Deux ans sont passés depuis cette fameuse journée du 14 janvier 2011, et on ne sait toujours pas ce qui s’est réellement passé ce jour-là. On a eu droit à plusieurs versions plus ou moins cohérentes mais assez confuses. Ce sont les médias étrangers qui commencent pourtant à donner leurs premières versions des faits : coup d’Etat militaire orchestré par le Pentagone en collaboration avec la CIA, le Général Ammar et l’ancien ministre des Affaires Etrangères Kamel Morjane contactés par de hauts responsables du Département d’Etat Américain et priés de faire « dégager » Ben Ali, …Après de longues et fines investigations, cette théorie semble manquer d’éléments.
Peu de temps après, on a eu droit aux déclarations de l’ancien ministre de la Défense Nationale Ridha Grira. Cet homme politique, inconnu jusqu’alors au peuple tunisien, est sorti de l’ombre pour donner sa version des faits. Sa sortie a été plus ou moins contestée et les raisons remontent au temps où M.Grira était à la tête du ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, un ministère sévèrement critiqué pour les services rendus à la famille « royale ». M.Grira avait donné une version discutable, volontairement cisaillée. La version de M.Grira a été complétée par celle du chirurgien Borhane Belkhiria.
Six mois plus tard, on a assisté à un matraquage médiatique finement ficelé par le fils du Général Ali Sériati. Tout le monde, ou presque, a compris que le fils du Général voulait coûte que coûte sauver la peau de son père, quitte à impliquer l’armée et à sa tête M. Grira dans les tueries qui ont suivi le départ du Président Ben Ali. Mais en s’attaquant à l’ancien ministre de la Défense, le fils de Sériati a commis une erreur monumentale qui lui a coûté chère. En effet, en opérant de la sorte, le fils du Général a éveillé les soupçons quant au vrai rôle joué par le ministre de la Défense. Tous les analystes affirment que derrière cet acharnement se cache une vérité qu’on veut à tout prix enterrer. Ceci est d’autant plus vrai qu’il y a deux mois, un document, classé jusqu’ alors « Secret Défense », faisant état des derniers échanges téléphoniques qui ont eu lieu entre l’ancien Président Ben Ali et son ministre de la Défense (qui n’est d’autre que M. Grira) d’une part et entre ce dernier et le commandant de l’avion présidentiel Mahmoud Chikhrouhou d’autre part, a fuité dans la presse (lien : http://www.tunisie-secret.com/Exclusif-l-echange-telephonique-qui-a-scelle-le-destin-de-la-Tunisie_a104.html). Le document a révélé les décisions prises essentiellement par le ministre de la Défense et dont tout le monde connait les conséquences : le retour de l’avion présidentiel sans le Président. Ces révélations ont fait naturellement le buzz sur les réseaux sociaux et la une de tous les médias. Ce document, dont son originalité a été remise en question au départ, a été par la suite authentifié par des experts du domaine. Mieux encore, c’est le Président Zine El Abidine Ben Ali en personne, via un communiqué officiel rendu par son avocat M. Azoury, qui a confirmé son contenu (lien : http://www.tunisie-secret.com/Par-la-voix-de-son-avocat-libanais-Ben-Ali-confirme-l-authenticite-du-document-que-nous-avons-publie-en-exclusivite_a140.html).
Pourquoi M. Grira a-t-il caché les échanges téléphoniques qu’il a eu avec le Président Ben Ali ? Pourtant ces fameux échanges ont fait de ce modeste personnage un héros de la journée du 14 janvier 2011.
