l'initiative conjointe de la France, de l'Australie et de la Grande-Bretagne, qui appelaient jeudi à une réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. À l'arrivée, une déclaration adoptée par consensus, appelant à «une retenue maximale» et «la fin des violences», mais qui, bien sûr, à part marquer l'inquiétude des grandes puissances, ne règle rien.
Il est cependant permis d'y déceler en filigrane un camouflet diplomatique pour les États-Unis, réduits à jouer les utilités et qui commencent à appréhender l'ampleur de leur débâcle stratégique au Proche-Orient. «La politique étrangère des États-Unis sous Obama est devenue minimaliste et réactive, relève Camille Pecastaing, professeur à la John Hopkins University. Elle se résume à l'emploi de drones tueurs dans la lutte antiterroriste. Et puis, comment condamner 1000 tués en Égypte, quand on en tolère 100.000 en Syrie?»
En coulisses, le premier cercle de la Maison-Blanche souffle que la patience du président américain est à bout. «Nous ne pourrons pas maintenir notre relation avec l'Égypte si ces actions se poursuivent, et ils le savent», confie un proche conseiller à Major Garrett, de CBS.
Sans vraie politique moyen-orientale depuis 2009, Washington comptait pourtant sur l'Égypte, pôle historique de stabilité régionale depuis les accords de paix avec l'État hébreu en 1979, pour relancer les négociations israélo-palestiniennes. Le 30 juillet dernier, celles-ci avaient timidement repris à Washington sous l'égide du secrétaire d'État, John Kerry. «La descente aux enfers de l'Égypte complique singulièrement l'équation, prédit James Gelvin, spécialiste du monde arabe à l'UCLA. Elle place Israël seul face au Hamas en position de force à Gaza, alors qu'il pouvait jusqu'ici compter sur la collaboration de l'appareil de sécurité égyptien.» Celui-ci, ces jours-ci, a les mains occupées ailleurs.Tunisie-Secret.com
Maurin Picard, Le Figaro du 16 août 2013.
Et, selon toute vraisemblance, ce n'est que le début du chemin de croix pour l'Administration Obama: après avoir éconduit les émissaires de Washington et cessé de répondre aux appels quotidiens du secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, c'est Barack Obama lui-même que le général Abdel Fattah al-Sissi aurait refusé de prendre au téléphone. Humiliée, l'Administration américaine marche sur des œufs: elle se refuse pour le moment à couper le cordon de l'aide militaire (1,3 milliard de dollars annuels), annulant seulement les manœuvres militaires «Bright Star» prévues en septembre et condamne mollement la répression en cours.
Camouflet diplomatique
C'est pourquoi elle a, en désespoir de cause, rejoint l'initiative conjointe de la France, de l'Australie et de la Grande-Bretagne, qui appelaient jeudi à une réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. À l'arrivée, une déclaration adoptée par consensus, appelant à «une retenue maximale» et «la fin des violences», mais qui, bien sûr, à part marquer l'inquiétude des grandes puissances, ne règle rien.
Il est cependant permis d'y déceler en filigrane un camouflet diplomatique pour les États-Unis, réduits à jouer les utilités et qui commencent à appréhender l'ampleur de leur débâcle stratégique au Proche-Orient. «La politique étrangère des États-Unis sous Obama est devenue minimaliste et réactive, relève Camille Pecastaing, professeur à la John Hopkins University. Elle se résume à l'emploi de drones tueurs dans la lutte antiterroriste. Et puis, comment condamner 1000 tués en Égypte, quand on en tolère 100.000 en Syrie?»
En coulisses, le premier cercle de la Maison-Blanche souffle que la patience du président américain est à bout. «Nous ne pourrons pas maintenir notre relation avec l'Égypte si ces actions se poursuivent, et ils le savent», confie un proche conseiller à Major Garrett, de CBS.
Sans vraie politique moyen-orientale depuis 2009, Washington comptait pourtant sur l'Égypte, pôle historique de stabilité régionale depuis les accords de paix avec l'État hébreu en 1979, pour relancer les négociations israélo-palestiniennes. Le 30 juillet dernier, celles-ci avaient timidement repris à Washington sous l'égide du secrétaire d'État, John Kerry. «La descente aux enfers de l'Égypte complique singulièrement l'équation, prédit James Gelvin, spécialiste du monde arabe à l'UCLA. Elle place Israël seul face au Hamas en position de force à Gaza, alors qu'il pouvait jusqu'ici compter sur la collaboration de l'appareil de sécurité égyptien.» Celui-ci, ces jours-ci, a les mains occupées ailleurs.Tunisie-Secret.com
Maurin Picard, Le Figaro du 16 août 2013.