Slim Riahi, le président virtuel rattrapé par ses mensonges réels (vidéos)


19 Octobre 2014

En politique, le mensonge est une pratique ordinaire et admise par tous. Mais il y a des mensonges qui tuent et ceux-là sont impardonnables, surtout lorsque la victime est une fille de quatre ans atteinte d’un cancer. L’affaire a été révélée par Nawaat dès 2011 et si elle revient aujourd’hui au devant de la scène, c’est bien parce que Slim Riahi est un multirécidiviste dont le mensonge n’a d’égale que l’insolence et la certitude qu’avec ses pétrodollars libyens, il peut parvenir à la magistrature suprême. Pour se défendre, il accuse Nebil Karoui, Chafik Jarraya et Béji Caïd Essebsi de complot !


Charrié par la boue du « printemps arabe » comme beaucoup d’autres politiciens moralement gangrénés, intellectuellement vides, et psychologiquement avide de pouvoir, Slim Riahi a promis monts et merveilles à des citoyens paupérisés, à des jeunes usés par le chômage, et même à ses propres supporters au sein de l’UPL. Ce parvenu ment comme il respire et joue avec les sentiments, la pauvreté et la crédulité des gens, mais, comme disait Abraham Lincoln, « On peut mentir quelques fois à quelques uns ; on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde ».

C’est pour rappeler à Slim Riahi cette vérité élémentaire que Nessma TV lui a consacré une émission d’investigation le 14 octobre dernier. Intitulée « Slim Riahi, l’homme qui n’a pas tenu ses promesses », cette émission accablante a d’abord rappelé tous les projets d’investissement à Siliani, au Kef, à Zaghouan et à Sidi Bouzid, berceau de la « révolution du jasmin », promis en grande pompe durant la campagne électorale de 2011.

On rappelle que le projet de Maktaris à Siliana devait créer 5000 emplois directs et 5500 indirects; qu’au Kef, une usine de produits cosmétiques devait embaucher 700 personnes dont plus de 140 diplômés du supérieur; et qu’à Zaghouan, une université américaine devait « métamorphoser toute la région »...

Peu importe les témoignages des habitants des régions promises à un avenir radieux ; des témoins que Slim Riahi accuse d’être à la solde de Nidaa Tounes et de Nessma TV, coalisés dans un « complot » qui viserait son parti clientéliste. Il n’en demeure pas moins vrai que quatre années après ces promesses populistes, aucun de ces projets n’a pu voir le jour. Ce n'était que du vent de la part d'un homme qui porte bien son nom, Riahi!

L’émission de Nessma TV a consacré sa seconde partie à la tragédie de la famille Ghazouani, dont la fille Loujain est décédée le 28 avril 2012 à l’âge de quatre ans. Cette triste affaire remonte à 2011 et elle a été révélée par Ramzi Bettibi sur le site Nawaat. Slim Riahi avait promis aux parents de faire soigner, dans un hôpital français, leur fille atteinte d’un cancer et de prendre totalement en charge les frais de voyage et d’hospitalisation. Une somme insignifiante pour un milliardaire qui a centuplé sa fortune après la liquidation des Kadhafi père et fils !

On rappellera ici qu’un autre chef d’entreprise et homme politique tunisien, qui n’aime pas qu’on le cite, a dépensé 3,2 millions d’euros pour soigner les blessés de la « révolution » que tout le monde a oublié, y compris les islamistes qui « craignent Dieu ». Aucun média n’avait parlé de Mohamed Jendoubi, Rached Larbi et Tarek Dziri, ces blessés de la « révolution » qui ont passé sept mois entre l’hôpital Salpêtrière et l’hôpital Cochin aux frais de cet homme d’affaire discret et patriote.  
   
Après les élections d’octobre 2011, le milliardaire tripolitain a d’abord continué à jouer la comédie du philanthrope humaniste, avant d’abandonner à son destin la petite Loujain, et à leur triste sort, son père et sa mère. Entre la promesse en 2011 et l’abandon en 2012, le cancer de la petite Loujain s’est métastasé, et lorsqu’elle est finalement arrivée en France grâce à un appel au don lancé par Nessma TV dans son émission « Jaak el-Marsoul », c’était trop tard. Profondément affecté par ce drame, Ramzi Bettibi, qui a suivi cette affaire dès 2011, n’a pas hésité d’accuser Slim Riahi « d’être moralement et juridiquement responsable de la mort de la petite Loujain ».

