Mr Jomaa. Vous avez essayé quelque chose comme la déposition de plusieurs gouverneurs. Mais le clown de Carthage les a réunis pour les décorer, vous infligeant un démenti aussi cinglant que grotesque. On vous avait mis en garde Mr Jomaa. Mais qu'êtes-vous allé faire dans cette triste avenue ?
Après votre déclaration contre le terrorisme, vous tenez encore des propos raisonnables. Des citoyens vous applaudissent, certains de bonne foi et d’autres par opportunisme politique. J’aurais tant voulu vous applaudir, moi aussi. Mais vous n’êtes pas ce que vous prétendez –ou croyez- être, un premier ministre indépendant, capable d’initiatives personnelles et jouissant de l’autorité nécessaire pou les appliquer. Dois-je vous rappeler que vous avez été choisi par Ennhdha et qu’elle vous tient dans le creux de sa paume. Il lui suffirait de refermer les doigts pour que……imaginez la suite.
Vous êtes sous une surveillance continue et méticuleuse ainsi que les ministres que vous avez choisis ( ?). Des membres issus d’Ennahdha et des groupuscules des sinistres Marzouki et Ben Jaafar occupent des ministères de souveraineté, et, surtout, celui de l’Intérieur, au sein duquel des salafistes portent l’uniforme. Ils constituent un poste de veille pour des groupes de terroristes qui quadrillent non seulement les zones rurales mais aussi notre capitale, Tunis, les autres grandes villes et leurs environs ..Ils disposent d’armes de guerre et de munitions adéquates. Ils sont financés et mentalement formatés par Ennahdha. Or, votre ministère est sa création. Certes, vous avez recruté des personnes diplômées, estimables pour la plupart, de gentils experts et des bureaucrates. Ils ne font pas le poids. Le « Keep Cool » de la ministre du tourisme ne peut pas dissimuler la silhouette du ministre des affaires étrangères, accueillant sur le tarmac de Tunis Carthage un simple ambassadeur, au mépris de toutes les traditions protocolaires.
Vous voulez infirmer tout cela ? Par les paroles ? Non : par des actes :
1) Retrait des passeports diplomatiques de Ghannouchi, de Ben Jaafar de Marzouki,et de leurs comparses (femmes et hommes ) avec une interdiction absolue de sortie du territoire.
2) Vous traînez quelques casseroles vous-même, notamment dans les domaines miniers et industriels. (Ex : brader notre patrimoine économique en faveur de la Bouchammaoui). Réparez ce que vous avez « mal fait ». Faites en sorte que les délinquantes et les délinquants qui ont bénéficié de votre mansuétude rendent aux tunisiens les richesses qu’ils leur ont volées, et soient dépossédés par la loi. Pour ce faire, mettez sur pied une brigade financière dont les conclusions seront mises à la disposition des juges. Votre gouvernement comprend un ministre de la justice, non ?
3) Les chefs de cabinet des ministères du gouvernement Laarayedh sont toujours en poste dans la plupart des cas, y compris le vôtre. Ce sont plus des gardiens que des collaborateurs. Ils veillent à ce que vous ne preniez aucune initiative sans l’aval d’Ennahdha. Ce n’est pas en leur demandant de raser leurs barbes que vous échapperez à leur surveillance.
4) Dans le même ordre d’idées, des milliers d’Intégristes quadrillent les administrations, des Omdias aux Gouvernorats, sur l’ensemble de notre territoire. Ils sont facilement détectables. Ils doivent partir. L’expression « Chasse aux sorcières » prend ici un sens positif et patriotique. Ce n’est pas un chantier facile, j’en conviens .Cependant vous semblez l’avoir déjà entamé en écartant le gouverneur de Sousse. Continuez.
5) Cela implique l’épuration des forces de Police, des Hars et de tous les services de Sécurité et de Renseignement ,des taupes introduites par Ennahdha. Quand à l’Armée devenue un sujet de télé réalité dans les chaînes de télévision, laissez-la régler ses problèmes elle-même. Notre armée est « Auto nettoyante» .Pour les affaires militaires, elle dispose de ses tribunaux, les Tribunaux Militaires ainsi que de plusieurs autres instances disciplinaires. Pour des affaires civiles la touchant, elle s’adressera, alors, aux juridictions civiles Notre armée ne demande qu’une faveur : QU’ON LUI FOUTE LA PAIX.