Pour comprendre l’attitude de M.Grira, qui dois-je le mentionner est diplômé de la prestigieuse Ecole d’Administration de Paris (ENA) et de l’école Centrale de Paris, il faut revenir à ses premières et uniques déclarations qui remontent au mois de mars 2011. Lors de son intervention, M.Grira avait relaté les faits qui ont marqué la journée du 14 janvier, se contentant d’annoncer qu’il était derrière l’arrestation du patron de la garde présidentielle le Général Ali Sériati pour des raisons qui restent encore floues. Tous ceux qui ont suivi l’intervention de l’ancien Ministre à la radio, tous ceux qui ont lu ses déclarations publiées sur les colonnes du quotidien tunisien « EL Chourouk » ont rapidement compris qu’Ali Sériati préparait un coup d’état. Mais est-ce vraiment le seul message que M.Grira voulait faire passer aux tunisiens? Non ! En effet, il faut être très naïf pour croire que les révélations de M. Grira sont vides de sous-entendus. Ce sont ces mêmes sous-entendus qui nous ont par la suite interpellés lorsqu’on a vu l’ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi revenir sur ses premières déclarations. Cette même personne qui, deux ans auparavant, avait déclaré avoir évité de justesse un bain de sang (http://www.youtube.com/watch?v=r4vv2IF-zwg), s’est vue par la suite se rétracter. En effet, lors d’une émission télévisée (http://www.youtube.com/watch?v=euoMaIdWDN8), M. Ghannouchi a voulu nous faire croire que la journée du 14 janvier était une journée ordinaire et a même fini par dire que l’accueil qui lui a été réservé au palais présidentiel était « très chaleureux » et que son intervention à la télé nationale s’est passée dans « de bonnes conditions ». Pourquoi M. Ghannouchi a-t-il subitement changé de versions ; lui qui connait plus que n’importe qui d’autre ce qui s’est réellement passé ce jour-là au palais présidentiel en présence de quelques personnes armées ? Pourquoi M. Béji Caïd Essebsi a-t-il connu, lui aussi, le même sort ; lui qui avait annoncé le jour de sa désignation à la tête du troisième gouvernement de transition qu’il allait juger les vrais comploteurs ? Tout porte à croire que ces deux hommes ont subi de réelles pressions, voire de réelles menaces afin d’étouffer cette histoire. Les questions qui se posent alors : qui sont ces personnes qui arrivent à menacer deux Premiers ministres jusqu’à les faire changer de versions ? Quelle influence, ou moyens de pressions, avaient-ils au juste sur le pouvoir qui était en place ? Que voulaient-ils cacher ?
Toute l’affaire tourne autour de M.Grira, l’homme clé de la journée du 14 janvier, et son arrestation toujours inexpliquée et ordonnée par le Premier ministre Béji Caïd Essebsi. En effet, tous les juges que j’ai pu rencontrer m’ont révélé que les dossiers de M. Grira étaient « vides » et s’accordent tous à dire que toutes les actions en justice intentées contre M. Grira dans le cadre de la soixantaine d’affaires dans lesquelles il est poursuivi en sa qualité d’ancien Ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières étaient infondées. Pourquoi M. Grira est-il dans ce cas toujours en état d’arrestation ? Clairement, l’arrestation de l’ancien patron de la Défense Nationale dans les affaires citées ci-dessus n’est que la partie visible de l’iceberg.
Un haut responsable militaire retraité m’a confié que l’arrestation de M. Grira est liée à la journée du 14 janvier. Sa rencontre était conditionnée par la préservation de son anonymat. En voici l’intégralité de ses révélations :
J : M. Grira est-il impliqué dans les évènements du 14 janvier ?
M : Non ! Mais M.Grira en sait beaucoup, pour ne pas dire tout, sur ce qui s’est passé ce jour-là ! il sait très bien qui était derrière l’arrestation des Trabelsi à l’aéroport de Carthage alors qu’ils s’apprêtaient à fuir le pays, connait très bien la personne qui a envoyé des milices pour dévaliser les maisons des Trabelsi afin de faire croire au président Ben Ali que la situation a dégénéré et que sa sécurité n’était plus du tout assurée, il sait très bien qui a donné l’ordre à la polices et aux forces d’intervention le 13 janvier au soir de déposer les armes dans les locaux de stockage d’armes de l’armée pour faire croire à un coup d’état militaire. Il sait beaucoup d’autres choses qui peuvent compromettre de hauts responsables et changer même le cours de ce que vous appelez le « printemps arabe ». On a poussé M. Grira à parler de la journée du 14 janvier dans les médias et c’était un piège ! »
J : Qui a poussé M. Grira à faire une chose pareille alors que tout le monde sait qu’il était très respecté au sein de l’armée et du gouvernement qui était en place et à sa tête M. Essebsi ?
