Moncef Gouja : l’animal blessé tunisien a attiré tous les charognards de la planète


12 Novembre 2013

Il n’y a jamais eu de révolution en Tunisie parce qu’il n’y a jamais eu de révolutionnaires, écrit, sur sa page facebook, Moncef Gouja, l’ancien directeur du quotidien La Presse et l’ex consul général de Tunisie en France. Pour ce militant et intellectuel de gauche, qui a fait le choix de rallier le régime dès 1988, comme Mohamed Charfi, Abdelbakhi Hermassi, Moncer Rouissi, Saadeddine Zmerli, Khémaïes Chammari, Kamel Jendoubi, Lakhdar Lala...le mythe de la révolution a tourné au désastre et s’est une nouvelle histoire de la Tunisie qui s’écrit aujourd'hui.


Il y a bien eu processus évolutionnaire en Tunisie, depuis les évènements de Redeyef, mais jamais de révolution, processus stoppé net par le départ de l’ex président et l'entrée en scène d'une nébuleuse de forces qui voulaient mettre la main sur ce qui restait de l’Etat. Il n' y'a jamais eu de révolution, parce qu’il n' y' a jamais eu de révolutionnaires. Où sont les Jugurtha, les Robespierre, les Ben Ghdhahium, les Lénine, les mao-Tsé-toung ?

Seuls des soixante huit-tares attardés, de vieux apprentis putschistes, islamo-nationalistes, de vieux politiciens revanchards, de vielles pasionarias en mal de romance, croyant leurs moments venus, ont tenté vainement de s'accaparer la direction d une révolution qui n'existait que dans leurs imaginaires.

 Suffit-il que le plus vieux Baron, du régime qui a pris la tête, malgré lui d'un Etat chancelant annonce qu'elle a eu lieu, ou que le Président d'un pays qui a toujours combattu les révolutions et a toujours mis en prison ses propres révolutionnaires, l’applaudisse, en compagnie d'un aréopage des plus grands antirévolutionnaires de la planète, en l'affabulant du nom de la révolution du jasmin déjà utilisé pour le même client, pour que l on y croit?

Prononcé par certains cela sonnait tellement faux et écorchait les oreilles et cela puait le cynisme et l'opportunisme. Seule la jeunesse, y a cru, car elle rêvait d'un monde meilleur, de lendemains qui chantent et de paradis terrestres ou célestes, qu'importe. Cette jeunesse, était allé se faire tuer, s'offrir en martyr, voulant croire à l'impossible, parce que justement elle était trop jeune pour réaliser qu'une grande farce se manigançait, car le festin de l'animal blessé, profondément, mais qui se débattait qui était l'Etat tunisien, a attiré tous les charognards de la planète.

Seul l'instinct de survie et le patriotisme des tunisiens l'ont sauvé mais en lui accordant uniquement un sursis. Les promesses d'une révolution n'engagent, diraient certains que les gens qui y croient. Mais justement la révolution n’a rien promis ca elle n'a jamais existé que dans la tête de ceux qui y croyaient. Le mythe a vécu, car ce fut un mythe, positif certes mais qui a tourné à la mystification, car il a servi à faire avaler toutes les couleuvres. On peut néanmoins reconnaître, que ce mythe a servi à quelque chose, malgré tout, le tunisien ne se laisserait plus faire, car il tente de contrôler son destin, parce que l'Etat protecteur n'est plus qu'un souvenir. Il doit désormais assumer ses actes, et lutter pour sa survie. C'est le début d une nouvelle histoire de la Tunisie.

Moncef Gouja, Ancien directeur du quotidien La Presse, ex directeur général de la Télévision tunisienne et ancien Consul général de Tunisie en France et auteur de "La grande discorde de l'islam", éd. L'Harmattan, 2006.