6) Ce détartrage vous permettra de parer au plus pressé : l’encadrement des prix des produits de première nécessité et d’abord alimentaires. Les courbes de l’évolution de ces prix et des salaires sont inversement proportionnelles. Souvenez-vous de la révolte du pain de 1984, sous le gouvernement de feu Mohammed Mzali et de ses conséquences.
7) La remise sur pied de l’organisation et des rapports sociaux, notamment dans deux domaines. Le premier est la parité femmes hommes à tous les stades, désarticulée par les intégristes. Le second est la réintroduction de la mixité dans les établissements scolaires et universitaires à tous les niveaux et l’interdiction des signes carnavalesques et ostentatoires « Islamiques », lesquels n’ont rien à voir avec l’Islam.
8) L’assemblée dite Nationale et Constituante, la présidence provisoire de la république ont dépassé la limite du calendrier qui leur a été fixé. Leurs initiatives, y compris la « nouvelle » constitution et, à fortiori, leur existence même sont aujourd’hui illégales. Cette caducité requiert une réflexion et des propositions d’ordre constitutionnel. Vous aurez à y jouer un rôle. Lequel ? Il appartient aux juristes de le définir, pourvu qu’ils cessent de réciter leurs manuels et ne se coupent pas des réalités du politique.
9) Il faut rétablir immédiatement des relations diplomatiques normales avec Damas et le Caire. Un groupe d’Egyptiens ont brûlé notre drapeau. Je condamne avec force cet acte. Ils ont eu tort. Ils n’ont pas identifié correctement la cible de leur colère : les propos et les démarches irresponsables, stupides et orduriers de Ghannouchi et ses liens étroits avec les Frères Musulmans. J’ai protesté auprès de mes amis égyptiens en leur répétant que ce sinistre personnage ne représente ni institutionnellement ( !) ni intellectuellement ( !!) ni moralement ( ! !!) la Tunisie et que de toutes façons, on ne touche pas à notre drapeau.
Ce ne sont là que des mesures de première urgence qu’il est impératif de prendre si vous, vous en êtes convaincu et si, alors, on vous laisse agir. Mais voici, pour prendre date, pas seulement avec vous mais avec ceux qui vous succéderont , quelle que sera leur origine politique, une énumération des grands chantiers qu’exige la reconstruction de la Tunisie, une Tunisie libérée : la dissolution d’Ennahdha en tant que parti politique, la fermeture de ses écoles coraniques , une enquête judiciaire sur son enrichissement et ses sources, la traduction de Ghannouchi, Ben Jaafar, Marzouki, Jebali , Laarayedh et leurs comparses devant des Tribunaux d’Exception, la présentation d’une requête officielle au Haut Conseil des Droits Humains des Nations Unies afin d’inscrire Ennahdha, branche d'El Qaida, sur la liste internationale des entreprises terroristes.
De telles mesures, exigées par l’ensemble de notre peuple, sont inévitables. Elles nous permettront, alors, d’ouvrir des chantiers qui réparent ce qui a été endommagé et préparent l’avenir. Il s’agit de l’Emploi, instrumentalisé par la troïka ; de l’Education dégradée par les intégristes ; de la Santé :notre corps médical et paramédical est en butte à la pénurie et aux insupportables interdits « islamiques » ; de la Justice : elle doit retrouver toute notre confiance ; des Infrastructures vieillissantes et chaotiques : axes de communication et transport sous toutes ses modalités ; de la réorganisation des activités numériques en en réduisant les fractures et en en écartant les prédateurs.
De telles actions exigent des moyens techniques et budgétaires lourds. Seule une économie arrachée aux spéculateurs et à une UTICA déviante, mais soutenue par des Syndicats dignes de leurs vocations nous permettra de retrouver notre solvabilité auprès des marchés financiers et, surtout, notre crédibilité auprès des instances internationales ; Banque Mondiale, FMI, autres Agences du système de l’ONU. Un grand nombre de ces chantiers ont déjà été réalisés ou ont été entames depuis 1957 jusqu’à 2010. Nous devons remettre sur pied ce qui est altéré depuis 2011, terminer ce qui n’a pas été achevé et, surtout, inventer un demain qui n’attend pas. Vous allez crier à l’utopie ? L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable mais ce qui n’est pas encore réalisé.
Mohsen Toumi
Ecrivain et penseur politique tunisien. Cofondateur du MUP avec Ahmed Ben Salah, il est l’auteur de plusieurs essais, dont « La Tunisie pouvoirs et luttes », éditions Le Sycomore, Paris, 1978, et « La Tunisie de Bourguiba à Ben Ali », édition PUF, Paris, 1989.
