Pour en finir avec la "théorie du complot"


2 Septembre 2013

Pour Tunisie-Secret, la « théorie du complot » est elle-même un élément du complot. C’est le fait de tourner en dérision les défenseurs de la vérité, de semer le doute dans l’esprit des gens, de les empêcher de réfléchir. Si le complot est aussi vieux que le monde, la « théorie du complot » est relativement récente. Elle a atteint son apogée avec les attentats du 11 septembre 2001. Depuis le début du printemps dit arabe, avec la révolution dite du jasmin, les pourfendeurs tunisiens de la « théorie du complot » sont de plus en plus nombreux. Alors que leur niveau intellectuel est généralement médiocre, que certains n’ont pas lu un seul livre dans leur vie, ils se la jouent intello en accusant les vrais intellectuels, les vrais journalistes, les vrais chercheurs de paranoïaques adhérant à la « théorie du complot ». C’est normal : les formateurs américains et européens de ces cybers-collabos depuis 2007, leur ont inculqué ce dogme, à utiliser comme arme dissuasive. Pour nous, cette arme est sans effet, et pour les Tunisiens, le mythe de la révolution a fait long feu. Ils savent maintenant qu’ils ont été manipulés et intoxiqués pour ruiner leur propre pays. Ils savent que les grandes puissances ont exploité leur colère sociale et leur crédulité pour déstabiliser l’ensemble du monde arabe au profit des mercenaires islamistes, agents de l’impérialisme. Voici l’analyse qu’Amin Ben Abdallah a bien voulu nous adresser.


L’expression « théorie du complot » est maintenant employée partout. Dans les sites web, les forums, les journaux, tout le monde y va de sa petite remarque sur le côté ridicule du complotisme ou au contraire pour tenter de tout expliquer par cette théorie. Alors nous aimerions remettre les pendules à l’heure une fois pour toute ! Que signifie le mot complot ? Selon le dictionnaire : « dessein concerté secrètement entre plusieurs personnes et dirigé contre un individu, une institution, particulièrement contre un gouvernement, un régime. » Ce qui définit un complot c’est donc : - l’alliance entre au moins 2 personnes, - le secret, - un projet qui vise à nuire à une entité ou une personne contre sa volonté. Dans le cas d’un complot contre un individu, trois enfants discutant en secret comment faire un mauvais coup à un autre camarade répond donc parfaitement à la définition du complot.

Dans le cas d’un complot contre une entreprise, deux ou trois employés qui se couvrent mutuellement pour badger leur temps de présence les uns à la place des autres afin de gagner plus d’heures supplémentaires que ce qu’ils ont réellement travailler répond donc là aussi parfaitement à la définition de complot. De même si des fonctionnaires et des responsables d’une entreprise s’associent pour décrocher illégalement un marché public, cela répond à la définition. Rien qu''avec ces trois exemples, nous constatons donc qu’il y a des centaines de milliers d’actes correspondant chaque jour dans nos sociétés à ce que nous appelons « complot ». Pas besoin donc d’en faire toute une histoire, ni même « une théorie », même si – il est vrai – ces actes sont moralement et souvent légalement répréhensibles.

Certes, ceux qui aiment à parler de la « théorie du complot » font en général référence aux complots contre les gouvernements, contre les peuples. Cependant, pour ce type de complots contre les régimes, nos trois exemples précédents nous permettent de mieux évaluer ce qu’il en est réellement. En effet, si à tous les niveaux de la société (individu, entreprise, etc.), le complot est un acte extrêmement répandu, par quel miracle, dès qu’il s’agit d’un peuple dans son ensemble, il n’y en aurait plus aucun, alors que c’est pourtant là que les complots pourraient être les plus efficaces, les profitables à leurs organisateurs ? Regardons donc d’abord du côté de l’histoire : là pas de doute, même les pires ennemis de la théorie du complot ne pourront pas nier qu’ils ont toujours existés ! Les documents US officiels (secret-défense déclassifiés la semaine dernière après les 50 ans de délai) concernant l’organisation par la CIA du coup d’Etat en Iran et l’assassinat de Mossadegh ne contrediront donc pas l’évidence qu’il y a toujours eu des complots et qu’il y en a encore.

