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La terminologie, arme de guerre des impérialistes


29 Septembre 2013

C’est par le choix des mots que commence la destruction d’un pays. Lorsque l’Empire, suivie par les médias mainstream ensuite par les moutons, décide de soumettre un pays, il commence par l’isoler sur le plan terminologique. Ainsi, les cibles ne sont pas appelés Etats, ou gouvernement, mais « régime ». Ce fut le cas du « régime tunisien », du « régime libyen », du « régime égyptien », du « régime algérien », du « régime syrien », du « régime cubain », du « régime vénézuélien », du « régime iranien »… Dans son dernier article intitulé « Le régime d’Obama », le professeur argentin Atilio Boron, politologue et sociologue, analyse cette stratégie terminologique et médiatique qui consiste à particulariser l’autre, à le diaboliser avant de le détruire.


La terminologie, arme de guerre des impérialistes
En vertu d'une pratique bien ancrée, les gouvernements opposés à la domination nord-américaine sont automatiquement qualifiés de « régimes » par les grands médias de communication, par les intellectuels colonisés de seconde zone et par ceux que le grand dramaturge espagnol Alfonso Sastre appelle les intellectuels bien-pensants. En sciences politiques, le terme « régime » a pris une connotation foncièrement négative, dont il était dépourvu à l'origine. Jusqu'au milieu du XXe siècle, on parlait d'un régime féodal, d'un régime monarchique ou d'un régime démocratique pour se référer à l'ensemble de lois, d'institutions et de traditions politiques et culturelles caractéristiques d'un système politique. Or, avec la Guerre froide, puis avec la contre-révolution néoconservatrice, le vocable a acquis un tout autre sens. Actuellement, il est utilisé pour stigmatiser des gouvernements ou des États qui refusent de se plier aux diktats de Washington et auxquels sont collées les étiquettes dépréciatives d'« autoritaire », voire de « tyrannies sanglantes ».

Toutefois, sans être particulièrement éclairé, on peut constater l'existence d'États manifestement despotiques que les chantres de la droite n'auraient jamais l'idée de qualifier de "régimes". Qui plus est, la conjoncture actuelle voit apparaître une pléthore d'analystes et de journalistes (dont quelques "progressistes" un tant soit peu distraits) qui ne répugnent nullement à employer le langage établi par l'empire. Dans leur bouche ou sous leur plume, il n'y a pas de gouvernement syrien, mais le "régime de Bachar el-Assad".

La même dépréciation s'opère avec les pays bolivariens : au Venezuela, c'est le régime chaviste, en Équateur, le régime de Correa et la Bolivie subit les caprices du régime d'Evo Morales. Le fait que dans ces trois pays ont émergé des institutions ainsi que des formes de participation populaires et de fonctionnement démocratiques supérieurs à celles que connaissent les États-Unis et la grande majorité des pays du monde capitaliste développé est soigneusement passé sous silence. Comme il ne s'agit pas de pays amis des Etats-Unis, leur système politique ne peut être autre qu'un régime.

L'application de deux poids, deux mesures est manifeste. Les monarchies pétrolières du Golfe, pourtant autrement plus despotiques et brutales que le "régime" syrien, ne se verraient jamais affublées de ce terme. On parle du gouvernement d'Abdul Aziz ibn Abdillah, jamais du régime saoudien, même si l'Arabie saoudite ne dispose pas de parlement, mais d'une simple "Assemblée constitutive", formée d'amis et de parents du monarque, que les partis politiques membres sont expressément interdits et que la gouvernance est exercée par une dynastie qui occupe le pouvoir depuis des décennies.

Le Qatar présente exactement le même tableau, sans pour autant que le New York Times ou les médias hégémoniques d'Amérique latine et des Caraïbes évoquent le "régime saoudien" ou le "régime qatari". Par contre, le gouvernement de la Syrie – un État pourtant laïque au sein duquel cohabitaient encore récemment plusieurs religions, où existent des partis politiques reconnus légalement et doté d'un congrès monocaméral comprenant une représentation de l'opposition – est taxé de régime. Personne ne le débarrasse de cette étiquette.

