Rached Ghannouchi quémande une interview avec Jean-Pierre Elkabbach


4 Octobre 2014

Plusieurs émissaires d’Ennahdha font la navette entre Tunis et Paris pour convaincre Jean-Pierre Elkabbach de recevoir, pour une grande interview, le chef de la secte des Frères musulmans, Rached Ghannouchi. Le célèbre journaliste français aurait accepté l’offre islamiste…mais sous condition !


Jean-Pierre Elkabbach avec Mohamed Ghannouchi en janvier 2011. Octobre 2014, c'est un autre Ghannouchi qu'Elkabbach va recevoir !
Dans le cadre des élections tunisiennes et du plan de marketing politique et médiatique conçu par la boite de communication américaine, la Burson-Marsteller (voir notre article du 29 septembre dernier), des dirigeants d’Ennahdha ont démarché Jean-Pierre Elkabbach pour qu’il reçoive Rached Ghannouchi dans son interview matinale d’Europe 1. Ils ont aussi activé certains anciens piliers du lobby bénalien en France, constitués de juifs tunisiens et d’hommes d’affaires musulmans, ex-rcédistes qui soutiennent à la fois Ennahdha et Nidaa Tounes.

Selon nos informations, Jean-Pierre Elkabbach, qui a longtemps hésité a fini par accepter de recevoir l’islamiste très « modéré », mais sous condition : lui poser toutes les questions que certains journalistes tunisiens n’osent plus lui poser et que d’autres « confrères » du quotidien Le Monde s’interdisent par islamophilie et eu égard aux relations historiques et « diplomatiques » entre la secte des Frères musulmans et l’officine parisienne !

Si le principe d’interviewer Rached Ghannouchi n’est pas condamnable en soi, l’opinion publique tunisienne et l’opinion française attendent de Jean-Pierre Elkabbach beaucoup d’audace et d’intelligence pour ne pas tomber dans le piège des Frères musulmans tunisiens, avec leurs sujets de prédilection et de propagande, comme l’islamisme « modéré », la compatibilité entre islam et démocratie, le dialogue des religions ou l’équivalence mensongère et trompeuse entre les islamistes dans le monde arabe et les démocrates chrétiens en Europe.

Ce n’est pas sur ces sujets stéréotypés et très vagues que l’opinion publique tunisienne et les auditeurs français attendent Rached Ghannouchi, le grand maestro du quadruple langage. Ils l’attendent sur ses relations antérieures avec Ben Laden et Al-Qaïda, sur ses relations idéologiques et structurelles avec Ansars al-charia, sur son appartenance à la secte des Frères musulmans, sur son rôle dans l’exportation de djihadistes tunisiens et franco-maghrébins vers la Syrie….

Si la grande interview de Rached Ghannouchi devait avoir lieu, Jean-Pierre Elkabbach serait bien inspiré d’interroger son « illustre » invité sur ses deux dernières déclarations dans la presse tunisienne et arabe au sujet de Daesh et des Frères musulmans, déclarations qui dénotent le fond de sa pensée intégriste et la réalité de ses convictions djihadistes. Sur la réaction américaine à la barbarie islamo-fascistes de Daesh, Rached Ghannouchi s’est prononcé contre « l’usage de la force militaire ». Homme de « tolérance », il préconise le « dialogue » avec ces ennemis de l’islam et de l’humanité. Sur les Frères musulmans égyptiens, il s’est dit près à les accueillir en Tunisie, nouvelle terre d’exil et de replis stratégique de toute la racaille islamiste.

Rappelons que Jean-Pierre Elkabbach a été, comme l’ensemble des journalistes français, un défenseur bien zélé de la « révolution du jasmin » et qu’il a été l’un des premiers à se rendre à Tunis pour interviewer Mohamed Ghannouchi le 18 janvier 2011. Dès que celui-ci a été poussé par certains comploteurs à quitter le gouvernement, Jean-Pierre Elkabbach a tissé des liens « fraternels » avec son successeur, Béji Caïd Essebsi.

En recevant Rached Ghannouchi sur Europe 1 et peut-être bien sur Public Sénat, Jean-Pierre Elkabbach, qui est laïc et républicain, saura t-il défendre les aspirations républicaines et démocratiques du peuple tunisien ? Restera t-il fidèle en « amitié » à l’égard de Nidaa Tounes en général et de Béji Caïd Essebsi en particulier, d’autant plus que ce dernier, à l’instar de Ben Ali, se pose en bourguibiste historique et se positionne en seul rempart contre le péril islamiste en Tunisie, après en avoir été l’allié objectif et le complice déterminant ?

Nebil Ben Yahmed