« C'est ajouter du malheur au monde que de mal nommer les choses », Albert Camus
Deux ans après le déclenchement de ce qui a été communément appelé le « printemps arabe », on commence à mieux saisir les tenants et aboutissants de cette prétendue révolution arabe, qui a mis en place des islamistes obscurantistes et par dessus le marché incompétents en la personne de Ghanouchi en Tunisie et Morsi en Égypte avec l'aval des États unis et un financement saoudo-qatari.
On assiste depuis cette triste date à la mise en cause des acquis chèrement acquis surtout en Tunisie, petit pays à petits moyens financiers mais à grande capacité humaine , à la destruction méthodique des fondements historiques de ce pays qui a toujours connu et pratiqué un islam largement contextualisé et par conséquent ouvert et tolérant. On a depuis remplacé des régimes certes anti démocratiques mais modernes et laïques, par des nouveaux despotes des temps modernes, jouant le rôle de petit « caniche » bien domestiqué , prêt à servir les intérêts étrangers, auxquels ils sont largement inféodés.
Certains répliqueraient en disant que c'est une conspiration conduite par des personnes à la solde des anciens régimes. La vérité, est que le peuple soit disons libéré, regrette amèrement le temps de l'ancien régime, une partie va même jusqu'à réclamer aujourd'hui son retour, rejetant en bloc Ennahda et son amateurisme politique, doublée d'une incompétence de touts les instants. Quels sont les dessous du jeu de ces princes du désert, frappés du saut du ridicule et de l'ignorance, des qualités du peuple tunisien, qui commence à s'organiser contre cette conspiration islamo-capitaliste qui tient depuis la Tunisie en otage.
En effet, tout est parti des attaques terroristes contre les États-Unis et l'invasion d'Afghanistan qui s'en est suivie, puisque les Américains vont changer de stratégie en se rapprochant des différents courants islamistes, rompant ainsi avec une position affichée jusqu'à là, considérant les islamistes comme un danger et des ennemis à combattre. On assiste depuis à un renversement des valeurs et une modification en profondeur de la stratégie politique des États-Unis, qui va alors utiliser tous les islamistes repentis et "modérés", comme les nouveaux gardiens des intérêts américains dans le monde arabe. L'outil de cette nouvelle alliance américano-islamiste, qui est loin d'être une alliance contre nature, c'est la mise en avant du refrain habituel dans ce type de situation, la construction de la démocratie et l'instauration des droits humains dans ces pays, il est vrai longtemps bafoués mais avec la caution et le soutien de cette même Amérique, de ses « pantins » européens et des pays arabes du Golfe. L'installation de ces nouvelles dictatures obscurantistes et rétrogrades, obéit à certaines conditions sine qua non imposées par les États-Unis:
1)accepter la main mise américaine sur les ressources énergétiques du monde arabe notamment le pétrole
2) imposer l’État israélien comme la seule puissance régionale au détriment des droits historiques légitimes du peuple palestinien
3) arrêter définitivement toute attaque et actions terroristes contre les États-Unis et leurs intérêts dans le monde
Seulement chacun sait que les droits de l'Homme sont le dernier des soucis ou plutôt le dernier « avatar » pour reprendre l'expression du généticien « Axel Kahn » de la mission civilisatrice des anciennes puissances coloniales.
Pour s'en convaincre, il suffit de consulter un livre référence sur ce programme diabolique des États unis. Il s'agit de l'ouvrage réalisé par Robert Dreyfuss portant le titre combien évocateur de « Devil’s Game. How the United States Helped Unleash Fundamentalist Islam », « Jeu du diable. Comment les États-Unis ont aidé à libérer l’islam fondamentaliste ? », paru en novembre 2005. Ces pays libérés sont en effet confrontés aujourd'hui à l'influence grandissante du wahhabisme, considéré comme une forme extrême de l'islamisme politique, instrumentalisée par les États-Unis, comme le rappelle excellemment l'auteur. Ce programme va être tout simplement accéléré par le président démocrate Obama dès son accession au pouvoir à la tête des États-Unis. Il faut rappeler pour information que le président Obama, qui est né d'un père kényan musulman, a grandit dans un environnement musulman et avec un beau père musulman d'origine indonésienne, connaît bien ce type d'islam plutôt fermé et tourné vers la communautarisme et le repli identitaire, qui contraste avec l'islam de la grande majorité de la nation arabo-musulmane et notamment au Maghreb. Je veux parler d'un islam largement contextualisé, tolérant, ouvert sur son environnement régional et international, ce qui est le cas en Tunisie.
