Le Tartour national et le mercenaire No 1 du Qatar, et l'ancien Président de la République.
A l’origine de cette information pour les uns et désinformation pour d’autres, un passage de quelques lignes dans le livre de Leila Ben Ali, « Ma vérité », publié aux éditions Du Moment en 2012. Le rédacteur de ce livre est en réalité Yves Derai, qui a recueilli le témoignage enregistré de l’ex-dame forte pour le transcrire et le publier dans sa propre maison d’édition.
Yves Derai est un journaliste français d’origine algérienne. Avant de devenir grand reporter au « Nouvel Economiste », il a dirigé « La Tribune Juive », ensuite la rédaction de BFM radio. Depuis 2006, il le directeur des éditions Du Moment dont il est le fondateur. Il est co-auteur de plusieurs livres, notamment « Mitterrand, Israël et les Juifs », éd. Robert Laffont, 1990, « Villepin. L’homme qui s’aimait trop », éd. L’Archipel, 2005, et « Carla et les ambitieux », éd. Du Moment, 2010.
Dans ce livre, Leila Ben Ali affirme (page 177) que son mari a reçu Moncef Marzouki « au palais, début 2010 ». Elle précise que, « A l’époque, Marzouki ne s’était pas montré belliqueux à l’égard du régime. Il n’était plus menacé de comparaitre devant aucun tribunal, et il est parti de son plein gré en France, d’où il pouvait revenir quand il voulait. Sauf qu’il disait à qui voulait l’entendre : Je ne peux pas rentrer en Tunisie, je n’ai pas confiance en Ben Ali ».
Au début, ce n’était pas difficile pour les adeptes du CPR et les apologistes de Marzouki (Mohamed Abbou, Abderraouf Ayadi, Samir Ben Amor, Tahar Hmila, Neziha Rejiba, Salim Ben Hamidane, Aziz Krichen, Sihem Ben Sedrine…) de démentir les propos de Leila Ben Ali. Discréditée aux yeux de l’opinion tunisienne, ses « révélations » n’avaient aucune chance de les persuader, encore moins de les influencer. Mais dès que l’intellectuel Safi Saïd a affirmé sur une chaine de télévision tunisienne -en réaction au « Livre noir » où il a été cité-, que Moncef Marzouki a rencontré Ben Ali en 2010, l’affaire a pris une autre tournure.
Récemment encore, le 12 décembre 2014, sur sa page facebook, la journaliste tunisienne Boutheïna Jabnoun, qui vit à Abou Dhabi, a écrit en arabe : « Je le jure sur Dieu que Marzouki a été reçu par l’ex-président Ben Ali l’été 2010 pour discuter certains dossiers relatifs aux libertés et aux droits de l’homme et ceci est archivé à la télévision Canal 7 qui avait diffusé cette rencontre dans son journal télévisé. Monsieur Mohsen Réhaïm, chef du protocole à l’époque, est témoin de cette rencontre. L’attitude de Moncef Marzouki, qui murmurait des propos bizarres, avait alors interpellé Ben Ali quant à la santé mentale de son invité, au point d’en parler à son épouse le soir même. Cette rencontre a eu lieu au palais de Carthage et non pas à la résidence de Hammamet comme certains l’ont prétendu. Pourquoi donc Moncef Marzouki continue t-il à nier cette rencontre lors de laquelle il avait demandé quelques faveurs à Ben Ali, lequel y a favorablement répondu pour l’intérêt national ? Adnène Mansar aussi le nit, malgré que la date de cette rencontre est archivée ».
Dans son dernier numéro, L’Audace a aussi évoqué cette affaire en confirmant la rencontre secrète. Son directeur Slim Bagga, ex-compagnon et défenseur de Moncef Marzouki, promet de faire toute la lumière sur cette affaire en interrogeant un ancien secrétaire d’Etat, Touhami Abdouli et l’ancien ambassadeur de la Tunisie en France, Raouf Najjar.
Ce serait peine perdue : Raouf Najjar, comme beaucoup d’autres diplomates et hauts responsables, n’était pas du tout au courant de cette rencontre secrète entre Ben Ali et Moncef Marzouki. Les rares personnes mises au parfum sont Abdelwahab Abdallah et Abdellaziz Ben Dhiah. C’est à la demande de Moncef Marzouki que cette rencontre devait rester ultraconfidentielle. Et pour cause !
