Youssef Chahed : plein gaz pour une usine à vent !


13 Novembre 2016

Lors de sa récente visite à Paris, le très jeune premier ministre a eu un agenda très chargé entre le MEDEF, l’Elysée, Matignon, la Maison de Tunisie, Science-Po et les médias. Mohamed-Ali Chihi, reconduit à Moscou mais encore en poste à Paris pour quelques affaires privées ( !), peut se réjouir. Et Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, même s’il a un peu trop fait en confondant diplomatie, management, conseiller en communication et corvée de huissier, peut s’estimer heureux. Reste le bilan concret de ce déplacement agité.


D’abord une remarque de gout et de savoir vivre, qui n’aurait pas dû échapper à la belditude de Monsieur Chahed, encore moins au savoir-faire de ses deux « conseillers », Mohamed-Ali Chihi et Olivier Poivre d’Arvor : on n’arrive pas en visite officielle en France et on ne se rend pas à l’Elysée en parka d’adolescent.

Seconde remarque, qui relève de la crédibilité d’un premier ministre promettant, comme ses sept prédécesseurs, de redresser la situation économique d’un pays en faillite : on n’emprunte pas l’avion présidentiel pour un voyage de deux heures. Pour donner l’exemple, le jeune premier ministre aurait pu prendre un vol régulier de la compagnie Tunisair, dont on connait par ailleurs l’état financier !

Troisième remarque qui obéit aux traditions diplomatiques les plus élémentaires : à force de répéter sur toutes les antennes parisiennes que « la Tunisie est la seule démocratie dans la région », on risque d’énerver la « dictature » algérienne et d’indisposer la monarchie marocaine, qui a des longueurs d’avance sur le pays de Bouazizi, et pas seulement en matière de réformes démocratiques.    
Officiellement, Youssef Chahed est venu à Paris pour convaincre les milieux économiques et financiers de soutenir précisément la « jeune et seule démocratie de la région », qui a détruit en six ans les acquis d’un demi-siècle de despotisme éclairé. L’enjeu c’est de drainer le maximum de décideurs politiques et d’investisseurs à la « Conférence Tunisie 2020 », prévue pour les 29-30 novembre prochain.

Officieusement, la France a reçu Youssef Chahed parce qu’elle se croit encore à la belle époque de la France-Afrique, lorsqu’elle faisait et défaisait les roitelets et présidents africains. Elle feint d’ignorer encore la prochaine tempête qui va souffler sur son establishment sinon corrompu, du moins compromis avec les pétrodollars et grand argentiers de l’islamo-terrorisme mondial. Plutôt que de se gausser à fabriquer des mini-présidents maghrébins, les islamo-gauchistes devraient se soucier du futur président ou présidente ( !) de la République française.

Reçu au MEDEF le 9 novembre, de 20h30 à 22h, en présence de 20 personnes composants la délégation tunisienne et de 31 personnalités françaises, Youssef Chahed n’a pas vraiment convaincu les capitaines d’industrie et les milieux financiers. Ultime argument maladroit d’un néophyte : « la Tunisie pourrait vous ouvrir de grandes opportunités en Libye » !!!Un tel propos aurait été plus crédible si le fougueux Chafik Jarrawa faisait partie de la délégation tunisienne (voir leurs noms ci-dessous). La France, dont l'ex président Sarkozy a détruit la Libye, n'a pas besoin de la colonie beylicale pour pomper les richesses libyennes.

Autre réponse de politicien stagiaire, à l’un des patrons français, Philippe Delleur (Alstom) ou Patrick Guénolé (Colas Rail) qui lui demandait de commencer à rénover le secteur ferroviaire parce que les entreprises françaises ne fabriquent plus les pièces de rechange des locomotives encore en activité et que des kilomètres de chemin de fer ne sont plus dans les normes, Youssef Chahed a répondu : « le ministre des Transports n’étant pas là, nous étudierons la question ultérieurement » ! Si l’agronomie et la diplomatie ne font pas bon ménage, on espérait une meilleure coordination entre pragmatisme économique et logomachie.

A Sciences-Po, le spectacle était un peu plus excitant puisque les fiches étaient à jour. Youssef Chahed a lu une conférence qui a dû lui prendre, ainsi qu’à ses scribes tunisiens et français, plusieurs heures de préparation et de répétition. Personnes remarquées dans la salle, le petit frère musulman Houcine Jaziri, qui est chez lui à Paris où il possède trois appartements, et Iyed Dahmani, qui a fait Sciences-Po à Sidi Bouzid. Personnalité remarquée dans la salle, Olivier Poivre d’Arvor que certains ont confondu avec un agent de sécurité et que d’autres ont pris pour un placeur.

On attendra les retombées économiques et financières de cette visite qui n’a été perturbée que par l’annonce de la victoire écrasante de Donald Trump sur Hillary Clinton.

Nebil Ben Yahmed

Composition de la délégation tunisienne:
Youssef Chahed, Mohamed-Ali Chihi, Mohamed Fadhel Abdelkéfi, Salma Elloumi Rekik, Iyed Dahmani, Radhouane Ayara, Tarek Ben Salem, Mohamed Mezghanni, Ouided Bouchamaoui, Zohra Driss, Slim Ghorbel, Kaïs Sellami, Nabgha Salem, Naceur Jelili, Abdessalem Ben Ayed, Chekib Nouira, Foued Lakhoua, Radhi Meddeb, Kamel Neji, Anis Riahi, Sarah Khechine.

Composition de la délégation française:
Olivier Poivre d’Arvor, Bruno Delaye, Christophe Donon, Christian Mantei, Mourad Majoul, Cyril Bergerault, Samira Labidi, Mohamed Ayachi Ajroudi, Patrick Guénolé, Alain Penanguer, Philippe Belin, Christophe Blanc, Régis Prunier, Alexandra Zapolsky, Ali Chérif Elaouani, Alain Taïeb, Thomas Courbe, Antoine Basbous, Ramon Fernandez, Jérome Billerey, Thibault de Lambert, Thierry Goux, Wissem Attia, Eric Hayat, Alexis Dalem, Patricia Buisson Hays Narbonne, Yves Thibault de Silguy, Pierre Gattaz, Dorothée Pineau, Philippe Gautier, Antoine de Gaullier.