Il faut dire qu'avec l'arrivée d'Obama à la maison blanche, les islamistes ne pouvaient espérer meilleure allié pour amorcer enfin leur conquête tant attendu du pouvoir dans le monde arabe, après tant d'année de marginalisation et de répression. Les islamistes cependant se trompent lourdement et commettent presque un péché impardonnable de se laisser tenter par une puissance étrangère généralement islamophobe, ne cherchant qu'a assurer et pérenniser ses intérêts et ceux de son allié stratégique, Israël. En somme cette nouvelle génération de dictateurs à la solde de l'étranger n'a pas encore réalisé à quel point les États-Unis pouvaient être l'ennemi de la démocratie et de la liberté des peuples quand ses intérêts vitaux sont mis en cause. Je pense avec conviction que la stratégie des États unis vise à affaiblir l'islam et les musulmans en utilisant le seul vrai poison qu'il aient trouvé à ce jour, celui des islamistes et qui semble faire effet.
C'est dans le cadre de cette diabolique et machiavélique stratégie que s'inscrit le rôle moteur des États Unis dans le monde arabe après les très controversés « printemps arabes ». En d'autres termes, les États Unis d'Obama sont passés d'une hostilité certaine à une période donnée, envers les courants et les différentes organisations islamistes dans le monde, dont une grande partie était inscrite dans une liste combien exhaustive des mouvements terroristes, à celle d'un allié presque stratégique des confréries musulmanes en tête desquelles les Frères musulmans et leurs acolytes tunisiens. C'est le petit État du Qatar qui a été chargé de mettre en pratique cette stratégie si dangereuse , portant en elle les germes d'une déstabilisation lourde de conséquences pour ses pays, déjà confrontés à des défis socio-économiques majeurs.
C'est le cas de la Tunisie aujourd'hui, puisque c'est le premier pays qui a connu cette grande supercherie appelée faussement printemps tunisien, qui n'est autre chose qu'une énorme escroquerie, rendue possible par une collusion d'intérêts qui dépassent de très loin le peuple tunisien qui n'a rien vu venir hier, mais qui ouvre désormais les yeux. Il commence à nommer les choses par leur nom, à savoir qu'on est bien face à une conspiration impérialo-islamiste, dont il commence aujourd'hui à saisir les véritables dangers. Sinon, comment expliquer le soutien quasi spontanée qu'ont apporté les principales monarchies rétrogrades du Golfe à la prétendue insurrection tunisienne? Comment expliquer également le soutien militaro financier qu'apportent le Qatar et l’Arabie saoudite aux soit disant combattants de la liberté en Syrie, qui sont en train de mettre en péril la stabilité de ce pays et celle de la région toute entière avec la caution américaine et européenne, au nom des droits de l'homme et de la démocratie? Quel sera le pays suivant, certainement, l'Iran, le Liban et l'Algérie pour ainsi terminer le travail par l'instauration d'un califat islamo-américain, couvrant tous les pays ainsi « libérés » du joug de la "dictature".
L'implication de Doha dans la politique intérieure tunisienne est totale depuis le départ de l'ancien président Ben Ali, en mettant tous son poids financier dans la balance pour faire gagner Ennahda aux premières élections tunisiennes qui n'étaient pas si transparentes que l'on veut bien le croire, si l'on considère que ce pays a signé un chèque estimé à 300 millions de dollars au parti islamiste Ennahda pour lui permettre de récolter un maximum de voix et faire basculer les élections en sa faveur. Ce n'est ici que la partie visible de l'iceberg, des accords secrets seraient également conclus avec les islamistes tunisiens, une sorte de trésor de guerre pour gouverner la Tunisie depuis Doha, avec un effet sur l'ensemble des États de ce printemps arabe.
Le comble, c'est que la Tunisie est devenue aujourd'hui, une base arrière de l'islamisme djihadiste, des dizaines de jeunes désœuvrés, embrigadés, entraînés, partent se battre en Syrie au nom du grand Djihad, moyennant une promesse financière de toucher une somme d'argent conséquente. Ces jeunes ne reviennent quasiment jamais, puisque ceux qui tombent se font brûler sur place pour ne laisser aucune preuve de présence de mercenaires du Djihad. Après une période d'embrigadement, ces jeunes partent à la frontière turque où ils sont lâchés dans un conflit dont ils ne comprennent strictement rien, tout juste qu'ils sont là pour se battre au nom de l'étendard de l'Islam.
