Maître Khalil Maaroufi : Je suis fier d’avoir cru au parti de mes ancêtres.


1 Juillet 2013

Khalil Maaroufi n’est pas un nom connu par les Tunisiens. Pourtant, Al-Jazeera l’avait diffamé en 2010 et la justice tunisienne vient de le condamner à un mois de prison et à une amende symbolique pour un conflit somme toute banal avec un certain Mouldi Zouabi, un proche de Sihem Ben Sédrine et ancien militant du PDP. Khalil Maaroufi est un jeune avocat qui a quitté la Tunisie il y a près de deux ans pour préparer un doctorat en France. C’est donc par contumace qu’il a été condamné. Attaqué par certains médias sans crédibilité et sans honneur, il ne s’est jamais exprimé publiquement pour se défendre, car aucun média ne l’a sollicité. Tunisie-Secret lui donne la parole afin que l’opinion publique sache qu’en Tunisie, les traîtres et les mercenaires sont devenus des « personnalités respectables », et les patriotes sont pourchassés par une justice aux ordres.


Tunisie-Secret- On va vous demander de vous présenter car l'opinion publique ne vous connait pas, alors que la justice tunisienne vient de vous condamner dans une affaire apparemment politique. Qui est Kkalil Maaroufi ?

Khalil Maaroufi- Bonjour, je tiens d’abord à remercier l’équipe de Tunisie Secret qui, depuis sa création ne cesse de dévoiler  les vérités en donnant la parole aux sans voix. Je suis Khalil Maaroufi  un jeune avocat Tunisien, patriote fils d’un patriote et petit fils d’un patriote, comme le prouvent les événements sanglants de Jendouba en 1939. J’ai fait toutes mes études en Tunisie jusqu’à mon admission au barreau. Sur le plan politique, j’ai toujours été destourien et je suis très fier d’avoir milité dans un parti qui a été fondé par Ezaïm Habib Bourguiba, le parti de la lutte pour l’indépendance, de la construction de l’Etat-national, de la lutte contre l’ignorance et le sous-développement.    
Aujourd’hui je suis doctorant en droit en France. La justice Tunisienne vient de me  condamner à un mois de prison et à verser une amende symbolique pour une affaire qui a été déjà jugé avant « la révolution de la dignité ». Le premier jugement qui a été prononcé le 8 décembre 2010 par le tribunal de première instance de Jendouba me donnait parfaitement raison et condamnait celui qui me poursuit aujourd’hui à 900 dinars d’amende.

T.S- Voulez-vous nous raconter l’origine de cette affaire ?

K.M- En fait, l’origine de cette affaire remonte au mois de mars 2010, époque à laquelle mon père était le responsable régionale des scouts tunisiens à Jendouba et qui a démissionné de son propre gré pour des raisons de santé et après avoir donné 50 ans de sa vie. Quelques jours après, le dénommé Mouldi Zouabi a fait un article odieux pour l’accuser de fraude financière sans aucune preuve tangible. Le seul « crime » de mon père c’est qu’il était patriote et militant destourien.
Mon père a déposé contre cet individu trois plaintes en diffamation auprès du tribunal de première instance de Jendouba. Parce que le pouvoir craignait les scandales et la politisation par l’opposition, le procureur n’a accepté aucune de ces plaintes, prétextant qu’il y avait déjà une affaire en cours entre cet individu et moi-même. En effet, le 1er avril 2010, j’ai croisé à Jendouba ce Mouldi Zouabi. De discussion en dispute, on en est arrivé aux mains, comme cela arrive souvent dans ce genre de situation tendue. Si ce voyou a l’habitude d’agresser les gens physiquement, je reconnais que l’avocat que je suis n’aurais pas dû rendre les coups que j’ai reçu. Le soir même, Al-Jazeera, dans « Al-hasaad al-magharibi » annonçait qu’un « opposant a été agressé par les milices du RCD » en citant mon nom. C’était évidemment une désinformation pour impliquer le régime dans une affaire banale entre deux personnes qui se connaissent et qui habitent Jendouba. On connaît bien maintenant les méthodes de cette chaîne de propagande, mais à l’époque les spectateurs gobaient tout ce que cette chaîne disait.
J’avais gagné mon procès contre cet individu qui a été condamné à 900 dinars d’amende. Mais après le « printemps arabe », la justice tunisienne est revenue sur ce jugement pour  l’infirmer en me condamnant, par contumace, à un mois de prison et à une amende.
    
T.S- Qui est exactement Mouldi Zouabi et quelles sont les personnes ou les organisations qui l’ont soutenu à l‘époque ?

