C’est à un site insignifiant que l’avocat de Ben Ali a répondu ce 24 septembre pour démentir les allégations de la Commission des biens mal-acquis, dans son dernier rapport qui a été exposé par son président, Néjib Hnana. Le site en question s’appelle Lemag.ma, qui est plus marocain que maghrébin ! On suggère à nos confrères marocains d’enquêter sur la fortune personnelle de son altesse royale, dont la fortune a été estimée en 2009, par Forbes, à 1,8 milliards d’euros. Au sein de cette monarchie féodale, 5 millions de marocains vivent avec moins d’1 euros par jour ! On recommande au lemag.ma de lire « Le Roi prédateur », un livre qui a été publié à Paris sur Mohamed-6, le roitelet qui a transformé le Maroc en « machine à cash ».
L’article du Lemag.ma a été publié le 20 septembre. Il reprenait en réalité l’article que la TAP a publié le 18 septembre et qui a été textuellement repris par un certain nombre de sites tunisiens. C’est donc à la TAP qu’il aurait fallu répondre et non pas à un site insignifiant basé à Marrakech. Mais l’agence de presse officielle tunisienne établissait sa longue dépêche sur la base de la conférence de presse de Néjib Hnana, venu exposer les conclusions du rapport de la Commission des biens mal-acquis, dont il est le président. On notera au passage que le vice-président de cette Commission s’appelle Abderraouf Ayadi, un débile mental qui est un islamiste dans l’âme et qui a quitté le CPR pour ouvrir sa propre boutique politique. Cela indique déjà le sérieux de cette Commission ainsi que sa crédibilité !
Le rapport de la Commission en question parle de 600 sociétés, de 514 biens fonciers, de 188 voitures, de 120 millions de dinars saisis dans les banques et de dizaines de milliers d’objets d’ameublement qui appartenaient à l’ancien président de la République et à ses proches. Mais le rapport n’indique pas précisément ce qui appartenait en propre à Ben Ali, et ce qui appartenait à ses proches ! D’où la réplique de son avocat, Akram Azoury. Dans son communiqué (ci-joint), ce dernier dément catégoriquement de telles allégations en affirmant que son client ne « possédait en Tunisie aucun avoir mobilier ou immobilier, à l’exception des biens limitativement énumérés suivants : un domicile privé à Sidi Bousaid, un petit lot de terrain acheté auprès de la municipalité de la même localité et aménagé en cimetière, ainsi qu’une maison dans sa ville natale de Hammam-Sousse ; ces biens acquis légalement sont le fruit d’un demi-siècle au service de l’Etat tunisien » (lire le communiqué intégral).
Le communiqué d’Akram Azoury a obligé Néjib Hnane d’apporter un peu plus d’explication. A nos confrères d’African Manager, il a dû relativiser ses affirmations en disant que « les 514 biens fonciers mentionnés dans le rapport de la commission ne concernent pas seulement le président déchu mais aussi 114 membres des familles Trabelsi et Ben Ali. Les 596 entreprises confisquées concernent également ces 114 personnes ». C’est déjà mieux, mais Néjib Hnane ne dit toujours pas ce qui appartient à Ben Ali et ce qui appartient aux membres de sa famille, c’est-à-dire Sakhr El-Materi, Marwane Mabrouk, Slim Chiboub, les Trabelsi et les Ben Ali.
Il est vrai que dans sa démonstration « remarquable », Néjib Hnane a ajouté que les deux enfants de Ben Ali, Mohamed Zine Al-Abidine et Halima, détiennent à eux seuls « 4 titres fonciers ». Pour les enfants d’un ancien président, c’est énorme, en effet ! Toujours selon Néjib Hnane, « Mohamed Zine Al Abidine Ali a deux autres titres fonciers en son nom. Le premier est sous le numéro d’ordre 130 288, et porte sur un terrain ou une villa au Lac, tandis que le deuxième titre foncier (100 538) concerne le Palais de la Baie des Anges situé à Hammam Sousse ». Quant à la fille de Ben Ali, Halima, elle possède « deux titres fonciers. Le premier est enregistré sous le matricule 534 501 et concerne un bien à Hammamet et le deuxième est sous celui de 102582 et est relatif à une grande villa à la Marsa Supérieure ».