En effet ce petit royaume du désert ne veut pas perdre la face et ne recule devant rien pour faire chuter le régime de Bachar Al Assad, conscient qu'il est aujourd’hui très impliqué dans ces prétendus printemps arabes. Doha n'a d'autres choix que de réaliser cette stratégie machiavélique islamo-américaine. Le très regretté Chokri Belaïd ne s'est pas trompé quand il a parlé de complot américano-israélien, notamment la veille de sa mort, visant à faire mainmise sur le monde arabo-musulman en désignant à sa tête des gouvernement islamistes, incompétents. En somme des amateurs sans aucune vision moderniste.
Cette déclaration à coup sûr lui a coûté la vie, certainement que son patriotisme à toute épreuve l'a poussé à dépasser certaines lignes rouges. Que ces marchands de sable se rassurent, la Syrie résiste plutôt bien et résistera longtemps encore. La Tunisie ne sera pas une proie facile, et ce petit peuple par le nombre mais grands par son intelligence, ne sombrera pas et fera triompher la vérité en dévoilant au grand jour la stratégie haineuse de ces comploteurs et de leurs acolytes locaux.
La Tunisie est aujourd'hui otage du Qatar. Je pense par conséquent qu'il nous sera difficile d'échapper à ce complot ourdi, tant que les islamistes d'Ennahda resteraient au pouvoir. Néanmoins, ces derniers étant redevables vis à vis de leur protecteur qatari, ne quitteront pas le pouvoir aussi facilement qu'on pouvait l'imaginer ou le supposer. La proposition d'Ennahda de quitter le gouvernement conformément aux résultat du débat national qui s'est déroulé récemment à l'initiative de l'UGTT, me paraît peu probable, et même s'il aboutit à quelque chose, ce serait au prix des concessions qui seront faites à Ennahda. L’Algérie qui s'inquiète à juste titre de la situation de pourrissement de la situation tunisienne, est en mesure d'aider à une sortie de crise. Il ne s'agit pas de s'immiscer dans les affaires internes tunisiennes, je suis de ceux qui appellent à une solidarité algérienne avec notre chère patrie qui se meurt lentement mais sûrement, de part la proximité géographique, l'histoire et la destinée commune des deux peuples.
J'invite nos amis algériens qui sont certainement la prochaine cible de cette grande manipulation à investir en Tunisie pour faire échouer ce plan diabolique qui consisterait à asservir le pays en tuant l'Etat de droit et les fondements civils de l’État tunisien. Il y va aussi de l'avenir et de la sécurité de l'Algérie. En effet ce pays est aujourd'hui en excédent de plus de 250 milliards; il serait possible par conséquent à ce grand pays frère de sauver la Tunisie de ce complot et de se sauver lui-même. Investir quelques 3 à 5 milliards milliards pour relancer l'économie tunisienne désormais au bord de la faillite, notamment par la construction de l'autoroute reliant le nord au sud longtemps marginalisé et continue de l'être aujourd'hui. L'Algérie peut être le meilleure rempart contre l'islamisme wahhabite, qui menace la stabilité de notre chère région maghrébine et arabe. Ne perdant pas de vue que ce petit émirat insignifiant, il y a quelques temps, proposait à la Tunisie, un prêt de 5 milliards de dollars à un taux faramineux de 3,5% d'intérêt alors que le Japon proposait la même somme pour un taux dérisoire de 0,5%. C'est visiblement l'approche qatarie de l’entraide "musulmane" et "fraternelle" arabe!
Ce n'est plus un tabou de dire que ce petit émirat est impliqué lourdement dans le financement du terrorisme islamiste, notamment aujourd'hui en Syrie et au Mali .Cette vérité, on ne risque pas de la découvrir dans la presse tunisienne aujourd'hui aux ordres des princes zélés du Qatar. C'est un article d'un journal algérien « la Nouvelle république » qui met clairement en avant le rôle détestable de ce pays présent sur tous les fronts. Il a été publié le 28 janvier 2013, reprenant un article publié en France par le « Canard Enchaîne » datant du juin 2012 intitulé, « notre ami du Qatar, finance les islamistes au Mali ». Ce pays finance en effet les Frères musulmans Égyptiens, Tunisiens et les différents djihadistes en Syrie, après avoir terminé sa basse besogne en soutenant financièrement et sans compter les rebelles libyens soutenus par les forces de l'Otan, parvenant ainsi à chasser le colonel Mouammar Ghadafi après avoir contribué à son arrestation et son exécution sommaire dans des conditions de pure barbarie indigne de l'islam et des musulmans.