En d'autres termes : un gouvernement ami, allié ou client des États-Unis peut être le pire oppresseur ou commettre les violations des droits de l'homme les plus graves, jamais il ne sera qualifié de régime par l'appareil de propagande du système. À l'inverse, ce terme est systématiquement appliqué aux gouvernements de pays tels que l'Iran, Cuba, le Venezuela, la Bolivie, le Nicaragua, l'Équateur et j'en passe. [1]

Pour constater cette tergiversation idéologique, il n'y a qu'à voir comment les journalistes de droite désignent le gouvernement américain, qu'ils considèrent comme le nec plus ultra de la réalisation démocratique. Pourtant, l'ancien président Jimmy Carter a lui-même dit que dans son pays, il n'y avait pas de démocratie qui fonctionne. Ce qu'il y a, c'est un État policier très habilement dissimulé, qui exerce une surveillance permanente et illégale sur ses citoyens, et dont la principale réalisation des trente dernières années a été de permettre que 1% de la population s'enrichisse comme jamais auparavant, au détriment de 90% de la population.
 
Dans la même ligne critique vis-à-vis de cette cynique ploutocratie que sont les Etats-Unis, le philosophe politique Sheldon Wolin a défini le régime politique de son pays comme étant un "totalitarisme inversé". Selon lui, il s'agit "d'un phénomène qui (…) représente fondamentalement la maturité politique du pouvoir corporatif et de la démobilisation politique des citoyens” [2], à savoir la consolidation de la domination bourgeoise dans les principales situations d'oligopole et la désactivation politique des masses, ce qui provoque une apathie politique, l'abandon de la vie publique – et le dédain à son égard – ainsi que la fuite en avant dans l'approche privatiste vers une consommation effrénée soutenue par un endettement encore plus endiablé.
Le résultat : un régime totalitaire d'un genre nouveau, une démocratie particulière, en somme, sans citoyens ni institutions, dans laquelle le poids faramineux de l'establishment vide de tout contenu le discours et les institutions de la démocratie pour en faire une pauvre mascarade et les rendre absolument impropre à garantir la souveraineté populaire ou à concrétiser la vieille formule d'Abraham Lincoln définissant la démocratie come "le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple".

Par la magie de la gigantesque opération de falsification du langage, l'État américain est considérée comme une "administration", soit une organisation qui gère en toute transparence, impartialité et dans le respect de l'état de droit les affaires publiques en fonction de règles et de normes clairement établies. En réalité, comme l'affirme Noam Chomsky, rien de tout cela n'est vrai.

Les États-Unis constituent un État voyou qui viole comme nu autre le droit international ainsi que certains des droits et des lois les plus importants du pays. Au niveau national, les révélations récentes à propos des pratiques d'espionnage usitées par la NSA et d'autres agences contre la population américaine le prouvent, sans parler des atrocités perpétrées quotidiennement dans la prison de Guantánamo, ni du fléau chronique du racisme [3].

Par conséquent, je propose que nous ouvrions un nouveau front dans la lutte idéologique et qu'à compter d'aujourd'hui, nous désignions le gouvernement américain par les termes "régime d'Obama" ou "régime de la Maison-Blanche". Il s'agira d'un acte de justice, qui aura également pour effet d'améliorer notre capacité d'analyse et d'assainir le langage de la politique, contaminé et perverti par l'industrie culturelle de l'empire et par sa prolifique fabrique à mensonges.

Atilio Boron, traduction de l’espagnol au français, par le collectif Investig'Action

Notes 
[1] Aux États-Unis, cette dualité de critères moraux a une longue histoire. Rappelons-nous la réponse du Président Franklin D. Roosevelt face à des membres du parti démocrate horrifiés par la brutalité des politiques répressives adoptées par Anastasia Somoza au Nicaragua : "Oui, c'est un fils de pute, mais c'est notre fils de pute". L'appellation pourrait s'appliquer aux monarques de l'Arabie saoudite et du Qatar, entre autres. Par contre, Bachar Al-Assad n'est pas leur fils de pute, ce qui vaut à son gouvernement le qualificatif de "régime".
[2] Sheldon Wolin, Democracia Sociedad Anónima, Buenos Aires, Katz Editores, 2008, p. 3
[3] Pour en savoir davantage sur la violation systématique des droits de l'homme par le gouvernement américain, ou par le "régime" américain, voir Atilio A. Boron et Andrea Vlahusic, El lado oscuro del imperio. La violación de los derechos humanos por Estados Unidos, Buenos Aires, Ediciones Luxemburg, 2009.