M : C’est l’ancien ministre qu’il l’a poussé à parler. Les rumeurs battaient leurs pleins à cette époque. Les gens se racontaient que si le parti islamiste d’Ennahdha remporte les élections alors l’armée serait contrainte de « s’installer à Carthage ». Cette rumeur s’est intensifiée lorsque l’ancien Ministre de l’Intérieur s’est prononcé sur ce sujet. Tout le monde pensait que le Général Ammar avait joué un rôle politique durant les événements du 14 janvier alors que c’est faux. Toutes les décisions politiques ont été prises par Si (Monsieur en langue Arabe) Ridha. Tout le monde le savait sauf « le peuple ». Donc M. Essebsi, via Kamel Eltaief, a poussé Si Ridha à parler aux médias dans le but de donner plus d’éclaircissement sur le rôle qu’il a joué et ainsi « débarrasser » le Général Ammar d’une grande pression qui pesait sur son dos. Sauf que, ni Si Ridha ni El Béji ne s’attendait à la contre-attaque que leur réservait le Général Sériati.
J : Le Général Sériati était en état d’arrestation lorsque M.Grira a parlé pour la première fois aux médias. Comment aurait-il pu orchestrer cette « contre-attaque »?
M : Certes ! Mais son fils et ses lieutenants ne l’étaient pas. Et ses derniers restent toujours très influents.
J : Vous voulez dire, si j’ai bien compris, que M.Essebsi a lâché M. Grira ?
M : Exactement !
J : Pourquoi ne l’a-t-il pas protégé comme il l’a fait avec bon nombre d’hommes politiques et d’hommes d’affaires?
M : C’est vrai ! Mais il faut se mettre dans le même contexte qu’il y a deux ans pour pouvoir comprendre. En fait, El Béji avait des ambitions politiques et envisageait de rester au pouvoir même après les élections. Il voulait être le premier Président de la République Tunisienne d’après ce que vous appelez « la révolution du jasmin ». Plusieurs partis voulaient qu’El Béji occupe « Carthage » après les élections car le consensus autour de ce poste s’annonçait au départ très difficile. De ce fait, El Béji devait redorer son image auprès des tunisiens. Et comme Si Ridha était à cette époque dans la ligne de mire de tous les médias pour ces affaires ridicules de domaines de l’état, il a choisi de le sacrifier car c’était le seul et unique « gros poisson » qui était encore en liberté . Son arrestation avait fait, comme prévu, grand bruit. El Beji a fait, donc d’une pierre deux coups : d’une part, il a ordonné l’arrestation du soi-disant cerveau des montages fonciers douteux au sein du Ministère des domaines de l’Etat et d’autre part a donné l’assurance suffisante aux personnes impliquées dans les événements du 14 janvier pour que Si Ridha ne parle plus pour un bon bout de temps.
J : Pourquoi M.Essebsi chercherait-il à protéger des gens qui voulaient anéantir le pays ?
M : Encore une fois, il faut se remettre dans le contexte des faits. El Béji voulait mener le pays dans les meilleures conditions aux élections afin de montrer à ceux qui lui ont promis la présidence que c’est un bon leader. Et qui dit calme, dit mesure de sécurité renforcée…
J : Vous sous entendez que les personnes qui ont fait pression sur M. Essebsi faisait partie du corps sécuritaire ?
M : Parfaitement !
J : Donc si j’ai bien compris, M. Grira dérange plus d’une personne et son arrestation n’a rien à voir avec les affaires des domaines de l’Etat ?
M : Parfaitement. Et d’ailleurs vous pouvez demander à tous ceux qui ont travaillé avec lui au sein de ce ministère. Ils en savent quelques choses sur ce Grand Commis de l’Etat et la grande différence entre Si Ridha, son prédécesseur et son successeur.
J : N’êtes-vous pas en train de prendre la défense de M.Grira?
Après un long sourire ironique il répondit :
M : Un jour viendra et les tunisiens sauront ce que Si Ridha a fait le jour du 14 janvier au soir. Ce jour-là vous allez surement vous rappeler de tout ce que je viens de vous dire.
J : vous m’avez l’air d’être très confient et sûr de vous ?