L'objectif du Qatar dépasse la région maghrébine. En effet, le petit émirat tente également une percée et cherche à s'imposer en tant qu'acteur incontournable en Afrique de l'Ouest de par sa longue présence au Mali. Ce pays offre en effet, des intérêts conséquents notamment par ses richesses pétrolières et gazières qui demandent beaucoup d'investissement et d'infrastructures pour les exploiter. Or, on sait que le Qatar, qui s'est spécialisé depuis peu dans la vente de ce type de prestation, ne manquerait pas de proposer son "savoir faire". Se faisant, Doha chercherait à asseoir son emprise sur le continent. La réussite de ce jeu démoniaque du moins pour le moment en Tunisie et en Libye, a donné des ailes à cet émirat insignifiant sur la carte du monde, moyennant une politique de désinformation, via son outil de propagande, la chaîne Al Djazira, qui se contente d'être aux ordres, oubliant au passage, les principes les plus élémentaires de la déontologie journalistique.
La Tunisie constitue une infime partie d'un vaste projet de mainmise sur les pays qui ne rentrent pas dans la ligne wahhabite de l'Arabie Saoudite et du Qatar, qui chemin faisant, cherchent à se prémunir d'un prétendu danger venant de l'axe Iran, Syrie, Hezbollah. La vérité c'est qu'ils cherchent surtout à ne pas sombrer dans ce "printemps arabe" dont ils ont été les promoteurs et d'êtres les prochaines cibles des peuples de cette région, volontairement maintenus dans l'ignorance la plus totale par une politique connue de rachat de la paix sociale par la redistribution de la manne pétrolière et gazière.
Je crois fermement que le temps est venu en effet pour faire face comme un seul homme à ce projet destructeur qui joue avec la stabilité du continent, transformant la Tunisie, la Libye et l’Égypte en otage de l'impérialisme islamo capitaliste. Il vise aujourd’hui la Syrie, demain l'Algérie, le Liban, l'Iran et la liste est loin d'être exhaustive. N'oublions pas ce proverbe algérien qui dit que « ce sont des trous creusés par des rats qui font tomber le cheval ».
Oui, la Tunisie vit aujourd'hui une étape sensible de sa longue existence; elle est à un tournant crucial de son histoire si riche. Je reste néanmoins confiant dans l'avenir de la Tunisie forte de ses compétences humaines, de la tolérance et de l'intelligence légendaires de son peuple. Un pays qui a donné naissance à la première constitution moderne dans un pays arabo-musulman, organisant le pouvoir politique, mise en place le 26 avril 1861 par Mohammed Sadok Bey, après la proclamation du Pacte fondamental en 1857, un mouvement d'idées qui a longtemps inspiré les générations suivantes de Destouriens qui n’ont cessé de revendiquer une constitution dans les premières années du XXe siècle jusqu’à l’Assemblée nationale constituante après l’indépendance.
Un pays qui a connu une entrée fracassante dans la modernité sous l'ère d'Ahmed Bey ( 1837-1855), un pays qui s'est distingué par son originalité, celle d'avoir aboli l'esclavage le 23 janvier 1846 soit deux ans avant la France ( 27 avril 1848). Un pays, patrie de grands réformateurs courageux tel Kheireddine Pacha, qui expliquait dès 1868 que « l'avenir de la civilisation islamique est lié à sa modernisation ». Le pays de Cheikh Mohamed Snoussi qui prônait dès 1897 la promotion de l'éducation des filles, ou encore d’Abdelaziz Thâalbi, qui plaidait pour la suppression du hijab, que Bourguiba avait qualifié de « misérable torchon »; le pays de Mohamed Bayram, de Tahar Haddad, figures de proue du réformisme tunisien moderne, un pays qui s'est distingué par un ensemble de lois révolutionnaires largement en avance sur leur temps. Je veux parler du CSP « Code de statut personnel » donnant de larges droits à la femme tunisienne, comme le consentement obligatoire au mariage, la création d’une procédure de divorce et l’abolition de la polygamie ou encore le droit à l'avortement médical dès 1969, soit 5 ans avant l'octroi de ce même droit aux femmes françaises en 1974 ( loi dite de l'IVG votée avec beaucoup de difficultés et d'atermoiements grâce au courage de l'ancienne ministre de la santé Simone Weill). Ce pays ne peut sombrer dans l'irrationnel et restera à jamais debout devant les complots et les stratégies de déstabilisation, n'en déplaise à ses détracteurs, c'est-à-dire ses monarchies de « bédouins » qui ont fait de la sur-instrumentalisation de l'islam, la seule politique à promouvoir. Je rappelle à ces imposteurs ce que disait un grand écrivain algérien : « à vouloir tout expliquer par la religion, il y a risque de l'amoindrir ». Voilà de belles paroles à méditer, plutôt que de continuer à semer le désordre et la mort au non d'une religion tolérante par excellence et dont visiblement ils n'ont rien compris.