K.M- Merci bien pour cette question. Le dénommé Mouldi Zouabi est un personnage insignifiant qui a fait une licence de géographie en Syrie, pays qu’on a voulu détruire avec  le fameux printemps arabe américain dont ce personnage est un ardent défenseur. Un ingrat et un mercenaire qui a contribué avec les cyber-collabos à détruire le monde arabe pour les intérêts américains et qataris. Le but est la prise du pouvoir après des années de préparation avec Freedom House et l’ambassade américaine en Tunisie. Les idoles de ce Mouldi Zouabi sont Ahmed-Néjib Chebbi et Maya Jribi, les principaux partenaires des Américains à l’époque de Ben Ali.
J’ajouterai que ce personnage qui se dit journaliste et qui n’a aucun lien avec ce métier dont  je respecte les professionnels, s’est spécialisé dans l’insulte et la calomnie des gens en couvrant sa sale besogne de l’étiquette opposant et militant des droits de l’homme, une « immunité » qui lui permet de retourner la moindre plainte en « persécution » du régime. A l’époque de Ben Ali, le fond de commerce de cet individu et de beaucoup comme lui était le régime policier et RCD, malgré qu’il a profité des crédits de BTS pour créer son projet, un crédit qu’il n’a pas remboursé jusqu’à présent et qu’il a obtenu sous la « dictature de Ben Ali » ! Moi Madame, je n’ai demandé et obtenu aucun crédit.
Je vous rappelle Madame que le journal « El-Mawkef », journal qui appliquait l’agenda américain, était vendu dans les librairies en Tunisie. Et je vous rappelle aussi que cet individu qui se disait attaché de presse travaillait pour le compte de certaines ambassades occidentales à Tunis. Lors du procès que j’avais intenté contre lui en 2010, un agent (noir) de l’ambassade américaine s’appelant Peter s’était personnellement déplacé à Jendouba. Il faut le faire ! Je terminerai en disant que ce Mouldi Zouabi a été accusé de détournement de fonds par son propre parti politique, le PDP. Cette information est facilement vérifiable, car en 2011, les membres de son parti ont présenté leurs démissions à cause du comportement abusif de cet escroc. Dieu merci, nos mains sont bien propres, nous militants destouriens de père en fils et fiers de l’être, aujourd’hui plus que jamais.

T.S- Pensez-vous que cette affaire ait un lien avec votre engagement militant au sein du RCD qui a été dissout depuis ?

K.M- Oui, absolument. Dès le départ de cette affaire banale de droit commun, 18 avocats sont venu plaider contre moi, parmi lesquels Radhia Nasraoui et Ahmed-Néjib Chebbi. Ils l’ont tout de suite exploité en la politisant contre le régime. Comme je vous l’ai dit, même Al-Jazeera en a parlé à l’époque ! Quelques organisations dites des droits de l’homme basées en Suisse ont été impliquées dans cette affaire. A l’époque, tout au long du procès, un noir américain de l’ambassade US en Tunisie était présent. Qui est ce Mouldi Zouabi, et qui suis-je après tout pour que l’ambassade américaine dépêche au palais de justice de Jendouba l’un de ses agents, pour qu’Al-Jazeera en parle et pour qu’une ONG suisse y prenne part ? Que je sache, ce n’est pas le procès de Kennedy !
Je voudrai dire au passage et à titre anecdotique que juste après le 14 janvier 2011, l’ex-procureur de la République à Jendouba, qui s’appelle Montassar Safta, a appelé les « révolutionnaires » pour leur dire que l’avocat Khalil Maaroufi doit passer devant la justice pour une agression contre un journaliste. Ce pauvre magistrat qui a été toute sa vie au service du régime n’a pas trouvé meilleur moyen de prêter allégeance à la « révolution du jasmin » que de m’accabler. C’était sa façon d’assurer son avenir en faisant oublier son passé. Après la « révolution », il a d’ailleurs eu droit à une promotion. Moi, je suis fier de mon passé et d’avoir cru au parti de mes ancêtres.

T.S- Pour vous, il s’agit donc d’une vengeance ?

K.M- Bien évidemment qu’il s’agit d’une vengeance. Cet individu était du PDP et moi, j’étais un militant du RCD. J’ai adhéré à ce parti par conviction et c’est un honneur pour moi d’avoir été destourien. Mon grand père a contribué à la libération de cette patrie et je garde jusqu’à ce jour le procès-verbal de sa condamnation par les colons pour avoir conduit le soulèvement populaire du 4 avril 1939 à Ouled Mliz. J’ai voulu servir mon pays que je n’ai jamais trahi contrairement à certains Harkis qui collaboraient avec des puissances occidentales soi-disant pour défendre les droits de l’homme et la démocratie.

T.S- Pourquoi avez-vous quitté la Tunisie ?

K.M- Malgré que j’étais inscrit au barreau en Tunisie, je voulais continuer mes études en droit à l’étranger. Je voulais obtenir un doctorat, ce qui est le rêve de tout jeune étudiant tunisien. Ayant déjà de proches parents en France, j’ai obtenu un visa d’étude qui m’a permis de quitter la Tunisie et de m’inscrire dans une université française. Très jeune, j’ai appris de mes parents que pour réussir dans la vie, il faut travailler dur et acquérir des diplômes. Dans ma famille, on croit à la réussite par le mérite et par le sacrifice.

T.S- Vous avez été récemment condamné par contumace. Quelles sont vos intentions maintenant ?

K.M- Mon avocat, dont je salue au passage le courage et la déontologie, va faire appel. Personnellement, j’ai pour moi ma conscience et je ne regrette pas du tout d'avoir défendu l'honneur de mon père dont tous les habitants de Jendouba connaissent l'honnêteté et le patriotisme. Je ne désespère pas de la justice tunisienne qui, fragilisée et culpabilisée par la « révolution du jasmin », a subi dans mon affaire les pressions sournoises de certains médias comme « Kalima » de Sihem Ben Sédrine, pour laquelle je n’ai aucune estime, et « Al-Hiwar Ettounsi » de Taher Ben Hassine, que je respecte. J’ai l’intention de m’adresser à la justice européenne et une ONG des droits de l’homme a déjà accepté de parrainer mon dossier. Contrairement à mon adversaire qui est un affairiste des droits de l’homme, je suis un homme de loi et cette affaire est pour moi une question de principe. 

Tunisie-Secret

Maître Khalil Maaroufi




Mouldi Zouabi avec ses amis Américains




Jour du procès en 2010. De gauche à droite Maya Jribi, Mouldi Zouabi, Néjib Chebbi...