M : je suis musulman et je crois fermement en dieu. Le bon dieu ne laisse jamais tomber les honnêtes et braves personnes comme Si Ridha. Ce jour-là, on aurait pu tous y passer au moment où « le peuple » fêtait ça soi-disant « révolution ». En cette période délicate l’armée a retrouvé ces bons et loyaux généraux à l’instar du Général Ammar et du Général Chébir mais a trouvé aussi un vrai Homme d’Etat et une personne digne de notre ministère comme Si Ridha qui a mis toutes les tentations de côté pour essayer de diriger le pays comme un vrai chef d’Etat. L’avenir vous le montrera et j’espère que je serai encore en vie pour voir votre réaction cher ami.
J : Pourquoi la justice tunisienne ne lève-t-elle pas, une fois pour toute, le voile sur cette affaire qui remonte à plus de deux ans en arrière maintenant ?
M : Une fois Henry Kissinger, ancien conseiller à la Défense nationale puis Secrétaire d’État dans l’administration du Président Américain Nixon, devait répondre à une question pareille concernant la guerre du Vietnam et le rôle qu’a joué la CIA lors de ce conflit. Et savez-vous quelle était sa réponse ?
J : Non !
M : Il a dit : « toutes ces histoires ne sont que la partie visible de l’iceberg. Si elles sortent, le sang va couler »
J : Je vois. Donc il y a vraiment des choses très délicates et surtout très compromettantes à cacher tant que le pays est instable ?
M : Parfaitement
J : Un dernier mot !
M : je souhaite que la Tunisie se remette le plutôt possible de la misère et de l’injustice qu’elle est en train de vivre et je souhaite dire à Si Ridha qu’il n’a pas à s’inquiéter pour ses affaires. C’est un homme intègre et honnête. L’armée sera toujours à ses côtés pour les services qu’il lui a rendu durant la période où il était à la tête de son ministère et surtout pour les services qu’il a rendu au pays durant les événements du 14 janvier.
Ce témoignage inédit d’un haut responsable militaire n’est qu’une preuve de plus qu’il y a encore des zones d’ombres qui entourent la journée du 14 janvier 2011. Néanmoins, une chose est certaine : la Tunisie a frôlé la guerre civile. Incontestablement, M. Grira, le Général Ammar et le Général Chébir ont joué un rôle majeur durant ses événements. Les décisions prises par ce trio ont sauvé la Tunisie et lui ont épargné un bain de sang. Une question reste cependant sans réponse : qui pourrait en vouloir à M. Grira au point de monter la justice et l’opinion publique contre lui ?
Tunisie-Secret.com
Peu de temps après, on a eu droit aux déclarations de l’ancien ministre de la Défense Nationale Ridha Grira. Cet homme politique, inconnu jusqu’alors au peuple tunisien, est sorti de l’ombre pour donner sa version des faits. Sa sortie a été plus ou moins contestée et les raisons remontent au temps où M.Grira était à la tête du ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, un ministère sévèrement critiqué pour les services rendus à la famille « royale ». M.Grira avait donné une version discutable, volontairement cisaillée. La version de M.Grira a été complétée par celle du chirurgien Borhane Belkhiria.
Six mois plus tard, on a assisté à un matraquage médiatique finement ficelé par le fils du Général Ali Sériati. Tout le monde, ou presque, a compris que le fils du Général voulait coûte que coûte sauver la peau de son père, quitte à impliquer l’armée et à sa tête M. Grira dans les tueries qui ont suivi le départ du Président Ben Ali. Mais en s’attaquant à l’ancien ministre de la Défense, le fils de Sériati a commis une erreur monumentale qui lui a coûté chère. En effet, en opérant de la sorte, le fils du Général a éveillé les soupçons quant au vrai rôle joué par le ministre de la Défense. Tous les analystes affirment que derrière cet acharnement se cache une vérité qu’on veut à tout prix enterrer. Ceci est d’autant plus vrai qu’il y a deux mois, un document, classé jusqu’ alors « Secret Défense », faisant état des derniers échanges téléphoniques qui ont eu lieu entre l’ancien Président Ben Ali et son ministre de la Défense (qui n’est d’autre que M. Grira) d’une part et entre ce dernier et le commandant de l’avion présidentiel Mahmoud Chikhrouhou d’autre part, a fuité dans la presse (lien : http://www.tunisie-secret.com/Exclusif-l-echange-telephonique-qui-a-scelle-le-destin-de-la-Tunisie_a104.html). Le document a révélé les décisions prises essentiellement par le ministre de la Défense et dont tout le monde connait les conséquences : le retour de l’avion présidentiel sans le Président. Ces révélations ont fait naturellement le buzz sur les réseaux sociaux et la une de tous les médias. Ce document, dont son originalité a été remise en question au départ, a été par la suite authentifié par des experts du domaine. Mieux encore, c’est le Président Zine El Abidine Ben Ali en personne, via un communiqué officiel rendu par son avocat M. Azoury, qui a confirmé son contenu (lien : http://www.tunisie-secret.com/Par-la-voix-de-son-avocat-libanais-Ben-Ali-confirme-l-authenticite-du-document-que-nous-avons-publie-en-exclusivite_a140.html).