Dr Mohamed Troudi, Chercheur en relations internationales et stratégiques, politologue et analyste en politique étrangère, Paris
On assiste depuis cette triste date à la mise en cause des acquis chèrement acquis surtout en Tunisie, petit pays à petits moyens financiers mais à grande capacité humaine , à la destruction méthodique des fondements historiques de ce pays qui a toujours connu et pratiqué un islam largement contextualisé et par conséquent ouvert et tolérant. On a depuis remplacé des régimes certes anti démocratiques mais modernes et laïques, par des nouveaux despotes des temps modernes, jouant le rôle de petit « caniche » bien domestiqué , prêt à servir les intérêts étrangers, auxquels ils sont largement inféodés.
Certains répliqueraient en disant que c'est une conspiration conduite par des personnes à la solde des anciens régimes. La vérité, est que le peuple soit disons libéré, regrette amèrement le temps de l'ancien régime, une partie va même jusqu'à réclamer aujourd'hui son retour, rejetant en bloc Ennahda et son amateurisme politique, doublée d'une incompétence de touts les instants. Quels sont les dessous du jeu de ces princes du désert, frappés du saut du ridicule et de l'ignorance, des qualités du peuple tunisien, qui commence à s'organiser contre cette conspiration islamo-capitaliste qui tient depuis la Tunisie en otage.
En effet, tout est parti des attaques terroristes contre les États-Unis et l'invasion d'Afghanistan qui s'en est suivie, puisque les Américains vont changer de stratégie en se rapprochant des différents courants islamistes, rompant ainsi avec une position affichée jusqu'à là, considérant les islamistes comme un danger et des ennemis à combattre. On assiste depuis à un renversement des valeurs et une modification en profondeur de la stratégie politique des États-Unis, qui va alors utiliser tous les islamistes repentis et "modérés", comme les nouveaux gardiens des intérêts américains dans le monde arabe. L'outil de cette nouvelle alliance américano-islamiste, qui est loin d'être une alliance contre nature, c'est la mise en avant du refrain habituel dans ce type de situation, la construction de la démocratie et l'instauration des droits humains dans ces pays, il est vrai longtemps bafoués mais avec la caution et le soutien de cette même Amérique, de ses « pantins » européens et des pays arabes du Golfe. L'installation de ces nouvelles dictatures obscurantistes et rétrogrades, obéit à certaines conditions sine qua non imposées par les États-Unis:
1)accepter la main mise américaine sur les ressources énergétiques du monde arabe notamment le pétrole
2) imposer l’État israélien comme la seule puissance régionale au détriment des droits historiques légitimes du peuple palestinien
3) arrêter définitivement toute attaque et actions terroristes contre les États-Unis et leurs intérêts dans le monde
Seulement chacun sait que les droits de l'Homme sont le dernier des soucis ou plutôt le dernier « avatar » pour reprendre l'expression du généticien « Axel Kahn » de la mission civilisatrice des anciennes puissances coloniales.
Pour s'en convaincre, il suffit de consulter un livre référence sur ce programme diabolique des États unis. Il s'agit de l'ouvrage réalisé par Robert Dreyfuss portant le titre combien évocateur de « Devil’s Game. How the United States Helped Unleash Fundamentalist Islam », « Jeu du diable. Comment les États-Unis ont aidé à libérer l’islam fondamentaliste ? », paru en novembre 2005. Ces pays libérés sont en effet confrontés aujourd'hui à l'influence grandissante du wahhabisme, considéré comme une forme extrême de l'islamisme politique, instrumentalisée par les États-Unis, comme le rappelle excellemment l'auteur. Ce programme va être tout simplement accéléré par le président démocrate Obama dès son accession au pouvoir à la tête des États-Unis. Il faut rappeler pour information que le président Obama, qui est né d'un père kényan musulman, a grandit dans un environnement musulman et avec un beau père musulman d'origine indonésienne, connaît bien ce type d'islam plutôt fermé et tourné vers la communautarisme et le repli identitaire, qui contraste avec l'islam de la grande majorité de la nation arabo-musulmane et notamment au Maghreb. Je veux parler d'un islam largement contextualisé, tolérant, ouvert sur son environnement régional et international, ce qui est le cas en Tunisie.
