La situation pourrit en Irak et en Syrie. On n’a jamais atteint, depuis des siècles, pareil émiettement politique et géographique sur fond de conflits ethniques et confessionnels ensanglantés. Précisément depuis l’intervalle désastreux de quatre siècles qui avait scellé la chute et le déclin de l’Empire abbasside de 847 à 1258 de notre ère.
Aujourd’hui également, les conflits militaires et impériaux, enrobés d’argumentaire religieux, investissent la place. La Syrie est à feu et à sang, depuis trois ans. L’Irak se consume dans un brasier généralisé, menaçant de péril à perpétuelle demeure l’harmonie religieuse qui y a prévalu au fil des siècles.
La dernière offensive de la coalition de l’ordre noir chapeautée par la tristement célèbre organisation terroriste baptisée Daech en est témoin. Une organisation encouragée en sous-main en Syrie par les Américains, les Français, les Britanniques, les Allemands, les Turcs, les Israéliens, les Saoudiens et les Qataris. Un soutien relayé par les réseaux planétaires de la confrérie des Frères musulmans et de leurs transfuges et alliés, tel le président Moncef Marzouki sous nos cieux.
Les postulats des droits de l’Homme ont accouché de l’ordre islamo-fasciste. Les valeurs du monde prétendument libre servent de cache-misère au nouveau totalitarisme rampant.
C’est, de nouveau, la mêlée planétaire pour le Proche-Orient. Le tout pour le pétrole, le gaz, les positions géostratégiques et la défense d’Israël, assimilé abusivement à un avant-poste dudit monde libre dans la région. Avec un air de déjà-vu. Les accords de Sykes-Picot, qui avaient partagé le monde arabe entre les grandes puissances impérialistes au début du XXe siècle, au titre des dépouilles de l’Empire ottoman, l’homme malade d’alors.
Ne nous y trompons pas. Un nouveau Sykes-Picot se profile. Cette fois, l’homme malade c’est le monde arabe. Avec, au titre des goumiers et des supplétifs post-modernes, les recrues de la nébuleuse al Qaïda et de ses émanations. Les époques changent, les priorités impériales demeurent.
Mais il se trouve que les dizaines de milliers de terroristes enrégimentés pour la rébellion armée en Syrie et en Irak proviennent de plus de quatre-vingt pays, dont de nombreux pays européens.
Se profile dès lors le spectre d’un syndrome qui a été particulièrement ravageur et sanglant en Algérie durant la fameuse décennie noire (les années 90 du XXe siècle). Les terroristes en rupture de ban en Afghanistan, à la faveur de leur mobilisation par les Américains contre les Soviétiques, étaient revenus au bercail. Et avaient changé le fusil d’épaule. Il s’ensuivit près de deux cent mille morts et des centaines de milliers de victimes, en plus de dix années de perdues. Le même syndrome guette la Tunisie, la France et est déjà opérationnel en Libye et ailleurs. Et l’on ne semble pas près d’y parer ici et ailleurs, faute d’une approche généralisée et multidimensionnelle. Chez nous, c’est d’autant plus effrayant que des milliers de jeunes Tunisiens sont mobilisés comme chair à canon dans les troupes d’Ennosra et de Daech, deux organisations terroristes particulièrement sanguinaires en Syrie et en Irak. Et notre classe politique, toutes instances confondues, fourvoyée dans les dédales de ses querelles politiciennes et ses calculs d’épicier, n’y est guère attentive. Ce qui fait peser de lourdes menaces aux conséquences gravissimes. Nous en avons déjà un avant-goût particulièrement amer avec les terroristes tapis au jebel Chaambi et dans quelques montagnes du nord-ouest depuis quinze mois déjà. Considéré sous cet angle, le brasier irakien nous frappe de plein fouet.
Par ailleurs, l’on est en droit de se demander pourquoi, dans ces conflits sanglants depuis l’avènement dudit printemps arabe, il n’y a que du sang arabe et musulman qui coule. Nous sommes aux antipodes de l’attitude de Louis XIV qui aurait déclaré à ses ennemis lors de la guerre de Succession en Espagne : «Puisqu’il faut faire la guerre, mieux vaut la faire à mes ennemis qu’à mes enfants».
En fait, l’Irak brûle, la Syrie brûle, l’Égypte, le Liban, le Yémen, la Libye, la Tunisie brûlent. Et Israël jouit de la paix. Et c’est tout dire.