Pourquoi M. Grira a-t-il caché les échanges téléphoniques qu’il a eu avec le Président Ben Ali ? Pourtant ces fameux échanges ont fait de ce modeste personnage un héros de la journée du 14 janvier 2011.
Pour comprendre l’attitude de M.Grira, qui dois-je le mentionner est diplômé de la prestigieuse Ecole d’Administration de Paris (ENA) et de l’école Centrale de Paris, il faut revenir à ses premières et uniques déclarations qui remontent au mois de mars 2011. Lors de son intervention, M.Grira avait relaté les faits qui ont marqué la journée du 14 janvier, se contentant d’annoncer qu’il était derrière l’arrestation du patron de la garde présidentielle le Général Ali Sériati pour des raisons qui restent encore floues. Tous ceux qui ont suivi l’intervention de l’ancien Ministre à la radio, tous ceux qui ont lu ses déclarations publiées sur les colonnes du quotidien tunisien « EL Chourouk » ont rapidement compris qu’Ali Sériati préparait un coup d’état. Mais est-ce vraiment le seul message que M.Grira voulait faire passer aux tunisiens? Non ! En effet, il faut être très naïf pour croire que les révélations de M. Grira sont vides de sous-entendus. Ce sont ces mêmes sous-entendus qui nous ont par la suite interpellés lorsqu’on a vu l’ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi revenir sur ses premières déclarations. Cette même personne qui, deux ans auparavant, avait déclaré avoir évité de justesse un bain de sang (http://www.youtube.com/watch?v=r4vv2IF-zwg), s’est vue par la suite se rétracter. En effet, lors d’une émission télévisée (http://www.youtube.com/watch?v=euoMaIdWDN8), M. Ghannouchi a voulu nous faire croire que la journée du 14 janvier était une journée ordinaire et a même fini par dire que l’accueil qui lui a été réservé au palais présidentiel était « très chaleureux » et que son intervention à la télé nationale s’est passée dans « de bonnes conditions ». Pourquoi M. Ghannouchi a-t-il subitement changé de versions ; lui qui connait plus que n’importe qui d’autre ce qui s’est réellement passé ce jour-là au palais présidentiel en présence de quelques personnes armées ? Pourquoi M. Béji Caïd Essebsi a-t-il connu, lui aussi, le même sort ; lui qui avait annoncé le jour de sa désignation à la tête du troisième gouvernement de transition qu’il allait juger les vrais comploteurs ? Tout porte à croire que ces deux hommes ont subi de réelles pressions, voire de réelles menaces afin d’étouffer cette histoire. Les questions qui se posent alors : qui sont ces personnes qui arrivent à menacer deux Premiers ministres jusqu’à les faire changer de versions ? Quelle influence, ou moyens de pressions, avaient-ils au juste sur le pouvoir qui était en place ? Que voulaient-ils cacher ?
Toute l’affaire tourne autour de M.Grira, l’homme clé de la journée du 14 janvier, et son arrestation toujours inexpliquée et ordonnée par le Premier ministre Béji Caïd Essebsi. En effet, tous les juges que j’ai pu rencontrer m’ont révélé que les dossiers de M. Grira étaient « vides » et s’accordent tous à dire que toutes les actions en justice intentées contre M. Grira dans le cadre de la soixantaine d’affaires dans lesquelles il est poursuivi en sa qualité d’ancien Ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières étaient infondées. Pourquoi M. Grira est-il dans ce cas toujours en état d’arrestation ? Clairement, l’arrestation de l’ancien patron de la Défense Nationale dans les affaires citées ci-dessus n’est que la partie visible de l’iceberg.