Il faut dire qu'avec l'arrivée d'Obama à la maison blanche, les islamistes ne pouvaient espérer meilleure allié pour amorcer enfin leur conquête tant attendu du pouvoir dans le monde arabe, après tant d'année de marginalisation et de répression. Les islamistes cependant se trompent lourdement et commettent presque un péché impardonnable de se laisser tenter par une puissance étrangère généralement islamophobe, ne cherchant qu'a assurer et pérenniser ses intérêts et ceux de son allié stratégique, Israël. En somme cette nouvelle génération de dictateurs à la solde de l'étranger n'a pas encore réalisé à quel point les États-Unis pouvaient être l'ennemi de la démocratie et de la liberté des peuples quand ses intérêts vitaux sont mis en cause. Je pense avec conviction que la stratégie des États unis vise à affaiblir l'islam et les musulmans en utilisant le seul vrai poison qu'il aient trouvé à ce jour, celui des islamistes et qui semble faire effet.
C'est dans le cadre de cette diabolique et machiavélique stratégie que s'inscrit le rôle moteur des États Unis dans le monde arabe après les très controversés « printemps arabes ». En d'autres termes, les États Unis d'Obama sont passés d'une hostilité certaine à une période donnée, envers les courants et les différentes organisations islamistes dans le monde, dont une grande partie était inscrite dans une liste combien exhaustive des mouvements terroristes, à celle d'un allié presque stratégique des confréries musulmanes en tête desquelles les Frères musulmans et leurs acolytes tunisiens. C'est le petit État du Qatar qui a été chargé de mettre en pratique cette stratégie si dangereuse , portant en elle les germes d'une déstabilisation lourde de conséquences pour ses pays, déjà confrontés à des défis socio-économiques majeurs.
C'est le cas de la Tunisie aujourd'hui, puisque c'est le premier pays qui a connu cette grande supercherie appelée faussement printemps tunisien, qui n'est autre chose qu'une énorme escroquerie, rendue possible par une collusion d'intérêts qui dépassent de très loin le peuple tunisien qui n'a rien vu venir hier, mais qui ouvre désormais les yeux. Il commence à nommer les choses par leur nom, à savoir qu'on est bien face à une conspiration impérialo-islamiste, dont il commence aujourd'hui à saisir les véritables dangers. Sinon, comment expliquer le soutien quasi spontanée qu'ont apporté les principales monarchies rétrogrades du Golfe à la prétendue insurrection tunisienne? Comment expliquer également le soutien militaro financier qu'apportent le Qatar et l’Arabie saoudite aux soit disant combattants de la liberté en Syrie, qui sont en train de mettre en péril la stabilité de ce pays et celle de la région toute entière avec la caution américaine et européenne, au nom des droits de l'homme et de la démocratie? Quel sera le pays suivant, certainement, l'Iran, le Liban et l'Algérie pour ainsi terminer le travail par l'instauration d'un califat islamo-américain, couvrant tous les pays ainsi « libérés » du joug de la "dictature".
L'implication de Doha dans la politique intérieure tunisienne est totale depuis le départ de l'ancien président Ben Ali, en mettant tous son poids financier dans la balance pour faire gagner Ennahda aux premières élections tunisiennes qui n'étaient pas si transparentes que l'on veut bien le croire, si l'on considère que ce pays a signé un chèque estimé à 300 millions de dollars au parti islamiste Ennahda pour lui permettre de récolter un maximum de voix et faire basculer les élections en sa faveur. Ce n'est ici que la partie visible de l'iceberg, des accords secrets seraient également conclus avec les islamistes tunisiens, une sorte de trésor de guerre pour gouverner la Tunisie depuis Doha, avec un effet sur l'ensemble des États de ce printemps arabe.
Le comble, c'est que la Tunisie est devenue aujourd'hui, une base arrière de l'islamisme djihadiste, des dizaines de jeunes désœuvrés, embrigadés, entraînés, partent se battre en Syrie au nom du grand Djihad, moyennant une promesse financière de toucher une somme d'argent conséquente. Ces jeunes ne reviennent quasiment jamais, puisque ceux qui tombent se font brûler sur place pour ne laisser aucune preuve de présence de mercenaires du Djihad. Après une période d'embrigadement, ces jeunes partent à la frontière turque où ils sont lâchés dans un conflit dont ils ne comprennent strictement rien, tout juste qu'ils sont là pour se battre au nom de l'étendard de l'Islam.
En effet ce petit royaume du désert ne veut pas perdre la face et ne recule devant rien pour faire chuter le régime de Bachar Al Assad, conscient qu'il est aujourd’hui très impliqué dans ces prétendus printemps arabes. Doha n'a d'autres choix que de réaliser cette stratégie machiavélique islamo-américaine. Le très regretté Chokri Belaïd ne s'est pas trompé quand il a parlé de complot américano-israélien, notamment la veille de sa mort, visant à faire mainmise sur le monde arabo-musulman en désignant à sa tête des gouvernement islamistes, incompétents. En somme des amateurs sans aucune vision moderniste.