On ne comparera pas cette "immense fortune" à celle d’un Kamel Eltaïef, ou d’un autre affairiste véreux qui a fait sa fortune grâce aux marchés de l’Etat et à l’argent de la corruption. Comparons-là plutôt à un bourgeois lambda, tel qu’un Moncef Cheikhrouhou, ancien maire de Carthage sous le régime Ben Ali, ou un Kaïs Laouiti, ou un Mohamed Abbou,…sans parler de la nouvelle « classe politique », celle qui gouverne comme celle qui s’oppose, de gauche comme de droite. Rappelons seulement que Néjib Hnane a été nommé par Salim Hamidane, le ministre du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières, qui a falsifié son CV pour se faire passer pour un avocat et qui, depuis 2011, après s’être royalement servi, distribue aux cadres et responsables d’Ennahda des lotissements et des milliers d’hectares de terre agricoles.
Maintenant que la Commission de confiscation de biens mal-acquis a publié son lumineux rapport, nous aimerions qu’elle enquête sur l’Etat mafieux qui est au pouvoir, ainsi que sur certains opposants. L’opinion tunisienne voudrait bien savoir ce que possède cette nouvelle « classe politique » en Tunisie comme à l’étranger ! Dans le cas de Marwane Mabrouk, Slim Chiboub, Sakhr El Materi et Belhassen Trabelsi, l’affaire est entendue. Mais dans le cas de Ben Ali lui-même, et jusqu’à preuve du contraire, l’argent dont on parle est une fumisterie qui ne trompe plus personne. Lorsqu’on a des milliards à l’étranger, on ne supplie pas Kadhafi d’envoyer « un peu d’argent comme dépannage ». Cela nous a été confirmé par Bachir Saleh, l’ancien homme de confiance de Kadhafi qui est aujourd’hui réfugié à l’étranger. Ben Ali a fait cette demande deux semaines après son arrivée en Arabie Saoudite.
Peut-être bien que « ses milliards » étaient encore bloqués à l’époque. Mais deux ans après le coup d’Etat du 14 janvier 2011, les enquêteurs Suisses ont démentis certaines affabulations. Les 60 millions de dollars qu’ils ont trouvé concernent l’entourage privé et professionnel de Ben Ali. C’est Frederic Burnand, journaliste de Swissinfo qui l’écrit dans son article du 21 septembre 2012 : «L’information est connue depuis le début des investigations, explique Maria-Antonella Bino, procureure générale suppléante. Comme nous l’avons communiqué à plusieurs reprises, les avoirs bloqués concernent l’entourage privé et professionnel du clan Ben Ali. » Toujours selon le journaliste suisse, «Le montant d‘environ 60 millions de dollars communiqué initialement n’a pas varié. Dans le dossier tunisien, les investigations durent depuis plus d’une année et demie. En l’état du dossier et de nos connaissances, il me semble fort peu probable de découvrir en Suisse d’autres avoirs qui auraient été volés à l’Etat tunisien », souligne Maria-Antonella Bino.
Karim Zmerli
L’article du Lemag.ma a été publié le 20 septembre. Il reprenait en réalité l’article que la TAP a publié le 18 septembre et qui a été textuellement repris par un certain nombre de sites tunisiens. C’est donc à la TAP qu’il aurait fallu répondre et non pas à un site insignifiant basé à Marrakech. Mais l’agence de presse officielle tunisienne établissait sa longue dépêche sur la base de la conférence de presse de Néjib Hnana, venu exposer les conclusions du rapport de la Commission des biens mal-acquis, dont il est le président. On notera au passage que le vice-président de cette Commission s’appelle Abderraouf Ayadi, un débile mental qui est un islamiste dans l’âme et qui a quitté le CPR pour ouvrir sa propre boutique politique. Cela indique déjà le sérieux de cette Commission ainsi que sa crédibilité !
Le rapport de la Commission en question parle de 600 sociétés, de 514 biens fonciers, de 188 voitures, de 120 millions de dinars saisis dans les banques et de dizaines de milliers d’objets d’ameublement qui appartenaient à l’ancien président de la République et à ses proches. Mais le rapport n’indique pas précisément ce qui appartenait en propre à Ben Ali, et ce qui appartenait à ses proches ! D’où la réplique de son avocat, Akram Azoury. Dans son communiqué (ci-joint), ce dernier dément catégoriquement de telles allégations en affirmant que son client ne « possédait en Tunisie aucun avoir mobilier ou immobilier, à l’exception des biens limitativement énumérés suivants : un domicile privé à Sidi Bousaid, un petit lot de terrain acheté auprès de la municipalité de la même localité et aménagé en cimetière, ainsi qu’une maison dans sa ville natale de Hammam-Sousse ; ces biens acquis légalement sont le fruit d’un demi-siècle au service de l’Etat tunisien » (lire le communiqué intégral).
