Une élue d’Ennahda confirme que son parti a appelé à voter pour le CPR (vidéo)


14 Juin 2014

Comme nous l’avons toujours affirmé, sans la consigne électorale d’Ennahda, le CPR de Moncef Marzouki aurait fait, lors de la mascarade électorale du 23 octobre 2011, un score encore inférieure à celui de Hamma Hammami. Par inadvertance, une élue d’Ennahda vient de révéler ce secret bien gardé.


Sonia Toumia, la députée islamiste par qui le scandale arrive.
Le 12 juin 2014, sur la chaîne de télévision Tounesna, Sonia Toumia a confirmé ce que beaucoup de Tunisiens savaient déjà depuis trois ans, à savoir que son parti Ennahda avait établi une alliance avec Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar et le CPR de Moncef Marzouki. Plus grave encore, qu’Ennahda avait appelé à voter pour le CPR.

Sonia Toumia a, en effet, déclaré que « les militants d’Ennahdha ont appelé d’une manière très claire à voter CPR et que tout cela est enregistré en vidéos ». En d’autres termes, plus qu’une alliance tactique ou stratégique entre deux partis, il s’agit d’un transfert de voix islamistes vers le CPR.

C’est exactement ce qui s’est passé en octobre 2011, lors de cette mascarade électorale qui a été présentée comme « la première élection démocratique et transparente en Tunisie », et qui a été organisée et supervisée par des ONG américaines, sous la couverture locale de l’ISIE, un machin dirigée alors par un certain Kamel Jendoubi et sa clique parisienne.

Ce tour de passe-passe, nous l’avions dénoncé à l’époque en citant le témoignage d’un cadre à la Banque centrale qui nous a raconté que dès l’ouverture de la campagne électorale le 1er octobre 2011, les militants d’Ennahda au sein de la BCT faisaient du lobbying auprès de leurs collègues pour qu’ils votent Ennahda. Mais, comme par hasard, une semaine avant la clôture de la campagne électorale, le 21 octobre, les mêmes militants nahdaouis n’appelaient plus à voter pour Ennahda mais pour le CPR, qui est, dès sa naissance en 2001, la vitrine « laïque » du mouvement islamiste.

L’explication de ce changement subite est simple : donné pour gagnant par tous les instituts de sondage, assuré d’avoir fait le plein nécessaire, le parti Ennahda, sous le conseil de ses stratèges anglo-saxons, a préféré une victoire relative à une victoire massive, pour ne pas effrayer les Tunisiens et désarçonner certains médias occidentaux qui avaient fait l’éloge du « printemps arabe » et juré que la Tunisie ne basculerait jamais dans l’islamisme, fut-il des plus « modéré ».

Ce stratagème dans lequel s’est compromise l’ISIE a parfaitement réussi. Malgré ce transfert in-extremis de voix islamistes vers le CPR, celui-ci a obtenu 8,6% des voix exprimées. Dans le gouvernorat de Nabeul où il s’était présenté, Moncef Marzouki n’a obtenu que 7000 voix. Dans une lettre ouverte à Moncef Marzouki, publiée dans Le Maghreb du 8 décembre 2011, Amor S’Habou a été le premier à dénoncer cette escroquerie électorale qui a conduit un imposteur à la tête d’une République devenue bananière.

La question qui se pose est dès lors la suivante : et si le CPR n’avait pas bénéficié des voix islamistes, quel score aurait-il obtenu ? Sans doute un score leucémique, bien derrière celui d’Ahmed Néjib Chebbi, ou celui de Hamma Hammami, ou celui de Kamel Morjane, ou celui de Slim Riahi, ou encore celui d’Abdelwahab el-Héni !

Question subsidiaire : lors des prochaines élections, pour qui iront les voix au rabais du parti Ennahda ? Certainement pas pour Moncef Marzouki, que Rached Ghannouchi regrette encore aujourd’hui d’avoir porté à la présidence de la République. Parmi les candidats à la présidence, le chef suprême d’Ennahda a l'embarras du choix !

Lilia Ben Rejeb

Vidéo de Sonia Toumia : http://www.youtube.com/watch?v=7jcON51BJZQ