Moncef Marzouki a été bel et bien reçu par Ben Ali au palais de Carthage, le 11 août 2010. C’est un ancien ambassadeur américain, Robert Pelletrau, qui est à l’origine de ce retour, qui n’est d’ailleurs pas le premier. Déjà en novembre 2005 et en juillet 2009, Moncef Marzouki, qui n’avait pas le statut de réfugié politique accordé par l’OFPRA mais une carte de séjour de dix ans, est discrètement rentré en Tunisie pour « raison de famille ». Après une semaine passée chez lui à Sousse en juillet 2009, il avait pris un vol pour Rabat, où il avait passé ses vacances d’été.
Pourquoi Marzouki a-t-il pris la décision de rompre son exil imaginaire ? Dès son premier retour en 2009, il était parfaitement au courant des contacts et négociations entre Rasched Ghannouchi et Ben Ali, notamment par le biais de Skahr el-Matéri, « notre fils adoptif » selon les propres termes du guide suprême d’Ennahdha, alors réfugié à Londres. Isolée, marginalisée, oubliée par les Tunisiens et abandonnée par la plupart de ses cadres qui ont choisi le retour en Tunisie dès 2007, Ennahdha n’avait plus de choix que le dialogue politique et la négociation.
Il n’y avait pas que Rasched Ghannouchi à avoir accepté le dialogue en échange du retour au pays. Habib Mokni, l’un des fondateurs historiques des Frères musulmans en Tunisie et le seul qui était resté en France après le 7 novembre 1987, s’est décidé à régler son cas en octobre 2010, soit à peine trois mois avant la « révolution du jasmin ». Idem pour Aberraouf Boulaabi, Abdelwahab el-Héni, Chokri Hamrouni, Khaled Chawket, Kamel Jendoubi, Ahmed Bennour, Driss…etc.
Moncef Marzouki savait bien que, bientôt, il ne restera plus personne en exil, pas même ses sponsors et amis islamistes. Entretenant le mythe de l’opposant irréductible, mais craignant aussi la disqualification politique dans une Tunisie qui s’apprêtait à établir la réconciliation nationale dans le cadre plus large de la succession à Ben Ali, Moncef Marzouki avait tout fait pour rencontrer l'ancien président un certain 11 août 2010. Le reste de l’histoire, vous le connaissez.
Nebil Ben Yahmed
Yves Derai est un journaliste français d’origine algérienne. Avant de devenir grand reporter au « Nouvel Economiste », il a dirigé « La Tribune Juive », ensuite la rédaction de BFM radio. Depuis 2006, il le directeur des éditions Du Moment dont il est le fondateur. Il est co-auteur de plusieurs livres, notamment « Mitterrand, Israël et les Juifs », éd. Robert Laffont, 1990, « Villepin. L’homme qui s’aimait trop », éd. L’Archipel, 2005, et « Carla et les ambitieux », éd. Du Moment, 2010.
Dans ce livre, Leila Ben Ali affirme (page 177) que son mari a reçu Moncef Marzouki « au palais, début 2010 ». Elle précise que, « A l’époque, Marzouki ne s’était pas montré belliqueux à l’égard du régime. Il n’était plus menacé de comparaitre devant aucun tribunal, et il est parti de son plein gré en France, d’où il pouvait revenir quand il voulait. Sauf qu’il disait à qui voulait l’entendre : Je ne peux pas rentrer en Tunisie, je n’ai pas confiance en Ben Ali ».
Au début, ce n’était pas difficile pour les adeptes du CPR et les apologistes de Marzouki (Mohamed Abbou, Abderraouf Ayadi, Samir Ben Amor, Tahar Hmila, Neziha Rejiba, Salim Ben Hamidane, Aziz Krichen, Sihem Ben Sedrine…) de démentir les propos de Leila Ben Ali. Discréditée aux yeux de l’opinion tunisienne, ses « révélations » n’avaient aucune chance de les persuader, encore moins de les influencer. Mais dès que l’intellectuel Safi Saïd a affirmé sur une chaine de télévision tunisienne -en réaction au « Livre noir » où il a été cité-, que Moncef Marzouki a rencontré Ben Ali en 2010, l’affaire a pris une autre tournure.