 
 


           


1.Posté par Al watany le 29/09/2013 03:43
Hélas les idiots utiles excités du monde arabe ne le comprennent pas comme ils ne comprennent pas la politique et les enjeux stratégiques . Mais bêtes et prétentieux qu'ils sont au lieu de se taire , ils débitent les idioties que leur a dicté l'Occident . Ils sont légion surtout parmi les têtes brûlées de la nouvelle génération qui croit tout savoir . Si les Tunisiens deviennent modestes , ils rendront le plus grand service à l'Humanité .

2.Posté par Souverainiste le 30/09/2013 02:33
Très important :
http://m.almasryalyoum.com/node/2160081

3.Posté par Les Pacifistes de Tunis le 01/10/2013 11:06
LE BUT: PRODUIRE DES « ETATS RATES »

Dire que ce n’est qu’un « choix des mots » n’est pas suffisant. C’est une stratégie calculée de guerre psychologique à l’échelle du monde.
Ils en sont spécialistes. Ils dépensent des millions de dollars dans des études psychologie sociale clinique. Autrement dit, ils ont étudié l’effet sur les masses de la répétition d’un mot comme « régime » appliqué aux uns (contre « gouvernement » aux autres).

Mais il y aussi de nombreux termes « qui tuent » comme : « dictateur » (et ses synonymes commes « tyran »). Voyez tous ces articles (pour la France, les pédants, ridicules et criminels journaux L’Immonde et L’Immonde Diplomatique) qui ne peuvent pas NE PAS contenir au moins plusieurs fois le mot « dictateur » ou « tyran » à chaque fois que les tambours battent (Irak, Yougoslavie, Libye, Syrie, etc.).

Bizarrement, après le décompte macabre officiel des centaines de milliers de morts causées par le renversement (par les croisades aériennes du type OTAN) du « dictateur » en question, les mêmes médias n’emploient plus le mot « dictateur », comme par sentiment de complicité.

Il y a aussi une expression intéressante : « Failed State » (ETAT RATE)[*]. Il est répété sur la base d’analyse « savantes » par des « experts » de leurs « think tanks » (réservoirs de leur jus de crâne impérialiste sanguinaire) puis par les courroies que sont les médias du Système.

Après avoir introduits de « révolumercenaires » dans le pays visé et mobilisé sur Internet des cybermercenaires (voir les articles de Tunisie Secret sur le sujet), et après visé répété mille fois que la Syrie, la Yougoslavie, l’Irak ou la Libye est un « Failed State », ils « concluent » que leur dirigeant n’a plus de « légitimité ». Tout le monde connaît la suite. Et le pire, c’est que ça marche à chaque fois avec les masses du monde, même quand on leur a « expliqué le truc ».

1. Manufacturing Failed States. By Edward S. Herman, Sep 2012. http://www.zcommunications.org/zmag
« Killing Is Our Business, and Business Is Good. »

2. Produire des « États ratés ». Par Edward S. Herman. Traduction Dominique Arias pour InvestigAc-tion, 9 sept. 2012.
http://www.michelcollon.info/Produire-des-Etats-Rates.html


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Les Pacifistes de Tunis
Méga site interactif et convivial en couleurs : http://bit.ly/yd15JY
خبر عاجل: تونسيون محبو السلام و الاسلام يذهبون الى سوريا للجهاد الى جانب الجيش العربى السوري...
Des Tunisiens se rendent en Syrie pour accomplir le Jihad en soutien à l’armée arabe syrienne
« Enfin, en d'autres continents et d'autres civilisations, non-occidentales, d'autres révolutions, en Asie et en Afrique, … peuvent aider l'Occident à prendre conscience de ce qu'est une véritable révo-lution changeant à la fois les institutions et les hommes. Une révolution est d'abord, pour une socié-té, ce qu'une conversion est pour l'individu: changer le but et le sens de la vie. »
Roger Garaudy, Comment l'homme devint humain, Ed J.A, p. 327-332



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