A la suite de l’assassinat hier 15 décembre à Sfax de Mohamed Zouari, chacun y va de sa propre théorie ou de son commentaire. Pour le journaliste Borhen Bssaïs, qui est pourtant habituellement très sérieux, c’est le Mossad qui aurait éliminé Mohamed Zouari. Même si une chaîne de télévision privée israélienne en a parlé, cela nous semble peu probable car nous connaissons le génie israélien en matière de manipulation et de désinformation. Revendiquer un tel assassinat pour perpétuer le mythe psychologiquement dissuasif selon lequel le Mossad peut supprimer qui il veut, quand il veut et où il veut. Pour d’autres blogueurs, il s’agit d’un acte terroriste perpétré par une cellule dormante de Daech. Pour d’autres encore, c’est un militant qui défendait la cause nationale syrienne, c’est-à-dire celle du Président Bachar Al-Assad… !
Malgré nos investigations depuis hier, nous ne savons pas encore qui a exécuté Mohamed Zouari, natif de Sfax et âgée de 49 ans. Nous savons par contre qu’il n’est pas plus ingénieur ou inventeur que Brahim Kassas, même s’il a passé une année à l’ENIT. Certains imbéciles ne savent pas encore que la fabrication, ou plus exactement le montage d’un drone, est à la portée d’un enfant de quinze ans. Aujourd’hui, en Europe, on peut commander un drone d’une certaine grandeur, le recevoir chez soi en kit et le monter en quelques heures. Mohamed Zouari n’est donc pas un inventeur de drone qui menacerait la sécurité d’Israël, et les Palestiniens ne manquent pas de compétences pour fabriquer de tels engins. A plus forte raison les Iraniens.
Plus intéressant que ces affirmations ridicules, le parcourt très révélateur de Mohamed Zouari. Il s’agit d’un ancien cadre d’Ennahdha qui a fui la Tunisie à la fin de l’année 1990 pour vivre quelque temps en Libye, puis au Soudan (sous Hassan Tourabi) où il a passé six ans, ensuite en Syrie où il a fini par s’installer définitivement. Il y était connu pour être très proche du mouvement Hamas dont la direction était installée à Damas jusqu’en 2011, date à laquelle Khaled Mechaal a trahi la Syrie moyennant 300 millions de dollars payés par le Qatar où il réside depuis.
C’est justement à la suite de cette trahison que Mohamed Zouari a décidé de retourner en Tunisie en 2011 pour bénéficier, comme tous les islamistes, de la loi sur l’amnistie qui a été décrétée en mars 2011. Plutôt que de s’afficher politiquement et publiquement avec Ennahdha, celle-ci lui a confié une autre mission plus lucrative et plus stratégiquement utile au mouvement des Frère musulmans : le trafic des armes entre la Turquie, la Syrie, la Libye et la Tunisie. De sources sécuritaires, il serait même impliqué dans le recrutement des jeunes terroristes Tunisiens qui ont été expédiés en Syrie et en Irak et dont plusieurs sont déjà revenus en Tunisie. Dans ce domaine, Mohamed Zouari avait de l’expérience. Entre 1990 et 1991, c’est lui qui avait fait évader plusieurs de ses frères islamistes par les frontières algériennes et libyennes, avant de prendre le large lui-même.
Quant à ses exécutants, il est tout à fait exact qu’il s’agit principalement d’une personne étrangère résidante aux Pays Bas et de trois autres de nationalité européenne et d’origine maghrébine. Six autres complices locaux et de nationalité tunisienne seraient également dans le coup.
Pour nous, malgré l’enfumage des Frères musulmans d’Ennahdha, il s’agit ni plus ni moins que d’un règlement de compte entre bandes islamo-mafieuses tuniso-turco-libyennes. Un règlement de compte dans lequel le mouvement Ennahdha, qui n’a toujours pas publié le moindre communiqué sur son cadre disparu, ne serait pas étranger. Si la thèse du Mossad se confirme, nul autre n'aurait donné Mohamed Zouari que certains nahdaoui, car c'est eux qui détiennent la réalité du pouvoir et qui sont capables de sacrifier l'un des leurs lorsque leurs intérêts politiques l'exigent.
Lilia Ben Rejeb
Malgré nos investigations depuis hier, nous ne savons pas encore qui a exécuté Mohamed Zouari, natif de Sfax et âgée de 49 ans. Nous savons par contre qu’il n’est pas plus ingénieur ou inventeur que Brahim Kassas, même s’il a passé une année à l’ENIT. Certains imbéciles ne savent pas encore que la fabrication, ou plus exactement le montage d’un drone, est à la portée d’un enfant de quinze ans. Aujourd’hui, en Europe, on peut commander un drone d’une certaine grandeur, le recevoir chez soi en kit et le monter en quelques heures. Mohamed Zouari n’est donc pas un inventeur de drone qui menacerait la sécurité d’Israël, et les Palestiniens ne manquent pas de compétences pour fabriquer de tels engins. A plus forte raison les Iraniens.
Plus intéressant que ces affirmations ridicules, le parcourt très révélateur de Mohamed Zouari. Il s’agit d’un ancien cadre d’Ennahdha qui a fui la Tunisie à la fin de l’année 1990 pour vivre quelque temps en Libye, puis au Soudan (sous Hassan Tourabi) où il a passé six ans, ensuite en Syrie où il a fini par s’installer définitivement. Il y était connu pour être très proche du mouvement Hamas dont la direction était installée à Damas jusqu’en 2011, date à laquelle Khaled Mechaal a trahi la Syrie moyennant 300 millions de dollars payés par le Qatar où il réside depuis.
C’est justement à la suite de cette trahison que Mohamed Zouari a décidé de retourner en Tunisie en 2011 pour bénéficier, comme tous les islamistes, de la loi sur l’amnistie qui a été décrétée en mars 2011. Plutôt que de s’afficher politiquement et publiquement avec Ennahdha, celle-ci lui a confié une autre mission plus lucrative et plus stratégiquement utile au mouvement des Frère musulmans : le trafic des armes entre la Turquie, la Syrie, la Libye et la Tunisie. De sources sécuritaires, il serait même impliqué dans le recrutement des jeunes terroristes Tunisiens qui ont été expédiés en Syrie et en Irak et dont plusieurs sont déjà revenus en Tunisie. Dans ce domaine, Mohamed Zouari avait de l’expérience. Entre 1990 et 1991, c’est lui qui avait fait évader plusieurs de ses frères islamistes par les frontières algériennes et libyennes, avant de prendre le large lui-même.
Quant à ses exécutants, il est tout à fait exact qu’il s’agit principalement d’une personne étrangère résidante aux Pays Bas et de trois autres de nationalité européenne et d’origine maghrébine. Six autres complices locaux et de nationalité tunisienne seraient également dans le coup.
Pour nous, malgré l’enfumage des Frères musulmans d’Ennahdha, il s’agit ni plus ni moins que d’un règlement de compte entre bandes islamo-mafieuses tuniso-turco-libyennes. Un règlement de compte dans lequel le mouvement Ennahdha, qui n’a toujours pas publié le moindre communiqué sur son cadre disparu, ne serait pas étranger. Si la thèse du Mossad se confirme, nul autre n'aurait donné Mohamed Zouari que certains nahdaoui, car c'est eux qui détiennent la réalité du pouvoir et qui sont capables de sacrifier l'un des leurs lorsque leurs intérêts politiques l'exigent.
Lilia Ben Rejeb