Le nombre global de Français et résidents impliqués dans le djihad est passé de 555 à 1281 entre le 1er janvier 2014 et le 16 janvier dernier, soit un bond de 130% en un an. La France forme le plus gros bataillon des volontaires européens.
Les récents attentats qui ont semé l'effroi et la mort dans Paris vont-ils tarir les velléités de départ des combattants volontaires français désireux de se rendre vers les zones de combat en Syrie et en Irak? Rien n'est moins sûr. Selon un dernier état des lieux des services de renseignement porté à la connaissance du Figaro, le nombre global de Français et résidents impliqués dans le djihad est passé de 555 à 1281 entre le 1er janvier 2014 et le 16 janvier dernier. Soit un bond de 130 % en un an! «Il ne se passe pas une semaine sans que l'on enregistre entre dix et quinze cas supplémentaires», grimace un policier spécialisé. Plus que jamais, la France forme le plus gros bataillon des volontaires européens.
Toujours d'après ce bilan confidentiel arrêté à vendredi dernier, pas moins de 393 Français et personnes censées vivre en France sont désormais partis combattre en Syrie avant que la police puisse les intercepter. Soit une progression de 75 % par rapport au 1er janvier 2014, lorsque les services avaient déjà enregistré la présence de 224 djihadistes tricolores engagés sous la bannière noire de Daech ou de Jabhat al-Nosra. Dans le lot figurent 94 femmes. Âgées de 25 ans en moyenne, elles partent souvent au nom d'idéaux humanitaires et sont souvent réduites à l'état d'esclaves sexuelles. Aucune n'est jamais revenue. Arc-boutés sur ces indicateurs, les services constatent que tous les compteurs sont à l'écarlate.
Désormais, 240 djihadistes français ont quitté la Syrie, parfois épouvantés par la rudesse des combats, les décapitations et les crucifixions auxquelles ils assistent. Présentant des signes de choc post-traumatique analogues à ceux des vétérans de la guerre du Vietnam, ces soldats perdus et écœurés sont surveillés comme le lait sur le feu.
190 djihadistes français sont revenus sur le territoire
Concernant l'état de la menace en France, le dernier bilan révèle que 190 djihadistes français sont revenus sur le territoire. Soit autant de «bombes potentielles» qu'il s'agit de désamorcer une à une, sachant que vingt policiers sont nécessaires pour assurer la surveillance des radicaux les plus dangereux. Enfin, les services estiment que 250 Français ou résidents sont en «transit vers la zone».
«Pour tenter d'échapper aux contrôles, certains partent en bus en passant par les Balkans ou la Tunisie, où ils s'arrêtent dans des camps d'Ansar al-Charia pour se dégrossir, confiait récemment un policier au Figaro. D'autres croient brouiller les cartes en prenant l'avion depuis Genève, Francfort, Barcelone ou Madrid…» Une ultime indication, et pas des moindres, vient compléter cet édifiant panorama terroriste: près de 300 radicaux français ont des velléités de départ. Or, s'accordent à dire les spécialistes, un problème majeur pourrait venir de ceux qui sont empêchés et qui, comme le redoute un policier, «risquent de fort mal le prendre». Le récent raid sanglant à Ottawa de Michael Zehaf-Bibeau, converti à la dérive se disant persécuté parce qu'on lui avait refusé un passeport, est dans tous les esprits. À 32 ans, celui qui rêvait de Syrie avait pris d'assaut le Parlement après avoir tué un soldat.
Le plan concocté par Bernard Cazeneuve, où se mêlent mesures répressives pour interdire la sortie du territoire, contrôle renforcé d'Internet et prise en charge des familles touchées, tend à tarir le robinet du volontariat radical.
Christophe Cornevin, Le Figaro du 20 janvier 2014.
A lire dans nos archives :
http://www.tunisie-secret.com/La-France-premier-pays-exportateur-de-Beaujolais-et-de-terroristes-en-Syrie_a484.html
Les récents attentats qui ont semé l'effroi et la mort dans Paris vont-ils tarir les velléités de départ des combattants volontaires français désireux de se rendre vers les zones de combat en Syrie et en Irak? Rien n'est moins sûr. Selon un dernier état des lieux des services de renseignement porté à la connaissance du Figaro, le nombre global de Français et résidents impliqués dans le djihad est passé de 555 à 1281 entre le 1er janvier 2014 et le 16 janvier dernier. Soit un bond de 130 % en un an! «Il ne se passe pas une semaine sans que l'on enregistre entre dix et quinze cas supplémentaires», grimace un policier spécialisé. Plus que jamais, la France forme le plus gros bataillon des volontaires européens.
Toujours d'après ce bilan confidentiel arrêté à vendredi dernier, pas moins de 393 Français et personnes censées vivre en France sont désormais partis combattre en Syrie avant que la police puisse les intercepter. Soit une progression de 75 % par rapport au 1er janvier 2014, lorsque les services avaient déjà enregistré la présence de 224 djihadistes tricolores engagés sous la bannière noire de Daech ou de Jabhat al-Nosra. Dans le lot figurent 94 femmes. Âgées de 25 ans en moyenne, elles partent souvent au nom d'idéaux humanitaires et sont souvent réduites à l'état d'esclaves sexuelles. Aucune n'est jamais revenue. Arc-boutés sur ces indicateurs, les services constatent que tous les compteurs sont à l'écarlate.
Désormais, 240 djihadistes français ont quitté la Syrie, parfois épouvantés par la rudesse des combats, les décapitations et les crucifixions auxquelles ils assistent. Présentant des signes de choc post-traumatique analogues à ceux des vétérans de la guerre du Vietnam, ces soldats perdus et écœurés sont surveillés comme le lait sur le feu.
190 djihadistes français sont revenus sur le territoire
Concernant l'état de la menace en France, le dernier bilan révèle que 190 djihadistes français sont revenus sur le territoire. Soit autant de «bombes potentielles» qu'il s'agit de désamorcer une à une, sachant que vingt policiers sont nécessaires pour assurer la surveillance des radicaux les plus dangereux. Enfin, les services estiment que 250 Français ou résidents sont en «transit vers la zone».
«Pour tenter d'échapper aux contrôles, certains partent en bus en passant par les Balkans ou la Tunisie, où ils s'arrêtent dans des camps d'Ansar al-Charia pour se dégrossir, confiait récemment un policier au Figaro. D'autres croient brouiller les cartes en prenant l'avion depuis Genève, Francfort, Barcelone ou Madrid…» Une ultime indication, et pas des moindres, vient compléter cet édifiant panorama terroriste: près de 300 radicaux français ont des velléités de départ. Or, s'accordent à dire les spécialistes, un problème majeur pourrait venir de ceux qui sont empêchés et qui, comme le redoute un policier, «risquent de fort mal le prendre». Le récent raid sanglant à Ottawa de Michael Zehaf-Bibeau, converti à la dérive se disant persécuté parce qu'on lui avait refusé un passeport, est dans tous les esprits. À 32 ans, celui qui rêvait de Syrie avait pris d'assaut le Parlement après avoir tué un soldat.
Le plan concocté par Bernard Cazeneuve, où se mêlent mesures répressives pour interdire la sortie du territoire, contrôle renforcé d'Internet et prise en charge des familles touchées, tend à tarir le robinet du volontariat radical.
Christophe Cornevin, Le Figaro du 20 janvier 2014.
A lire dans nos archives :
http://www.tunisie-secret.com/La-France-premier-pays-exportateur-de-Beaujolais-et-de-terroristes-en-Syrie_a484.html