Un haut responsable militaire retraité m’a confié que l’arrestation de M. Grira est liée à la journée du 14 janvier. Sa rencontre était conditionnée par la préservation de son anonymat. En voici l’intégralité de ses révélations :
J : M. Grira est-il impliqué dans les évènements du 14 janvier ?
M : Non ! Mais M.Grira en sait beaucoup, pour ne pas dire tout, sur ce qui s’est passé ce jour-là ! il sait très bien qui était derrière l’arrestation des Trabelsi à l’aéroport de Carthage alors qu’ils s’apprêtaient à fuir le pays, connait très bien la personne qui a envoyé des milices pour dévaliser les maisons des Trabelsi afin de faire croire au président Ben Ali que la situation a dégénéré et que sa sécurité n’était plus du tout assurée, il sait très bien qui a donné l’ordre à la polices et aux forces d’intervention le 13 janvier au soir de déposer les armes dans les locaux de stockage d’armes de l’armée pour faire croire à un coup d’état militaire. Il sait beaucoup d’autres choses qui peuvent compromettre de hauts responsables et changer même le cours de ce que vous appelez le « printemps arabe ». On a poussé M. Grira à parler de la journée du 14 janvier dans les médias et c’était un piège ! »
J : Qui a poussé M. Grira à faire une chose pareille alors que tout le monde sait qu’il était très respecté au sein de l’armée et du gouvernement qui était en place et à sa tête M. Essebsi ?
M : C’est l’ancien ministre qu’il l’a poussé à parler. Les rumeurs battaient leurs pleins à cette époque. Les gens se racontaient que si le parti islamiste d’Ennahdha remporte les élections alors l’armée serait contrainte de « s’installer à Carthage ». Cette rumeur s’est intensifiée lorsque l’ancien Ministre de l’Intérieur s’est prononcé sur ce sujet. Tout le monde pensait que le Général Ammar avait joué un rôle politique durant les événements du 14 janvier alors que c’est faux. Toutes les décisions politiques ont été prises par Si (Monsieur en langue Arabe) Ridha. Tout le monde le savait sauf « le peuple ». Donc M. Essebsi, via Kamel Eltaief, a poussé Si Ridha à parler aux médias dans le but de donner plus d’éclaircissement sur le rôle qu’il a joué et ainsi « débarrasser » le Général Ammar d’une grande pression qui pesait sur son dos. Sauf que, ni Si Ridha ni El Béji ne s’attendait à la contre-attaque que leur réservait le Général Sériati.
J : Le Général Sériati était en état d’arrestation lorsque M.Grira a parlé pour la première fois aux médias. Comment aurait-il pu orchestrer cette « contre-attaque »?
M : Certes ! Mais son fils et ses lieutenants ne l’étaient pas. Et ses derniers restent toujours très influents.
J : Vous voulez dire, si j’ai bien compris, que M.Essebsi a lâché M. Grira ?
M : Exactement !
J : Pourquoi ne l’a-t-il pas protégé comme il l’a fait avec bon nombre d’hommes politiques et d’hommes d’affaires?
M : C’est vrai ! Mais il faut se mettre dans le même contexte qu’il y a deux ans pour pouvoir comprendre. En fait, El Béji avait des ambitions politiques et envisageait de rester au pouvoir même après les élections. Il voulait être le premier Président de la République Tunisienne d’après ce que vous appelez « la révolution du jasmin ». Plusieurs partis voulaient qu’El Béji occupe « Carthage » après les élections car le consensus autour de ce poste s’annonçait au départ très difficile. De ce fait, El Béji devait redorer son image auprès des tunisiens. Et comme Si Ridha était à cette époque dans la ligne de mire de tous les médias pour ces affaires ridicules de domaines de l’état, il a choisi de le sacrifier car c’était le seul et unique « gros poisson » qui était encore en liberté . Son arrestation avait fait, comme prévu, grand bruit. El Beji a fait, donc d’une pierre deux coups : d’une part, il a ordonné l’arrestation du soi-disant cerveau des montages fonciers douteux au sein du Ministère des domaines de l’Etat et d’autre part a donné l’assurance suffisante aux personnes impliquées dans les événements du 14 janvier pour que Si Ridha ne parle plus pour un bon bout de temps.