Cette déclaration à coup sûr lui a coûté la vie, certainement que son patriotisme à toute épreuve l'a poussé à dépasser certaines lignes rouges. Que ces marchands de sable se rassurent, la Syrie résiste plutôt bien et résistera longtemps encore. La Tunisie ne sera pas une proie facile, et ce petit peuple par le nombre mais grands par son intelligence, ne sombrera pas et fera triompher la vérité en dévoilant au grand jour la stratégie haineuse de ces comploteurs et de leurs acolytes locaux.
La Tunisie est aujourd'hui otage du Qatar. Je pense par conséquent qu'il nous sera difficile d'échapper à ce complot ourdi, tant que les islamistes d'Ennahda resteraient au pouvoir. Néanmoins, ces derniers étant redevables vis à vis de leur protecteur qatari, ne quitteront pas le pouvoir aussi facilement qu'on pouvait l'imaginer ou le supposer. La proposition d'Ennahda de quitter le gouvernement conformément aux résultat du débat national qui s'est déroulé récemment à l'initiative de l'UGTT, me paraît peu probable, et même s'il aboutit à quelque chose, ce serait au prix des concessions qui seront faites à Ennahda. L’Algérie qui s'inquiète à juste titre de la situation de pourrissement de la situation tunisienne, est en mesure d'aider à une sortie de crise. Il ne s'agit pas de s'immiscer dans les affaires internes tunisiennes, je suis de ceux qui appellent à une solidarité algérienne avec notre chère patrie qui se meurt lentement mais sûrement, de part la proximité géographique, l'histoire et la destinée commune des deux peuples.
J'invite nos amis algériens qui sont certainement la prochaine cible de cette grande manipulation à investir en Tunisie pour faire échouer ce plan diabolique qui consisterait à asservir le pays en tuant l'Etat de droit et les fondements civils de l’État tunisien. Il y va aussi de l'avenir et de la sécurité de l'Algérie. En effet ce pays est aujourd'hui en excédent de plus de 250 milliards; il serait possible par conséquent à ce grand pays frère de sauver la Tunisie de ce complot et de se sauver lui-même. Investir quelques 3 à 5 milliards milliards pour relancer l'économie tunisienne désormais au bord de la faillite, notamment par la construction de l'autoroute reliant le nord au sud longtemps marginalisé et continue de l'être aujourd'hui. L'Algérie peut être le meilleure rempart contre l'islamisme wahhabite, qui menace la stabilité de notre chère région maghrébine et arabe. Ne perdant pas de vue que ce petit émirat insignifiant, il y a quelques temps, proposait à la Tunisie, un prêt de 5 milliards de dollars à un taux faramineux de 3,5% d'intérêt alors que le Japon proposait la même somme pour un taux dérisoire de 0,5%. C'est visiblement l'approche qatarie de l’entraide "musulmane" et "fraternelle" arabe!
Ce n'est plus un tabou de dire que ce petit émirat est impliqué lourdement dans le financement du terrorisme islamiste, notamment aujourd'hui en Syrie et au Mali .Cette vérité, on ne risque pas de la découvrir dans la presse tunisienne aujourd'hui aux ordres des princes zélés du Qatar. C'est un article d'un journal algérien « la Nouvelle république » qui met clairement en avant le rôle détestable de ce pays présent sur tous les fronts. Il a été publié le 28 janvier 2013, reprenant un article publié en France par le « Canard Enchaîne » datant du juin 2012 intitulé, « notre ami du Qatar, finance les islamistes au Mali ». Ce pays finance en effet les Frères musulmans Égyptiens, Tunisiens et les différents djihadistes en Syrie, après avoir terminé sa basse besogne en soutenant financièrement et sans compter les rebelles libyens soutenus par les forces de l'Otan, parvenant ainsi à chasser le colonel Mouammar Ghadafi après avoir contribué à son arrestation et son exécution sommaire dans des conditions de pure barbarie indigne de l'islam et des musulmans.