Après votre déclaration contre le terrorisme, vous tenez encore des propos raisonnables. Des citoyens vous applaudissent, certains de bonne foi et d’autres par opportunisme politique. J’aurais tant voulu vous applaudir, moi aussi. Mais vous n’êtes pas ce que vous prétendez –ou croyez- être, un premier ministre indépendant, capable d’initiatives personnelles et jouissant de l’autorité nécessaire pou les appliquer. Dois-je vous rappeler que vous avez été choisi par Ennhdha et qu’elle vous tient dans le creux de sa paume. Il lui suffirait de refermer les doigts pour que……imaginez la suite.
Vous êtes sous une surveillance continue et méticuleuse ainsi que les ministres que vous avez choisis ( ?). Des membres issus d’Ennahdha et des groupuscules des sinistres Marzouki et Ben Jaafar occupent des ministères de souveraineté, et, surtout, celui de l’Intérieur, au sein duquel des salafistes portent l’uniforme. Ils constituent un poste de veille pour des groupes de terroristes qui quadrillent non seulement les zones rurales mais aussi notre capitale, Tunis, les autres grandes villes et leurs environs ..Ils disposent d’armes de guerre et de munitions adéquates. Ils sont financés et mentalement formatés par Ennahdha. Or, votre ministère est sa création. Certes, vous avez recruté des personnes diplômées, estimables pour la plupart, de gentils experts et des bureaucrates. Ils ne font pas le poids. Le « Keep Cool » de la ministre du tourisme ne peut pas dissimuler la silhouette du ministre des affaires étrangères, accueillant sur le tarmac de Tunis Carthage un simple ambassadeur, au mépris de toutes les traditions protocolaires.
Vous voulez infirmer tout cela ? Par les paroles ? Non : par des actes :
1) Retrait des passeports diplomatiques de Ghannouchi, de Ben Jaafar de Marzouki,et de leurs comparses (femmes et hommes ) avec une interdiction absolue de sortie du territoire.
2) Vous traînez quelques casseroles vous-même, notamment dans les domaines miniers et industriels. (Ex : brader notre patrimoine économique en faveur de la Bouchammaoui). Réparez ce que vous avez « mal fait ». Faites en sorte que les délinquantes et les délinquants qui ont bénéficié de votre mansuétude rendent aux tunisiens les richesses qu’ils leur ont volées, et soient dépossédés par la loi. Pour ce faire, mettez sur pied une brigade financière dont les conclusions seront mises à la disposition des juges. Votre gouvernement comprend un ministre de la justice, non ?
3) Les chefs de cabinet des ministères du gouvernement Laarayedh sont toujours en poste dans la plupart des cas, y compris le vôtre. Ce sont plus des gardiens que des collaborateurs. Ils veillent à ce que vous ne preniez aucune initiative sans l’aval d’Ennahdha. Ce n’est pas en leur demandant de raser leurs barbes que vous échapperez à leur surveillance.
4) Dans le même ordre d’idées, des milliers d’Intégristes quadrillent les administrations, des Omdias aux Gouvernorats, sur l’ensemble de notre territoire. Ils sont facilement détectables. Ils doivent partir. L’expression « Chasse aux sorcières » prend ici un sens positif et patriotique. Ce n’est pas un chantier facile, j’en conviens .Cependant vous semblez l’avoir déjà entamé en écartant le gouverneur de Sousse. Continuez.
5) Cela implique l’épuration des forces de Police, des Hars et de tous les services de Sécurité et de Renseignement ,des taupes introduites par Ennahdha. Quand à l’Armée devenue un sujet de télé réalité dans les chaînes de télévision, laissez-la régler ses problèmes elle-même. Notre armée est « Auto nettoyante» .Pour les affaires militaires, elle dispose de ses tribunaux, les Tribunaux Militaires ainsi que de plusieurs autres instances disciplinaires. Pour des affaires civiles la touchant, elle s’adressera, alors, aux juridictions civiles Notre armée ne demande qu’une faveur : QU’ON LUI FOUTE LA PAIX.
6) Ce détartrage vous permettra de parer au plus pressé : l’encadrement des prix des produits de première nécessité et d’abord alimentaires. Les courbes de l’évolution de ces prix et des salaires sont inversement proportionnelles. Souvenez-vous de la révolte du pain de 1984, sous le gouvernement de feu Mohammed Mzali et de ses conséquences.