Mais alors pourquoi donc, depuis quelques années, dès que l’on tente de parler de complot pour expliquer un évènement, on nous rétorque tout de suite un méprisant « Ah ! Encore la théorie du complot ! N’importe quoi ! ». Peut-être que la foi dans les institutions démocratiques ayant atteint ces dernières années un niveau de fanatisme délirant, de nombreuses personnes en viennent à penser que de telles institutions ne peuvent peut-être pas éviter les complots partout et tous les jours dans toute la société (entreprise, individus, justice, etc.), mais dès qu’il s’agit du peuple dans son ensemble, ces actes répréhensibles deviennent totalement impossibles par le seul miracle du dieu Démocratie ! Plus sérieusement, quelles peuvent être les raisons de ceux qui poussent à refuser l’existence des complots alors qu’ils sont partout et tout le temps ? Notre plaisanterie ci-dessus n’est peut-être pas si anodine. Car accepter cette réalité nous oblige à abandonner un temps notre confiance absolue dans les institutions démocratiques ainsi que la neutralité des médias et cela nous plonge alors dans un grand néant, très désagréable à supporter. Car si la démocratie ne marche pas, alors que nous reste-t-il ? Ceux qui refusent l’existence permanente des complots comme une tendance naturel de l’homme ne peuvent donc avoir que deux raisons : soit il est plus confortable pour eux de faire un déni de la réalité, soit ils sont simplement partie-prenante dans ces complots.

Car une rapide analyse objective des institutions démocratiques nous prouve, comme nous allons le voir, que non seulement ces institutions ne peuvent pas empêcher les complots, mais surtout qu’elles ont institutionnalisé les complots comme mode d’action permanent. Nous commencerons par citer un ancien directeur de la DGSE (services secret français) qui participait récemment à un débat sur la télévision française (il nous semble dans l’émission « C dans l’air ») : « Lorsque les gouvernements veulent agir sur leur territoire dans le cadre de la légalité, ils utilisent la police et la justice. Lorsqu’ils veulent agir dans le cadre de la légalité à l’étranger, ils utilisent le canal diplomatique. Si les services secrets ont été créés, c’est précisément pour pouvoir agir en dehors du cadre de la légalité (…que ce soit pour collecter des informations ou pour mener des actions). »

Cette citation d’un responsable des services secrets à la retraite définissant finalement les services secrets comme une institution permanente conçue pour organiser des complots vous choque ? Allons ! Il ne fait qu’enfoncer une porte ouverte ! Nous le savions déjà tous, mais il est plus confortable de faire comme si cela n’existait pas et de croire encore dans la perfection du système démocratique. Mais pas de chance, quel Etat a été le pionnier dans le développement de l’espionnage en tant qu’institution permanente ? Réponse : celui qui a le plus vieux parlement, c’est-à-dire finalement la plus vieille démocratie : l’Angleterre. Et devinez quoi ? Depuis quand ces services secrets sont devenus des institutions clefs de l’Angleterre (car avant, cela existait mais il s’agissait de simples hommes de main du roi) ? A peu près au même moment que la création du parlement ! Et pour les autres vieilles démocraties (France, USA) ? Pareil !

Ceux qui sont de plus mauvaise foi parmi vous nous objecteront peut-être que l’importance de ces institutions est limitée ? Alors parlons un peu chiffre maintenant. Et pas besoin d’avoir accès à des infos confidentielles pour cela : elles sont publiées officiellement sur le Net. Pour les USA, les services secrets totalisent 17 agences, employant directement plus de 100 000 personnes et cumulant un budget annuel de plus de 70 milliards de dollars ! Ces 70 milliards permettent bien sûr d’employer, à travers un réseau d’entreprises sous-traitantes, plusieurs autres centaines de milliers de personnes. Ajoutez à cela le MI5 et MI6 britannique, la DGSE française, le Mossad israélien, les services secrets russes, chinois, pakistanais et indiens : nous dépassons certainement alors un budget annuel de plus de 100 milliards de dollars et des effectifs de plusieurs centaines de milliers de personnes pour faire fonctionner des institutions qui sont chargées de mener des actions coordonnées (plusieurs personnes) dans le secret et dans l’illégalité (c’est-à-dire contre l’intérêt des peuples où sont menées ces actions) : exactement la définition du complot ! Comment peut-on dès lors être assez naïfs pour croire que les complots ne sont pas permanents puisqu’autant de moyens humains, financiers et matériels y sont consacrés ? La question n’est donc pas et n’a donc jamais été de savoir s’il y a ou pas des complots contre les peuples. Les seules questions à se poser sont « Quel sont ces complots ? », « Quels sont ceux qui nous nuisent le plus collectivement et comment ? », « Et quels sont ceux qui nous impactent moins (comme par ex deux multinationales qui se volent des clients par services secrets interposés, c’est-à-dire par complot) ? », « Quels sont ceux dont nous n’avons rien à craindre, comme celui des extra-terrestres ». Mais jamais, absolument jamais, la question à se poser est : « Y a-t-il, oui ou non, des complots contre les peuples ? ». Et s’il y a bien un domaine où les complots sont permanents, c’est l’argent ! Tunisie-Secret a récemment publié un lien vers un documentaire exceptionnel qui démontre l’impact colossal des complots sur notre vie de tous les jours : « Les Maitres de la monnaie - The Money Masters ». A voir absolument pour ceux qui doutent encore de l’existence des complots…
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=grq0A1GuadI

