Béji Caïd Essebsi reçu par François Hollande à l'Elysée.
Notre confrère de Mondafrique, Nicolas Beau, a essayé de décrypter l’interview que Béji Caïd Essebsi a accordé au quotidien islamo-jésuite, Le Monde. A la question du Monde, « Sur la coopération sécuritaire, que peut apporter la France à la Tunisie ? », Béji Caïd Essebsi a répondu : « Nous avons déjà une coopération, ce n'est pas nouveau. Peut-être pouvons-nous la renforcer. »
Voici de la pure langue de bois, écrit Nicolas Beau. Selon le patron de Mondafrique, « Premier ministre de la transition en Tunisie à partir de mars 2011, Béji est bien placé pour savoir le vide des promesses financière faites par les occidentaux au sommet du G8 à Deauville, les 26 et 27 mai 2011, auquel il assistait. Les cinq milliard promis n'arriveront pas dans les caisses tunisiennes, les promesses n'ont guère été tenues. D'autant plus qu'au sein de l'administration française, beaucoup de voix s'élevèrent contre l'affectation de fonds en faveur des islamistes d'Ennahdha qui avaient pris le pouvoir lors de l'élection de l'Assemblée constituante d'octobre 2011. »
Toujours selon Nicolas Beau, « Dès l'hiver 2014, quelques responsables tunisiens non islamistes et qui sont arrivés depuis aux commandes des forces sécuritaires sous Mehdi Jomaa, l’ancien Premier ministre, puis sous Béji, avaient adressé aux services français un rapport très alarmiste. Là encore, les aides attendues, notamment en matière de formation des personnels et d'équipement aux frontières, n'ont jamais été au rendez-vous. Pourquoi en serait-il aujourd'hui autrement, alors que les dépenses militaires françaises explosent avec les interventions au Mali, dans le Sahel et en Irak ? »
A ces questions de notre confrère, TS peut répondre qu’il ne s’agit ni d’une énième promesse qui ne sera pas tenue, ni d’un acte de charité. Il s’agit plutôt d’une grosse commande prépayée par cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, l’émir des Emirats arabes unis. Montant du contrat, 2 milliards de dollars. L’origine de l’aide n’est donc pas française mais émiratie.
Dès lors, la question que l’on se pose est la suivante : pourquoi ce montant colossal devrait-il servir exclusivement à l’achat d’armes, d’autant plus qu’il existe depuis l’ère Bourguiba un accord franco-tunisien de défense commune ? Etait-ce une condition des Emirats arabes unis ou, plus vraisemblablement, un forcing des négociateurs français ?
La question se pose car, en dépit du péril islamiste terroriste qui menace sérieusement la Tunisie et que le gouvernement actuel doit éradiquer sans pitié, consacrer 2 milliards de dollars à des équipements militaires et sécuritaires est, le moins qu’on puisse dire, disproportionné. La moitié de cette somme devrait aller dans le développement économique et sociale, particulièrement dans les régions dites défavorisées, comme Kasserine, Thala, Gafsa, Sidi Bouzid et surtout le sud tunisien, qui constitue le principal réservoir de recrutement de terroristes destinés à la Libye, à l’Irak, à la Syrie et, bien évidemment à la Tunisie.
Tous ces jeunes candidats au djihad sont certes psychologiquement et idéologiquement prédisposés à tuer et à se faire tuer. Mais ils sont aussi des jeunes qui n’ont rien à perdre, puisqu’ils sont socialement marginalisés et économiquement misérables. Ils ont cru avoir fait une révolution de la « dignité » mais leur situation a encore empirée depuis 2011.
Si les gouvernements qui se sont succédés à la tête de la Tunisie depuis janvier 2011 n’ont quasiment rien fait pour ces jeunes des régions défavorisées, et si la troïka s’est engraissée sur le dos du peuple, par la corruption et la prévarication, l’actuel gouvernement n’a aucun alibi et aucune raison de continuer dans la même voie. La lutte contre le terrorisme passe aussi par le développement social et économique de ces régions, en s’occupant des infrastructures, en lançant de grands projets industriels, agro-alimentaires, énergétiques, ferroviaires, portuaires… Autant de chantiers qui peuvent absorber des centaines et des milliers de jeunes chômeurs, en les détournant ainsi d’une « carrière » lucrative dans les rangs de Daech et d’Al-Qaïda !