J : Pourquoi M.Essebsi chercherait-il à protéger des gens qui voulaient anéantir le pays ?
M : Encore une fois, il faut se remettre dans le contexte des faits. El Béji voulait mener le pays dans les meilleures conditions aux élections afin de montrer à ceux qui lui ont promis la présidence que c’est un bon leader. Et qui dit calme, dit mesure de sécurité renforcée…
J : Vous sous entendez que les personnes qui ont fait pression sur M. Essebsi faisait partie du corps sécuritaire ?
M : Parfaitement !
J : Donc si j’ai bien compris, M. Grira dérange plus d’une personne et son arrestation n’a rien à voir avec les affaires des domaines de l’Etat ?
M : Parfaitement. Et d’ailleurs vous pouvez demander à tous ceux qui ont travaillé avec lui au sein de ce ministère. Ils en savent quelques choses sur ce Grand Commis de l’Etat et la grande différence entre Si Ridha, son prédécesseur et son successeur.
J : N’êtes-vous pas en train de prendre la défense de M.Grira?
Après un long sourire ironique il répondit :
M : Un jour viendra et les tunisiens sauront ce que Si Ridha a fait le jour du 14 janvier au soir. Ce jour-là vous allez surement vous rappeler de tout ce que je viens de vous dire.
J : vous m’avez l’air d’être très confient et sûr de vous ?
M : je suis musulman et je crois fermement en dieu. Le bon dieu ne laisse jamais tomber les honnêtes et braves personnes comme Si Ridha. Ce jour-là, on aurait pu tous y passer au moment où « le peuple » fêtait ça soi-disant « révolution ». En cette période délicate l’armée a retrouvé ces bons et loyaux généraux à l’instar du Général Ammar et du Général Chébir mais a trouvé aussi un vrai Homme d’Etat et une personne digne de notre ministère comme Si Ridha qui a mis toutes les tentations de côté pour essayer de diriger le pays comme un vrai chef d’Etat. L’avenir vous le montrera et j’espère que je serai encore en vie pour voir votre réaction cher ami.
J : Pourquoi la justice tunisienne ne lève-t-elle pas, une fois pour toute, le voile sur cette affaire qui remonte à plus de deux ans en arrière maintenant ?
M : Une fois Henry Kissinger, ancien conseiller à la Défense nationale puis Secrétaire d’État dans l’administration du Président Américain Nixon, devait répondre à une question pareille concernant la guerre du Vietnam et le rôle qu’a joué la CIA lors de ce conflit. Et savez-vous quelle était sa réponse ?
J : Non !
M : Il a dit : « toutes ces histoires ne sont que la partie visible de l’iceberg. Si elles sortent, le sang va couler »
J : Je vois. Donc il y a vraiment des choses très délicates et surtout très compromettantes à cacher tant que le pays est instable ?
M : Parfaitement
J : Un dernier mot !
M : je souhaite que la Tunisie se remette le plutôt possible de la misère et de l’injustice qu’elle est en train de vivre et je souhaite dire à Si Ridha qu’il n’a pas à s’inquiéter pour ses affaires. C’est un homme intègre et honnête. L’armée sera toujours à ses côtés pour les services qu’il lui a rendu durant la période où il était à la tête de son ministère et surtout pour les services qu’il a rendu au pays durant les événements du 14 janvier.
Ce témoignage inédit d’un haut responsable militaire n’est qu’une preuve de plus qu’il y a encore des zones d’ombres qui entourent la journée du 14 janvier 2011. Néanmoins, une chose est certaine : la Tunisie a frôlé la guerre civile. Incontestablement, M. Grira, le Général Ammar et le Général Chébir ont joué un rôle majeur durant ses événements. Les décisions prises par ce trio ont sauvé la Tunisie et lui ont épargné un bain de sang. Une question reste cependant sans réponse : qui pourrait en vouloir à M. Grira au point de monter la justice et l’opinion publique contre lui ?
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