Une leçon d’histoire ! Revenons en maintenant à la Tunisie : si les USA dépensent ces dernières années environ 400 millions de dollars annuellement pour la déstabilisation de l’Iran, on peut imaginer que la Tunisie, en tant que fer de lance des révolutions arabes, doit bien mériter un budget d’au minimum un vingtième de l’Iran : 20 millions de dollars parait réaliste pour un tel enjeu car c’est probablement beaucoup plus… Maintenant, imaginez que vous êtes journaliste, militant politique ou associatif et que vous voulez faire avancer votre pays dans une direction opposé à celle que la « démocratie » américaine a choisie pour la Tunisie. Elle a mis au moins 20 millions sur la table ; elle a des moyens d’analyse de toutes vos communications (internet, Facebook, téléphone, mail) ; elle peut suivre vos déplacements partout. Elle pourra même si vous risquez de vraiment réussir dans votre tâche en faisant avancer le pays, dépêcher un agent pour s’occuper de vous personnellement (espionnage, chantage ou même pire…). Vous pensez alors à votre impact collectif ? Soyez réalistes, même si vous êtes 100 ou 1000 à aller dans une direction opposée à celle choisie par ces institutions omnipotentes, vos moyens sont dérisoires ! D’autant plus que ces institutions se sont arrangés pour avoir le soutien de nombreux traitres et opportunistes locaux. Je pense que la symbolique naturelle de l’iceberg est un très bel enseignement pour nous tous. Elle s’applique à la géopolitique comme à beaucoup d’autres choses : un sixième est visible et cinq sixièmes sont cachés, sont réalisés à travers des complots au sens exact du terme.

Pour comprendre ce qui se passe en Tunisie, il faut découvrir les cinq sixièmes qui ne sont ni dans la presse ni sur Facebook mais un peu sur Tunisie-Secret ! Certes si nous étions plus soudés et un peu plus intelligents collectivement, nous ne laisserions pas s’installer cette situation. Et de ce point de vue, nous sommes donc d’accord avec la rédaction de TS qui pointe du doigt la responsabilité de certains tunisiens qui ne sont « qu’un ramassis d’ignorants, de traitres, d’opportunistes et de mercenaires », et la responsabilité des arabes qui doivent d’abord s’en prendre à eux-mêmes. Mais quelle serait la force de cette racaille politicienne face aux tunisiens de bonne volonté si elle ne bénéficiait pas de soutiens extérieurs ? Nulle !!! Sur ce point, nous ne sommes donc pas d’accord avec TS : la cause des causes, celle qu’il faut d’abord éliminer pour que ces « hordes sauvages » ambitieuses et arrogantes, islamistes ou laïcs ne reprennent plus le pouvoir, c’est de les couper de leurs soutiens étrangers. Ensuite, nous pourrons régler nos comptes entre tunisiens et peut-être qu’à ce moment-là, et seulement à ce moment-là, la masse de ceux qui ne cherchent pas « un siège » ni un intérêt personnel dans leur lutte pour la Tunisie l’emportera largement sur les intérêts d’une minorité perfide.

C’est en ce sens que non seulement il ne faut pas renier l’existence de complots, mais au contraire, ils doivent être notre préoccupation principale. Moins la masse des tunisiens sera influencée par les minorités complotistes (services secrets étrangers, sionistes, francs-maçons, sabbataïstes frankistes ou donmëh, lobby en tout genre et tous ceux dont l’action repose sur le secret), plus le pays évoluera - parce que je fais confiance à notre peuple - dans une bonne direction. Les complots sont donc bien la clef de nos problèmes.

Nous conclurons notre article sur les complots par un extrait du dernier discours du président américain John Fitzgerald Kennedy, 10 jours avant sa mort (enregistrement original disponible sur Youtube). Son assassinat quasi immédiat après ce dernier discours est bien sûr la preuve irréfutable de la véracité des propos tenus : « Nous devons faire face TOUT AUTOUR DU MONDE (SIC !) à conspiration monolithique et impitoyable, qui s'appuie d'abord sur des moyens déguisés permettant le déploiement de sa sphère d'influence basée sur l'infiltration plutôt que l'invasion, utilisant la subversion plutôt que les élections, l'intimidation au lieu du libre arbitre, des guérillas la nuit au lieu des armées le jour. C'est un système qui a nécessité énormément de ressources humaines et matériel dans la construction d'une machine étroitement soudée et d'une efficacité remarquable qui combine des opérations militaires, diplomatiques, économique, de renseignement et d’espionnage, scientifique et politique. Ses plans sont occultés et non publiés. Ses erreurs sont passées sous silence au lieu d'être relayées par la presse. Ses détracteurs sont réduits au silence au lieu d'être admirés. »
Tunisie-Secret.com
Amin Ben Abdallah