7) La remise sur pied de l’organisation et des rapports sociaux, notamment dans deux domaines. Le premier est la parité femmes hommes à tous les stades, désarticulée par les intégristes. Le second est la réintroduction de la mixité dans les établissements scolaires et universitaires à tous les niveaux et l’interdiction des signes carnavalesques et ostentatoires « Islamiques », lesquels n’ont rien à voir avec l’Islam.
8) L’assemblée dite Nationale et Constituante, la présidence provisoire de la république ont dépassé la limite du calendrier qui leur a été fixé. Leurs initiatives, y compris la « nouvelle » constitution et, à fortiori, leur existence même sont aujourd’hui illégales. Cette caducité requiert une réflexion et des propositions d’ordre constitutionnel. Vous aurez à y jouer un rôle. Lequel ? Il appartient aux juristes de le définir, pourvu qu’ils cessent de réciter leurs manuels et ne se coupent pas des réalités du politique.
9) Il faut rétablir immédiatement des relations diplomatiques normales avec Damas et le Caire. Un groupe d’Egyptiens ont brûlé notre drapeau. Je condamne avec force cet acte. Ils ont eu tort. Ils n’ont pas identifié correctement la cible de leur colère : les propos et les démarches irresponsables, stupides et orduriers de Ghannouchi et ses liens étroits avec les Frères Musulmans. J’ai protesté auprès de mes amis égyptiens en leur répétant que ce sinistre personnage ne représente ni institutionnellement ( !) ni intellectuellement ( !!) ni moralement ( ! !!) la Tunisie et que de toutes façons, on ne touche pas à notre drapeau.
Ce ne sont là que des mesures de première urgence qu’il est impératif de prendre si vous, vous en êtes convaincu et si, alors, on vous laisse agir. Mais voici, pour prendre date, pas seulement avec vous mais avec ceux qui vous succéderont , quelle que sera leur origine politique, une énumération des grands chantiers qu’exige la reconstruction de la Tunisie, une Tunisie libérée : la dissolution d’Ennahdha en tant que parti politique, la fermeture de ses écoles coraniques , une enquête judiciaire sur son enrichissement et ses sources, la traduction de Ghannouchi, Ben Jaafar, Marzouki, Jebali , Laarayedh et leurs comparses devant des Tribunaux d’Exception, la présentation d’une requête officielle au Haut Conseil des Droits Humains des Nations Unies afin d’inscrire Ennahdha, branche d'El Qaida, sur la liste internationale des entreprises terroristes.
De telles mesures, exigées par l’ensemble de notre peuple, sont inévitables. Elles nous permettront, alors, d’ouvrir des chantiers qui réparent ce qui a été endommagé et préparent l’avenir. Il s’agit de l’Emploi, instrumentalisé par la troïka ; de l’Education dégradée par les intégristes ; de la Santé :notre corps médical et paramédical est en butte à la pénurie et aux insupportables interdits « islamiques » ; de la Justice : elle doit retrouver toute notre confiance ; des Infrastructures vieillissantes et chaotiques : axes de communication et transport sous toutes ses modalités ; de la réorganisation des activités numériques en en réduisant les fractures et en en écartant les prédateurs.
De telles actions exigent des moyens techniques et budgétaires lourds. Seule une économie arrachée aux spéculateurs et à une UTICA déviante, mais soutenue par des Syndicats dignes de leurs vocations nous permettra de retrouver notre solvabilité auprès des marchés financiers et, surtout, notre crédibilité auprès des instances internationales ; Banque Mondiale, FMI, autres Agences du système de l’ONU. Un grand nombre de ces chantiers ont déjà été réalisés ou ont été entames depuis 1957 jusqu’à 2010. Nous devons remettre sur pied ce qui est altéré depuis 2011, terminer ce qui n’a pas été achevé et, surtout, inventer un demain qui n’attend pas. Vous allez crier à l’utopie ? L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable mais ce qui n’est pas encore réalisé.
Mohsen Toumi
Ecrivain et penseur politique tunisien. Cofondateur du MUP avec Ahmed Ben Salah, il est l’auteur de plusieurs essais, dont « La Tunisie pouvoirs et luttes », éditions Le Sycomore, Paris, 1978, et « La Tunisie de Bourguiba à Ben Ali », édition PUF, Paris, 1989.