Manœuvre islamistes : Ennahda ne présentera pas de candidat aux présidentielles


7 Septembre 2014

Stratagème politicien ou stratégie politique ? La question se pose après l’annonce que vient de faire le porte-parole d’Ennahda, selon laquelle son parti a décidé de ne pas présenter de candidat aux élections présidentielles. Ennahda ne pèsera pas moins dans le choix et l’élection du futur président.


Rached Ghannouchi, le cheikh le plus doué et le plus machiavélique de la classe politique tunisienne.
Après la réunion, ce samedi et dimanche 6-7 septembre, du Conseil de la Choura, l'autorité suprême du mouvement Ennahda, son porte-parole, Zied Ladhari  vient de déclarer que son parti, majoritaire à l’Assemblée  Constituante, a décidé de ne pas présenter de candidat pour les élections présidentielles qui sont prévue pour le 23 novembre 2014.

Zied Ladhari a précisé que son parti « Ennahdha ne présentera pas un candidat à la présidentielle mais qu’il soutiendra un candidat consensuel capable de réunir tous les partis et de préserver le processus démocratique ».

Dans sa déclaration rapportée par l’AFP, M.Ladhari a indiqué que « le parti Ennahdha ne veut pas dominer la scène politique et se concentrera seulement sur les élections législatives », prévues pour le 26 octobre 2014.

On précisera que la Constitution tunisienne qui a été adoptée en début d'année après avoir été revue et corrigée par certains « spécialistes » américains, allemands, anglais et belges, prévoit un régime politique dominé par le Parlement et où le président n'a que des pouvoirs limités pour ne pas dire symboliques. Heureusement d’ailleurs car, si nous étions encore sous l’ancienne Constitution, avec le Tartarin qui squatte le palais de Carthage depuis 2011, nous serions déjà en guerre avec l’Algérie et en partenariat économique avec la Somalie !

La section locale des Frère musulman, Ennahda, vainqueur des élections d’octobre 2011, et son adversaire sporadique, Nidaa Tounes, sont présentés par certains sondages orientés comme étant les favoris des prochaines élections. On serait alors tenté de croire que Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi se sont mis d’accord pour se partager le gâteau : les islamistes au gouvernement et Bajbouj à Carthage, son rêve de vieillesse.

L’argument mobilisateur de Nida Tounes, et le slogan « Votez utile pour sauver la Tunisie et éloigner les islamistes », n’a donc plus de sens puisqu’un Bajbouj à Carthage n’aura pas plus d’influence ou de pouvoir qu’un Tartour à Sidi Bouzid.
 
Selon la même dépêche de l’AFP, l'instance chargée d'organiser ce double scrutin législatif et présidentiel, l’ISIE, a enregistré l'inscription de plus de 1500 listes électorales totalisant quelque 15000 candidats aux législatives. Décidemment, c’est la bousculade à la représentativité d’un peuple qui crie déjà famine et dont le réveil risque d’être encore plus douloureux à la rentrée.  
 
Lilia Ben Rejeb