L’ancien journaliste et présentateur d’Al-Jazeera Fayçal Al-Kacim a viré sur tribord. Défenseur acharné des soulèvements populaires dans les pays arabes en 2011, lorsqu’il officiait sur la chaîne qatarie, ce Syrien a fini par comprendre que le «printemps arabe» qu’il a défendu bec et ongles était une machination qui visait non pas à renverser les gouvernements despotiques, mais à démembrer les Etats.
Dans une tribune parue dans Al-Quds Al-Arabi, Fayçal Al-Kacim admet que l’Etat syrien «ne s’est pas effondré», quand bien même il «est affaibli». «C’est une chose positive, constate-t-il, et ceci est dans l’intérêt des Syriens quelle que soit leur tendance.» L’ancien journaliste d’Al-Jazeera exhorte les Syriens, «qu’ils soient pro-pouvoir ou dans l’opposition», à œuvrer à la «sauvegarde des institutions de l’Etat car elles n’appartiennent ni au pouvoir ni à l’opposition, mais à tous les Syriens».
La destruction des institutions de l’Etat serait une perte pour tous les Syriens et leur reconstruction nécessiterait des décennies, avertit l’ancien animateur d’Al-ittijâh al-mu’âkis (sens inverse). Fayçal Al-Kacim se défend, néanmoins, de nourrir quelque nostalgie envers les anciennes dictatures : «Je n’appelle en aucun cas ici au maintien des dictateurs qui ont poussé leur peuple à se soulever après des décennies d’oppression. Mais je me dois d’avertir quant aux conséquences du renversement des régimes d’une façon chaotique, ce qui conduit systématiquement à la chute des Etats, d’autant que la majorité des régimes dictatoriaux ont lié l’Etat et toutes ses institutions au dictateur.»
Le journaliste syrien prend comme exemple le cas libyen : «Mouammar Kadhafi n’a pas bâti des institutions solides, mais des institutions sur mesure qui n’ont pas résisté à sa chute. Kadhafi n’a pas non plus construit une armée nationale, car il avait peur de l’institution militaire», explique-t-il, ajoutant que la déchéance de Kadhafi n’a pas été suivie par la protection de l’Etat en raison, justement, de l’absence d’une armée nationale.
Ce changement radical de cet ancien animateur zélé de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera est certes tardif, mais il dénote d’une prise de conscience de nombreux journalistes et analystes qui avaient été pris dans le tourbillon de ce qu’ils croyaient être des «révolutions», mais dont ils ont désormais saisi la portée. Fayçal Al-Kacim n’est pas le seul dans ce cas. Il cite lui-même plusieurs confrères qui ont tourné casaque, estimant que s’ils devaient choisir entre «l’effondrement de l’Etat et la persistance d’un régime pour quelques années encore», ils choisiraient cette seconde option pour épargner au pays de faire un bond en arrière et de retourner à la situation antérieure à la construction de l’Etat.
Karim Bouali, Algérie-Patriotique du 17 août 2014
Pour lire l'original de l'article en arabe publié par Al-Quds al-Arabi: http://www.alquds.co.uk/?p=207399
Dans une tribune parue dans Al-Quds Al-Arabi, Fayçal Al-Kacim admet que l’Etat syrien «ne s’est pas effondré», quand bien même il «est affaibli». «C’est une chose positive, constate-t-il, et ceci est dans l’intérêt des Syriens quelle que soit leur tendance.» L’ancien journaliste d’Al-Jazeera exhorte les Syriens, «qu’ils soient pro-pouvoir ou dans l’opposition», à œuvrer à la «sauvegarde des institutions de l’Etat car elles n’appartiennent ni au pouvoir ni à l’opposition, mais à tous les Syriens».
La destruction des institutions de l’Etat serait une perte pour tous les Syriens et leur reconstruction nécessiterait des décennies, avertit l’ancien animateur d’Al-ittijâh al-mu’âkis (sens inverse). Fayçal Al-Kacim se défend, néanmoins, de nourrir quelque nostalgie envers les anciennes dictatures : «Je n’appelle en aucun cas ici au maintien des dictateurs qui ont poussé leur peuple à se soulever après des décennies d’oppression. Mais je me dois d’avertir quant aux conséquences du renversement des régimes d’une façon chaotique, ce qui conduit systématiquement à la chute des Etats, d’autant que la majorité des régimes dictatoriaux ont lié l’Etat et toutes ses institutions au dictateur.»
Le journaliste syrien prend comme exemple le cas libyen : «Mouammar Kadhafi n’a pas bâti des institutions solides, mais des institutions sur mesure qui n’ont pas résisté à sa chute. Kadhafi n’a pas non plus construit une armée nationale, car il avait peur de l’institution militaire», explique-t-il, ajoutant que la déchéance de Kadhafi n’a pas été suivie par la protection de l’Etat en raison, justement, de l’absence d’une armée nationale.
Ce changement radical de cet ancien animateur zélé de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera est certes tardif, mais il dénote d’une prise de conscience de nombreux journalistes et analystes qui avaient été pris dans le tourbillon de ce qu’ils croyaient être des «révolutions», mais dont ils ont désormais saisi la portée. Fayçal Al-Kacim n’est pas le seul dans ce cas. Il cite lui-même plusieurs confrères qui ont tourné casaque, estimant que s’ils devaient choisir entre «l’effondrement de l’Etat et la persistance d’un régime pour quelques années encore», ils choisiraient cette seconde option pour épargner au pays de faire un bond en arrière et de retourner à la situation antérieure à la construction de l’Etat.
Karim Bouali, Algérie-Patriotique du 17 août 2014
Pour lire l'original de l'article en arabe publié par Al-Quds al-Arabi: http://www.alquds.co.uk/?p=207399