Pour des raisons faciles à deviner, Slim Riahi a tout fait pour interdire à Nessma TV de diffuser son émission d’investigation : proposition de négocier directement avec Nebil Karoui le règlement des fameux 4 millions de dinars, tentative de faire intervenir Chafik Jarraya pour régler cette affaire « à l’amiable » avec son « ami » Nebil Karoui, pressions sur la HAICA, la Haute Autorité Indépendante pour la Communication Audiovisuelle, qui a d’ailleurs fini, le 13 octobre 2014, par réagir à la bande annonce diffusée par Nessma TV, en rappelant que durant la période électorale, les médias « devaient se rétreindre aux principes de neutralité, d'impartialité...et aux codes déontologiques du métier ».

Peine perdue, Nebil Karoui a tenu bon, considérant que l’opinion publique a le droit de tout savoir sur les personnalités et les partis qui se présentent aux élections législatives et présidentielles et que les médias, en tant que quatrième pouvoir, doivent jouer leur rôle sans complaisance et sans compromission. Il a d’ailleurs prévenu la classe politique que son émission « Investigation » ne s’arrêtera pas au cas Slim Riahi (voir sa vidéo).

Trois heures avant la diffusion de l'émission en question, Slim Riahi a tenté de limiter les dégâts en réagissant violemment sur sa page  Facebook. Selon lui, « L'opportunisme et la saleté politique se sont réunis sous la forme de chaine de télévision familiale : la famiile Karoui, Chafik Jarraya et Borhene Bsaies ». Des propos qui dénotent le niveau intellectuel et politique du candidat aux élections législatives et présidentielles, et qui prédestinent Slim Riahi, non guère à la direction d’un parti politique, encore moins à la présidence de la République, mais à la direction du Souk Moncef Bey à Tunis.

Chafik Jarraya, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a violemment réagi aux accusations de Slim Riahi, qu’il a qualifié « d’arnaqueur ». Interviewé par la radio Shems FM, il a catégoriquement rejeté les propos de Riahi en ajoutant que « L’affaire est actuellement devant le tribunal » et qu’il a l’intention de diffuser « des extraits prouvant que Slim Riahi fait partie d’une bande criminelle ».

De son côté, la direction de Nessma TV a publié un communiqué le 15 octobre 2014, dans lequel elle a démenti les accusations de chantage et affirmé à son tour avoir reçu « des menaces graves de la part d'inconnus parlant au nom de Slim Riahi », visant l'intégrité physique de Nebil Karoui et des journalistes de la chaîne. Le lendemain, le PDG de Nessma TV s’en est longuement expliqué : « On nous a demandé pourquoi ce timing qui pourrait nuire aux élections. Mais moi je n'en ai rien à faire des élections. Suis-je responsable des élections? Je ne suis ni l'ISIE, ni le gouvernement (...) Quand nous recevons des dossiers de gens qui se plaignent de Slim Riahi (...) nous sommes obligés de faire notre travail. Cet homme est une caricature (...) et une catastrophe ambulante ».

Invitée le 18 octobre 2014 à l’émission « Labess » sur Al-Hiwar Ettounsi, la « catastrophe ambulante » a d’abord simulé sa tristesse et sa compassion avec la famille de la petite Loujain. « C’est le volet qui m’a touché le plus dans tout le reportage diffusé par Nessma, car on a essayé de jouer sur la fibre sentimentale et humanitaire des Tunisiens », a-t-il déclaré. Sans craindre le ridicule, Slim Riahi a eu l’insolence d’affirmer ne pas du tout connaitre les parents de la petite disparue. Décidément, chez cet affairiste aux ambitions présidentielles, le mensonge est une seconde nature !

Nebil Ben Yahmed    

Sur Nessma TV, Chafik Jarraya dément catégoriquement les allégations de Slim Riahi et promet à cet "imposteur" des révélations encore plus compromettantes et lui donne rendez-vous devant les tribunaux.


PDG de Nessma TV, Nebil Karoui a justifié la diffusion du document sur Slim Riahi avec des arguments irréfutables. Pour lui, Nessma TV n'a fait que son devoir d'informer et que tous les autres candidats aux élections doivent s'attendre au même traitement.