Depuis le coup d’Etat du 14 janvier 2011, la Tunisie ressemble à une vache par terre, entourée de loups et d’hyènes qui veulent chacun sa part du bifteck. Marchands d’armes, affairistes, communiquant, journalistes, pétroliers, banquiers, « conseillers » en stratégie…, chacun y va de son projet pour « sauver la jeune démocratie tunisienne », c’est-à-dire dépouiller un pays politiquement sous influence et économiquement exsangue.
Dernière trouvaille en date, une « frontière électronique » entre la Libye et la Tunisie, que le groupe Thales veut fourguer au pays du jasmin, comme ils disent. C’est le Maghreb confidentiel qui révèle ce projet à l’étude, selon des sources diplomatiques tunisiennes.
Dans son édition du 26 mars 2015 (No 1149), le Maghreb confidentiel écrit : « Jusqu’à présent plutôt focalisé, en Tunisie, sur l’aéronautique civile et les transports, Thales s’intéresse de plus en plus au marché militaire, alors que le président Béji Caïd Essebsi s’appuie ouvertement sur l’armée pour contrer la menace djihadiste. Pour accompagner ce repositionnement, le groupe français a récemment nommé Charles-Hubert Dufour à la tête de ses opérations dans le pays. Le parcours de ce dernier est éloquent : nommé directeur Libye en 2013, il était auparavant basé à Amman où il dirigeait les marchés libanais et irakien ».
Toujours selon le Maghreb confidentiel, « Thales s’intéresse beaucoup au projet de construction d’une frontière électronique entre le pays du jasmin et la Libye (459 KMm), visant à limiter les infiltrations de combattants djihadistes mais aussi à juguler la contrebande… Le projet, qui a germé il y a plus d’un an, en est encore au stade de la réflexion du côté de Tunis. Thales devra se montrer très créatif sur le plan du financement, ce type de chantier étant particulièrement coûteux. C’est la mission de France Blackwell, sa chargée du financement des exports (Afrique et Amérique du Nord), qui accompagnait Charles-Hubert Dufour à l’atelier d’information Tunisie organisé par Business France (ex-Ubi-France), le 23 mars à Paris ».
Ce que nos confrères du Maghreb confidentiel ne savent pas ou ne disent pas, c’est que ce projet de « frontière électronique » n’est pas du tout nouveau. Il y a déjà près de vingt ans, la France a essayé de le vendre à l’Arabie Saoudite pour sécuriser ses frontières avec le Yémen et surtout avec l’Irak. Les négociations étaient menées à l’époque par SOFRENI, société d’exportation de matériel de sécurité crée en 1985 et placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, et SOFREBA Industries, spécialisé dans la vente d’armes et dépendant du ministère de la Défense. Bien conseillés, les Saoudiens n’avaient pas voulu de ce projet à la limite du virtuel et extrêmement coûteux : 12 milliards de dollars à l’époque !
C’est ce projet que l’on cherche à fourguer à la Tunisie dont les frontières avec la Libye sont devenues une passoire. Terroristes, armes, drogues, produits de contrebande pénètrent quotidiennement le territoire tunisien, aggravant ainsi la sécurité du pays et son économie.
Est-ce une raison pour accepter ce projet palliatif, qui n’aura pour ainsi dire aucun effet sur la densité du trafic et l’ingéniosité des terroristes ? L’Algérie voisine, qui a pourtant des frontières avec six pays (Tunisie, Libye, Maroc, Niger, Mauritanie, Mali), a su traiter le problème en mobilisant des hommes et des armes. C’est ce que le gouvernement tunisien actuel doit faire pour sécuriser réellement ses frontières libyennes et éviter le pire : l’invasion de Daech.
Nebil Ben Yahmed
Dernière trouvaille en date, une « frontière électronique » entre la Libye et la Tunisie, que le groupe Thales veut fourguer au pays du jasmin, comme ils disent. C’est le Maghreb confidentiel qui révèle ce projet à l’étude, selon des sources diplomatiques tunisiennes.
Dans son édition du 26 mars 2015 (No 1149), le Maghreb confidentiel écrit : « Jusqu’à présent plutôt focalisé, en Tunisie, sur l’aéronautique civile et les transports, Thales s’intéresse de plus en plus au marché militaire, alors que le président Béji Caïd Essebsi s’appuie ouvertement sur l’armée pour contrer la menace djihadiste. Pour accompagner ce repositionnement, le groupe français a récemment nommé Charles-Hubert Dufour à la tête de ses opérations dans le pays. Le parcours de ce dernier est éloquent : nommé directeur Libye en 2013, il était auparavant basé à Amman où il dirigeait les marchés libanais et irakien ».
Toujours selon le Maghreb confidentiel, « Thales s’intéresse beaucoup au projet de construction d’une frontière électronique entre le pays du jasmin et la Libye (459 KMm), visant à limiter les infiltrations de combattants djihadistes mais aussi à juguler la contrebande… Le projet, qui a germé il y a plus d’un an, en est encore au stade de la réflexion du côté de Tunis. Thales devra se montrer très créatif sur le plan du financement, ce type de chantier étant particulièrement coûteux. C’est la mission de France Blackwell, sa chargée du financement des exports (Afrique et Amérique du Nord), qui accompagnait Charles-Hubert Dufour à l’atelier d’information Tunisie organisé par Business France (ex-Ubi-France), le 23 mars à Paris ».
Ce que nos confrères du Maghreb confidentiel ne savent pas ou ne disent pas, c’est que ce projet de « frontière électronique » n’est pas du tout nouveau. Il y a déjà près de vingt ans, la France a essayé de le vendre à l’Arabie Saoudite pour sécuriser ses frontières avec le Yémen et surtout avec l’Irak. Les négociations étaient menées à l’époque par SOFRENI, société d’exportation de matériel de sécurité crée en 1985 et placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, et SOFREBA Industries, spécialisé dans la vente d’armes et dépendant du ministère de la Défense. Bien conseillés, les Saoudiens n’avaient pas voulu de ce projet à la limite du virtuel et extrêmement coûteux : 12 milliards de dollars à l’époque !
C’est ce projet que l’on cherche à fourguer à la Tunisie dont les frontières avec la Libye sont devenues une passoire. Terroristes, armes, drogues, produits de contrebande pénètrent quotidiennement le territoire tunisien, aggravant ainsi la sécurité du pays et son économie.
Est-ce une raison pour accepter ce projet palliatif, qui n’aura pour ainsi dire aucun effet sur la densité du trafic et l’ingéniosité des terroristes ? L’Algérie voisine, qui a pourtant des frontières avec six pays (Tunisie, Libye, Maroc, Niger, Mauritanie, Mali), a su traiter le problème en mobilisant des hommes et des armes. C’est ce que le gouvernement tunisien actuel doit faire pour sécuriser réellement ses frontières libyennes et éviter le pire : l’invasion de Daech.
Nebil Ben Yahmed