Les pays du BICS, la crise et les enjeux de l’Economie participative, par Belwafa Dekhra


25 Février 2016

Contribution originale d'une chef d'entreprise tunisienne portant sur la crise économique à l'horizon, sur l'importance capitale des pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et sur l'opportunité d'impulser l'économie alternative ou participative.


Belwafa Dekhra au siège de l'UNESCO à Paris, en 2014.
La France et la Tunisie font de très mauvais choix géostratégiques ! Ils devront prendre en compte plusieurs composantes économiques, politiques et géopolitiques depuis la naissance du BRICS en 2009, en Russie, et calculer l'ampleur de ce nouvel organisme ainsi que son potentiel stratégique dans les décennies à venir.

Les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) tiennent compte du problème de la nutrition d’un quart de la population mondiale car ils les représentent. Ces pays ont enregistré une augmentation de leurs richesses en un temps record face aux anciens pays riches du monde, des résultats essentiellement dû à une vision politique nationale et souveraine ainsi qu’à des choix stratégiques autonomes de la CEE et des Etats Unis d’Amérique, « l’hyper-puissance » comme disait Hubert Védrine, qui décidait pour 7,3 milliards d’individus.

Le sixième sommet des pays des BRICS qui s’est tenu les 15 et 16 juillet 2014 à Fortaleza au Brésil, avait, en effet, marqué un tournant décisif tant sur le plan financier que sur le plan géopolitique. Pour les BRICS, qui constitue 40 % de la population mondiale et 25 % de son PIB, il ne s’agit pas de devenir un club fermé ou de remplacer l’hégémonie américaine par celle de la Chine ou de la Russie, mais de rompre avec un système financier agonisant, qui a eu son heure de gloire mais qui a fait d’énormes dégâts dans monde.
 
Après plus de 25 ans d’atlantisme unipolaire -depuis la chute du mur de Berlin e 1989-, le retour de la bipolarité dans les relations internationales n’est plus une chimère mais une réalité d’autant plus criante qu’elle s’est traduite ces derniers temps par la montée en puissance des pays du BRICS sur la scène politique internationale, notamment dans le conflit qui oppose les grandes puissances au Moyen-Orient et plus exactement en Syrie.

Les nouveaux pays de BRICS, organisme qui compte désormais certains pays associés d’Afrique, sont aujourd’hui militairement puissants et présents dans toutes les zones chaudes du monde. Un tel retour en force n'a pas été pris anticipé ni pris en compte par les dirigeants Tunisiens ou Français, à moins qu’il ait été délibérément ignoré puisque les pays de l’OTAN sont ipso facto dépendants du FMI.

Selon certaines études de prospective, l'Euro va subir une chute vertigineuse dans les prochains mois et il sera vraisemblablement sous le seuil du dollar. La monnaie américaine elle-même ne semble plus en parfaite santé et ce, malgré la détermination des institutions financières de maintenir le dollar comme unique monnaie d’échange mondiale, ce qui est de plus en plus contesté par les puissances du BRICS. Selon toute prévision, une nouvelle crise est à l’horizon 2016-2017 et elle serait d'une ampleur sans précédent.

Certains pays auront donc tout intérêt à prendre leurs précautions des maintenant, en préservant leurs réserves d’or et en réexaminant leurs alliances stratégiques. Il semblerait d’ailleurs que les réserves d’or américaines sont dans une situation alarmante, ce qu’aurait découvert Dominique Strauss Kahn lorsqu’il était à la tête du FMI !

Il serait prudent pour les entreprises Française et Tunisienne, liées au marché de l'Euro, de diversifier leurs marchés en exportant leurs produits vers des pays du BRICS pour pouvoir équilibrer le manque à gagner de la chute de l'Euro dans le cas où celle-ci atteindrait son plus bas niveau historique.

Quand aux institutions gouvernementales, il faut qu’elles essayent de reconstruire des relations avec tout les pays de BRICS et entreprendre des rapports culturels et commerciaux pour permettre aux nouvelles générations de ne pas subir un chômage appelé à doubler dans les cinq années qui viennent, si rien n’est entrepris dès à présent.
  
La seule solution à préconiser pour faire face à la crise  économique qui affectera la France et par conséquent la Tunisie, ainsi d’ailleurs que d’autres pays de la zone francophone, serait de faire un appel à la consommation collaborative  comme moyen de préserver la devise nationale de la crise en perspective, de créer un pouvoir d’épargne individuel et surtout de s’occuper sérieusement de l’emploi en consommant patriote via des plates forme de consommation collaborative de nos produits régionaux et nationaux qui sont la première source d’emplois.

J’appelle donc les citoyens et la société civile en général de réduire leurs manifestations pour ceci ou cela et de passer au militantisme économique : agir en tant qu’acteur économique traduisant par la consommation locale, si minimale soit-elle, un acte de patriotisme. Tout mettre sur le dos des gouvernements, c’est occulter nos propre responsabilités individuelles et collectives. Consommer ce que l’on produit est non seulement un acte de patriotisme économique, mais cela contribue aussi à sauver des emplois et à en créer de nouveaux.

Changer d’attitude et de mode de consommation n‘empêchera évidemment pas la crise d’impacter sur notre économie qui est déjà en récession en raison des mauvais choix de ces cinq dernières années ainsi que du terrorisme qui a ruiné le secteur vital du tourisme. Encore faut-il cesser les crédits mal négociés et aussi mal investis, ne plus appliquer à la lettre les « recommandations » du FMI et de la Banque Mondiale, et miser sur les financements participatifs.

L’aire de l’Economie Participative, alternative ou citoyenne, c’est l’enjeu de demain. La définir, envisager ses dispositifs, l’encadrer institutionnellement, fixer ses objectifs économiques, sociaux et politiques, ce n‘est pas échapper totalement à la crise, mais c’est éviter le pire !

Dhekra Belwafa