Soufiane Ben Farhat, Hakaek-online, 5 juillet 2014
Aujourd’hui également, les conflits militaires et impériaux, enrobés d’argumentaire religieux, investissent la place. La Syrie est à feu et à sang, depuis trois ans. L’Irak se consume dans un brasier généralisé, menaçant de péril à perpétuelle demeure l’harmonie religieuse qui y a prévalu au fil des siècles.
La dernière offensive de la coalition de l’ordre noir chapeautée par la tristement célèbre organisation terroriste baptisée Daech en est témoin. Une organisation encouragée en sous-main en Syrie par les Américains, les Français, les Britanniques, les Allemands, les Turcs, les Israéliens, les Saoudiens et les Qataris. Un soutien relayé par les réseaux planétaires de la confrérie des Frères musulmans et de leurs transfuges et alliés, tel le président Moncef Marzouki sous nos cieux.
Les postulats des droits de l’Homme ont accouché de l’ordre islamo-fasciste. Les valeurs du monde prétendument libre servent de cache-misère au nouveau totalitarisme rampant.
C’est, de nouveau, la mêlée planétaire pour le Proche-Orient. Le tout pour le pétrole, le gaz, les positions géostratégiques et la défense d’Israël, assimilé abusivement à un avant-poste dudit monde libre dans la région. Avec un air de déjà-vu. Les accords de Sykes-Picot, qui avaient partagé le monde arabe entre les grandes puissances impérialistes au début du XXe siècle, au titre des dépouilles de l’Empire ottoman, l’homme malade d’alors.
Ne nous y trompons pas. Un nouveau Sykes-Picot se profile. Cette fois, l’homme malade c’est le monde arabe. Avec, au titre des goumiers et des supplétifs post-modernes, les recrues de la nébuleuse al Qaïda et de ses émanations. Les époques changent, les priorités impériales demeurent.
Mais il se trouve que les dizaines de milliers de terroristes enrégimentés pour la rébellion armée en Syrie et en Irak proviennent de plus de quatre-vingt pays, dont de nombreux pays européens.
Se profile dès lors le spectre d’un syndrome qui a été particulièrement ravageur et sanglant en Algérie durant la fameuse décennie noire (les années 90 du XXe siècle). Les terroristes en rupture de ban en Afghanistan, à la faveur de leur mobilisation par les Américains contre les Soviétiques, étaient revenus au bercail. Et avaient changé le fusil d’épaule. Il s’ensuivit près de deux cent mille morts et des centaines de milliers de victimes, en plus de dix années de perdues. Le même syndrome guette la Tunisie, la France et est déjà opérationnel en Libye et ailleurs. Et l’on ne semble pas près d’y parer ici et ailleurs, faute d’une approche généralisée et multidimensionnelle. Chez nous, c’est d’autant plus effrayant que des milliers de jeunes Tunisiens sont mobilisés comme chair à canon dans les troupes d’Ennosra et de Daech, deux organisations terroristes particulièrement sanguinaires en Syrie et en Irak. Et notre classe politique, toutes instances confondues, fourvoyée dans les dédales de ses querelles politiciennes et ses calculs d’épicier, n’y est guère attentive. Ce qui fait peser de lourdes menaces aux conséquences gravissimes. Nous en avons déjà un avant-goût particulièrement amer avec les terroristes tapis au jebel Chaambi et dans quelques montagnes du nord-ouest depuis quinze mois déjà. Considéré sous cet angle, le brasier irakien nous frappe de plein fouet.
Par ailleurs, l’on est en droit de se demander pourquoi, dans ces conflits sanglants depuis l’avènement dudit printemps arabe, il n’y a que du sang arabe et musulman qui coule. Nous sommes aux antipodes de l’attitude de Louis XIV qui aurait déclaré à ses ennemis lors de la guerre de Succession en Espagne : «Puisqu’il faut faire la guerre, mieux vaut la faire à mes ennemis qu’à mes enfants».
En fait, l’Irak brûle, la Syrie brûle, l’Égypte, le Liban, le Yémen, la Libye, la Tunisie brûlent. Et Israël jouit de la paix. Et c’est tout dire.
Soufiane Ben Farhat, Hakaek-online, 5 juillet 2014