Le communiqué d’Akram Azoury a obligé Néjib Hnane d’apporter un peu plus d’explication. A nos confrères d’African Manager, il a dû relativiser ses affirmations en disant que « les 514 biens fonciers mentionnés dans le rapport de la commission ne concernent pas seulement le président déchu mais aussi 114 membres des familles Trabelsi et Ben Ali. Les 596 entreprises confisquées concernent également ces 114 personnes ». C’est déjà mieux, mais Néjib Hnane ne dit toujours pas ce qui appartient à Ben Ali et ce qui appartient aux membres de sa famille, c’est-à-dire Sakhr El-Materi, Marwane Mabrouk, Slim Chiboub, les Trabelsi et les Ben Ali.
Il est vrai que dans sa démonstration « remarquable », Néjib Hnane a ajouté que les deux enfants de Ben Ali, Mohamed Zine Al-Abidine et Halima, détiennent à eux seuls « 4 titres fonciers ». Pour les enfants d’un ancien président, c’est énorme, en effet ! Toujours selon Néjib Hnane, « Mohamed Zine Al Abidine Ali a deux autres titres fonciers en son nom. Le premier est sous le numéro d’ordre 130 288, et porte sur un terrain ou une villa au Lac, tandis que le deuxième titre foncier (100 538) concerne le Palais de la Baie des Anges situé à Hammam Sousse ». Quant à la fille de Ben Ali, Halima, elle possède « deux titres fonciers. Le premier est enregistré sous le matricule 534 501 et concerne un bien à Hammamet et le deuxième est sous celui de 102582 et est relatif à une grande villa à la Marsa Supérieure ».
On ne comparera pas cette "immense fortune" à celle d’un Kamel Eltaïef, ou d’un autre affairiste véreux qui a fait sa fortune grâce aux marchés de l’Etat et à l’argent de la corruption. Comparons-là plutôt à un bourgeois lambda, tel qu’un Moncef Cheikhrouhou, ancien maire de Carthage sous le régime Ben Ali, ou un Kaïs Laouiti, ou un Mohamed Abbou,…sans parler de la nouvelle « classe politique », celle qui gouverne comme celle qui s’oppose, de gauche comme de droite. Rappelons seulement que Néjib Hnane a été nommé par Salim Hamidane, le ministre du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières, qui a falsifié son CV pour se faire passer pour un avocat et qui, depuis 2011, après s’être royalement servi, distribue aux cadres et responsables d’Ennahda des lotissements et des milliers d’hectares de terre agricoles.
Maintenant que la Commission de confiscation de biens mal-acquis a publié son lumineux rapport, nous aimerions qu’elle enquête sur l’Etat mafieux qui est au pouvoir, ainsi que sur certains opposants. L’opinion tunisienne voudrait bien savoir ce que possède cette nouvelle « classe politique » en Tunisie comme à l’étranger ! Dans le cas de Marwane Mabrouk, Slim Chiboub, Sakhr El Materi et Belhassen Trabelsi, l’affaire est entendue. Mais dans le cas de Ben Ali lui-même, et jusqu’à preuve du contraire, l’argent dont on parle est une fumisterie qui ne trompe plus personne. Lorsqu’on a des milliards à l’étranger, on ne supplie pas Kadhafi d’envoyer « un peu d’argent comme dépannage ». Cela nous a été confirmé par Bachir Saleh, l’ancien homme de confiance de Kadhafi qui est aujourd’hui réfugié à l’étranger. Ben Ali a fait cette demande deux semaines après son arrivée en Arabie Saoudite.
Peut-être bien que « ses milliards » étaient encore bloqués à l’époque. Mais deux ans après le coup d’Etat du 14 janvier 2011, les enquêteurs Suisses ont démentis certaines affabulations. Les 60 millions de dollars qu’ils ont trouvé concernent l’entourage privé et professionnel de Ben Ali. C’est Frederic Burnand, journaliste de Swissinfo qui l’écrit dans son article du 21 septembre 2012 : «L’information est connue depuis le début des investigations, explique Maria-Antonella Bino, procureure générale suppléante. Comme nous l’avons communiqué à plusieurs reprises, les avoirs bloqués concernent l’entourage privé et professionnel du clan Ben Ali. » Toujours selon le journaliste suisse, «Le montant d‘environ 60 millions de dollars communiqué initialement n’a pas varié. Dans le dossier tunisien, les investigations durent depuis plus d’une année et demie. En l’état du dossier et de nos connaissances, il me semble fort peu probable de découvrir en Suisse d’autres avoirs qui auraient été volés à l’Etat tunisien », souligne Maria-Antonella Bino.
Karim Zmerli