Parce que la menace terroriste est globale, le combat contre le terrorisme islamiste doit être total et impitoyable. De la sûreté de la Tunisie dépend la sécurité de la France. C'est donc solidaires et sans calcul mercantiliste que la France et la Tunisie, avec l'ensemble des autres pays du nord et du sud de la Méditerranée, parviendront à enrayer ce fléau des temps modernes.
Nebil Ben Yahmed
Voici de la pure langue de bois, écrit Nicolas Beau. Selon le patron de Mondafrique, « Premier ministre de la transition en Tunisie à partir de mars 2011, Béji est bien placé pour savoir le vide des promesses financière faites par les occidentaux au sommet du G8 à Deauville, les 26 et 27 mai 2011, auquel il assistait. Les cinq milliard promis n'arriveront pas dans les caisses tunisiennes, les promesses n'ont guère été tenues. D'autant plus qu'au sein de l'administration française, beaucoup de voix s'élevèrent contre l'affectation de fonds en faveur des islamistes d'Ennahdha qui avaient pris le pouvoir lors de l'élection de l'Assemblée constituante d'octobre 2011. »
Toujours selon Nicolas Beau, « Dès l'hiver 2014, quelques responsables tunisiens non islamistes et qui sont arrivés depuis aux commandes des forces sécuritaires sous Mehdi Jomaa, l’ancien Premier ministre, puis sous Béji, avaient adressé aux services français un rapport très alarmiste. Là encore, les aides attendues, notamment en matière de formation des personnels et d'équipement aux frontières, n'ont jamais été au rendez-vous. Pourquoi en serait-il aujourd'hui autrement, alors que les dépenses militaires françaises explosent avec les interventions au Mali, dans le Sahel et en Irak ? »
A ces questions de notre confrère, TS peut répondre qu’il ne s’agit ni d’une énième promesse qui ne sera pas tenue, ni d’un acte de charité. Il s’agit plutôt d’une grosse commande prépayée par cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, l’émir des Emirats arabes unis. Montant du contrat, 2 milliards de dollars. L’origine de l’aide n’est donc pas française mais émiratie.
Dès lors, la question que l’on se pose est la suivante : pourquoi ce montant colossal devrait-il servir exclusivement à l’achat d’armes, d’autant plus qu’il existe depuis l’ère Bourguiba un accord franco-tunisien de défense commune ? Etait-ce une condition des Emirats arabes unis ou, plus vraisemblablement, un forcing des négociateurs français ?
La question se pose car, en dépit du péril islamiste terroriste qui menace sérieusement la Tunisie et que le gouvernement actuel doit éradiquer sans pitié, consacrer 2 milliards de dollars à des équipements militaires et sécuritaires est, le moins qu’on puisse dire, disproportionné. La moitié de cette somme devrait aller dans le développement économique et sociale, particulièrement dans les régions dites défavorisées, comme Kasserine, Thala, Gafsa, Sidi Bouzid et surtout le sud tunisien, qui constitue le principal réservoir de recrutement de terroristes destinés à la Libye, à l’Irak, à la Syrie et, bien évidemment à la Tunisie.
Tous ces jeunes candidats au djihad sont certes psychologiquement et idéologiquement prédisposés à tuer et à se faire tuer. Mais ils sont aussi des jeunes qui n’ont rien à perdre, puisqu’ils sont socialement marginalisés et économiquement misérables. Ils ont cru avoir fait une révolution de la « dignité » mais leur situation a encore empirée depuis 2011.
Si les gouvernements qui se sont succédés à la tête de la Tunisie depuis janvier 2011 n’ont quasiment rien fait pour ces jeunes des régions défavorisées, et si la troïka s’est engraissée sur le dos du peuple, par la corruption et la prévarication, l’actuel gouvernement n’a aucun alibi et aucune raison de continuer dans la même voie. La lutte contre le terrorisme passe aussi par le développement social et économique de ces régions, en s’occupant des infrastructures, en lançant de grands projets industriels, agro-alimentaires, énergétiques, ferroviaires, portuaires… Autant de chantiers qui peuvent absorber des centaines et des milliers de jeunes chômeurs, en les détournant ainsi d’une « carrière » lucrative dans les rangs de Daech et d’Al-Qaïda !
Parce que la menace terroriste est globale, le combat contre le terrorisme islamiste doit être total et impitoyable. De la sûreté de la Tunisie dépend la sécurité de la France. C'est donc solidaires et sans calcul mercantiliste que la France et la Tunisie, avec l'ensemble des autres pays du nord et du sud de la Méditerranée, parviendront à enrayer ce fléau des temps modernes.
Nebil Ben Yahmed