L'objectif du Qatar dépasse la région maghrébine. En effet, le petit émirat tente également une percée et cherche à s'imposer en tant qu'acteur incontournable en Afrique de l'Ouest de par sa longue présence au Mali. Ce pays offre en effet, des intérêts conséquents notamment par ses richesses pétrolières et gazières qui demandent beaucoup d'investissement et d'infrastructures pour les exploiter. Or, on sait que le Qatar, qui s'est spécialisé depuis peu dans la vente de ce type de prestation, ne manquerait pas de proposer son "savoir faire". Se faisant, Doha chercherait à asseoir son emprise sur le continent. La réussite de ce jeu démoniaque du moins pour le moment en Tunisie et en Libye, a donné des ailes à cet émirat insignifiant sur la carte du monde, moyennant une politique de désinformation, via son outil de propagande, la chaîne Al Djazira, qui se contente d'être aux ordres, oubliant au passage, les principes les plus élémentaires de la déontologie journalistique.
La Tunisie constitue une infime partie d'un vaste projet de mainmise sur les pays qui ne rentrent pas dans la ligne wahhabite de l'Arabie Saoudite et du Qatar, qui chemin faisant, cherchent à se prémunir d'un prétendu danger venant de l'axe Iran, Syrie, Hezbollah. La vérité c'est qu'ils cherchent surtout à ne pas sombrer dans ce "printemps arabe" dont ils ont été les promoteurs et d'êtres les prochaines cibles des peuples de cette région, volontairement maintenus dans l'ignorance la plus totale par une politique connue de rachat de la paix sociale par la redistribution de la manne pétrolière et gazière.
Je crois fermement que le temps est venu en effet pour faire face comme un seul homme à ce projet destructeur qui joue avec la stabilité du continent, transformant la Tunisie, la Libye et l’Égypte en otage de l'impérialisme islamo capitaliste. Il vise aujourd’hui la Syrie, demain l'Algérie, le Liban, l'Iran et la liste est loin d'être exhaustive. N'oublions pas ce proverbe algérien qui dit que « ce sont des trous creusés par des rats qui font tomber le cheval ».
Oui, la Tunisie vit aujourd'hui une étape sensible de sa longue existence; elle est à un tournant crucial de son histoire si riche. Je reste néanmoins confiant dans l'avenir de la Tunisie forte de ses compétences humaines, de la tolérance et de l'intelligence légendaires de son peuple. Un pays qui a donné naissance à la première constitution moderne dans un pays arabo-musulman, organisant le pouvoir politique, mise en place le 26 avril 1861 par Mohammed Sadok Bey, après la proclamation du Pacte fondamental en 1857, un mouvement d'idées qui a longtemps inspiré les générations suivantes de Destouriens qui n’ont cessé de revendiquer une constitution dans les premières années du XXe siècle jusqu’à l’Assemblée nationale constituante après l’indépendance.
Un pays qui a connu une entrée fracassante dans la modernité sous l'ère d'Ahmed Bey ( 1837-1855), un pays qui s'est distingué par son originalité, celle d'avoir aboli l'esclavage le 23 janvier 1846 soit deux ans avant la France ( 27 avril 1848). Un pays, patrie de grands réformateurs courageux tel Kheireddine Pacha, qui expliquait dès 1868 que « l'avenir de la civilisation islamique est lié à sa modernisation ». Le pays de Cheikh Mohamed Snoussi qui prônait dès 1897 la promotion de l'éducation des filles, ou encore d’Abdelaziz Thâalbi, qui plaidait pour la suppression du hijab, que Bourguiba avait qualifié de « misérable torchon »; le pays de Mohamed Bayram, de Tahar Haddad, figures de proue du réformisme tunisien moderne, un pays qui s'est distingué par un ensemble de lois révolutionnaires largement en avance sur leur temps. Je veux parler du CSP « Code de statut personnel » donnant de larges droits à la femme tunisienne, comme le consentement obligatoire au mariage, la création d’une procédure de divorce et l’abolition de la polygamie ou encore le droit à l'avortement médical dès 1969, soit 5 ans avant l'octroi de ce même droit aux femmes françaises en 1974 ( loi dite de l'IVG votée avec beaucoup de difficultés et d'atermoiements grâce au courage de l'ancienne ministre de la santé Simone Weill). Ce pays ne peut sombrer dans l'irrationnel et restera à jamais debout devant les complots et les stratégies de déstabilisation, n'en déplaise à ses détracteurs, c'est-à-dire ses monarchies de « bédouins » qui ont fait de la sur-instrumentalisation de l'islam, la seule politique à promouvoir. Je rappelle à ces imposteurs ce que disait un grand écrivain algérien : « à vouloir tout expliquer par la religion, il y a risque de l'amoindrir ». Voilà de belles paroles à méditer, plutôt que de continuer à semer le désordre et la mort au non d'une religion tolérante par excellence et dont visiblement ils n'ont rien compris.
Dr Mohamed Troudi, Chercheur en relations internationales et stratégiques, politologue et analyste en politique étrangère, Paris