Récemment encore, le 12 décembre 2014, sur sa page facebook, la journaliste tunisienne Boutheïna Jabnoun, qui vit à Abou Dhabi, a écrit en arabe : « Je le jure sur Dieu que Marzouki a été reçu par l’ex-président Ben Ali l’été 2010 pour discuter certains dossiers relatifs aux libertés et aux droits de l’homme et ceci est archivé à la télévision Canal 7 qui avait diffusé cette rencontre dans son journal télévisé. Monsieur Mohsen Réhaïm, chef du protocole à l’époque, est témoin de cette rencontre. L’attitude de Moncef Marzouki, qui murmurait des propos bizarres, avait alors interpellé Ben Ali quant à la santé mentale de son invité, au point d’en parler à son épouse le soir même. Cette rencontre a eu lieu au palais de Carthage et non pas à la résidence de Hammamet comme certains l’ont prétendu. Pourquoi donc Moncef Marzouki continue t-il à nier cette rencontre lors de laquelle il avait demandé quelques faveurs à Ben Ali, lequel y a favorablement répondu pour l’intérêt national ? Adnène Mansar aussi le nit, malgré que la date de cette rencontre est archivée ».
Dans son dernier numéro, L’Audace a aussi évoqué cette affaire en confirmant la rencontre secrète. Son directeur Slim Bagga, ex-compagnon et défenseur de Moncef Marzouki, promet de faire toute la lumière sur cette affaire en interrogeant un ancien secrétaire d’Etat, Touhami Abdouli et l’ancien ambassadeur de la Tunisie en France, Raouf Najjar.
Ce serait peine perdue : Raouf Najjar, comme beaucoup d’autres diplomates et hauts responsables, n’était pas du tout au courant de cette rencontre secrète entre Ben Ali et Moncef Marzouki. Les rares personnes mises au parfum sont Abdelwahab Abdallah et Abdellaziz Ben Dhiah. C’est à la demande de Moncef Marzouki que cette rencontre devait rester ultraconfidentielle. Et pour cause !
Moncef Marzouki a été bel et bien reçu par Ben Ali au palais de Carthage, le 11 août 2010. C’est un ancien ambassadeur américain, Robert Pelletrau, qui est à l’origine de ce retour, qui n’est d’ailleurs pas le premier. Déjà en novembre 2005 et en juillet 2009, Moncef Marzouki, qui n’avait pas le statut de réfugié politique accordé par l’OFPRA mais une carte de séjour de dix ans, est discrètement rentré en Tunisie pour « raison de famille ». Après une semaine passée chez lui à Sousse en juillet 2009, il avait pris un vol pour Rabat, où il avait passé ses vacances d’été.
Pourquoi Marzouki a-t-il pris la décision de rompre son exil imaginaire ? Dès son premier retour en 2009, il était parfaitement au courant des contacts et négociations entre Rasched Ghannouchi et Ben Ali, notamment par le biais de Skahr el-Matéri, « notre fils adoptif » selon les propres termes du guide suprême d’Ennahdha, alors réfugié à Londres. Isolée, marginalisée, oubliée par les Tunisiens et abandonnée par la plupart de ses cadres qui ont choisi le retour en Tunisie dès 2007, Ennahdha n’avait plus de choix que le dialogue politique et la négociation.
Il n’y avait pas que Rasched Ghannouchi à avoir accepté le dialogue en échange du retour au pays. Habib Mokni, l’un des fondateurs historiques des Frères musulmans en Tunisie et le seul qui était resté en France après le 7 novembre 1987, s’est décidé à régler son cas en octobre 2010, soit à peine trois mois avant la « révolution du jasmin ». Idem pour Aberraouf Boulaabi, Abdelwahab el-Héni, Chokri Hamrouni, Khaled Chawket, Kamel Jendoubi, Ahmed Bennour, Driss…etc.
Moncef Marzouki savait bien que, bientôt, il ne restera plus personne en exil, pas même ses sponsors et amis islamistes. Entretenant le mythe de l’opposant irréductible, mais craignant aussi la disqualification politique dans une Tunisie qui s’apprêtait à établir la réconciliation nationale dans le cadre plus large de la succession à Ben Ali, Moncef Marzouki avait tout fait pour rencontrer l'ancien président un certain 11 août 2010. Le reste de l’histoire, vous le connaissez.
Nebil Ben Yahmed