Par-delà le ton volontairement provocateur et sensationnel du président du parlement iranien , ce qui s’est passé le 7 février dernier à l’assemblée constituante préfigure le conflit idéologique, politique et peut-être même armé qui va se jouer, dans les mois et les années qui viennent, entre le wahhabisme et le khomeynisme sur le sol tunisien, à l'instar de la scène libanaise, qui a été et demeure un champ de bataille entre les différentes fractions locales, entre les forces régionales et entre les grandes puissances mondiales.
Ce qui devait être une fête pour un peuple au ventre creux et à la constitution pleine de droits formels, a tourné à l’incident diplomatique. Il faut vraiment s’appeler Marzouki pour réunir dans la même cérémonie qui consacre la colonisation de la Tunisie, la délégation américaine et le représentant de la république islamique d’Iran. Mais en avait-il le choix ? L’usurpateur de Carthage n’a fait qu’obéir aux injonctions de son tuteur, Rached Ghannouchi, dont les relations avec l’Iran remontent au début des années 1980, époque à laquelle Bourguiba avait rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran qui soutenait financièrement la subversion islamiste en Tunisie, tout comme d’ailleurs l’administration américaine !
Ce qui devait être une journée historique pour un peuple qui a oublié sa propre histoire (le 7 février correspond aussi à l’assassinat de Chokri Belaïd et aux événements sanglants de Sakiet Sidi Youssef de 1958), et à qui on a offert une ratatouille constitutionnelle qui a mijoté dans les cuisines des ambassades américaine, allemande, qatarie et française, a viré à la démonstration de force d’un invité (iranien) qui veut s’implanter en Tunisie, contre un invité (américain) qui est déjà chez lui.
A cette cérémonie universelle en terre suzeraine, le grand vizir ottoman n’a pas participé. On avait pourtant tout fait pour que le représentant de l’islamisme « modéré » soit dans la galerie, mais Erdogan doit encore étouffer le printemps turc qui s’est réveillé chez lui. Pour d’autres raisons, la Chine, la Russie et l’Amérique Latine n’ont pas répondu à l’invitation des autorités tunisiennes. Quant à Barack Hussein Obama, il a préféré convoquer à Washington Mehdi Jomaa et Béji Caïd Essebsi, des partenaires plus sérieux et plus fiables que Moncef Marzouki et Rached Ghannouchi, les deux valets de l’islamo-atlantisme avant le retournement géopolitique en Egypte et en Syrie.
A propos de la Syrie, dont le principal soutien contre la vague criminelle et terroriste des islamo-fascistes a été l’Iran, Ali Larijani n’ignore sans doute pas que le pays dont il a loué la « révolution » a été le premier à soutenir les mercenaires syriens qui ont pris les armes contre la Syrie et son peuple. La Tunisie a été, en effet, le premier pays a rompre ses relations diplomatiques avec la Syrie, à accueillir à Tunis l’opposition vendue au Qatar, aux USA, à la France et à la Turquie, et à envoyer sa racaille djihadiste (près de 5000 terroristes) pour massacrer et égorger le bon peuple syrien. Comment l’Etat iranien peut-il soutenir en Tunisie ce qu’il combat en Syrie ?
Depuis toujours, je n’ai jamais été un admirateur du régime théocratique iranien. Mais depuis la croisade islamo-atlantiste contre la Syrie, j’ai admiré le soutien de l’Iran et du Hezbollah au peuple et à l’Etat syriens, même si ce soutien obéit beaucoup plus à des considérations régionales et géopolitiques qu’à une quelconque fidélité ou fraternité irano-syrienne. Les Etats ne se déterminent pas par amitié ou inimitié, mais par intérêts. Si la Syrie n’est pas tombée, elle ne le doit ni à l’Iran, ni même à la Russie, mais à la résistance héroïque de son peuple, au courage sans faille de son élite dirigeante et au patriotisme sans égal de son armée nationale.
La charge anti-américaine d’Ali Larijani n’est pas pour me déplaire. Depuis la retraite de Castro et l’assassinat d’Hugo Chavez, on n’entend plus beaucoup de leaders charismatiques dénoncer l’impérialisme et le bellicisme américain. Mais le président du parlement iranien s’est donné un peu trop à un exercice de démagogie et de populisme en considérant que la « révolution tunisienne a été un cri de colère contre la grande puissance ». En tant qu’iranien, il sait pourtant que la « révolution du jasmin », première révolution 2.0, a été d’abord testée en Iran, en juin 2009. Malgré son symbole sacrificiel, Neda Agha Soltan, et ses 70 morts, elle a échoué grâce à « l’efficacité » de la répression, à la cohésion du régime et à la loyauté de l’armée. Ali Larijani sait également que le « printemps arabe » n’a pas commencé en 2011 en Tunisie mais en 2003 en Irak, lors de la campagne bushienne à laquelle la République islamique d’Iran s’est associée pour détruire l’ennemi irakien.
Malgré les apparences, le discours du président du parlement iranien n’était pas improvisé mais minutieusement préparé. Ali Larijani est venu à Tunis avec un message très clair pour les Etats-Unis et pour Ennahda, qui va devoir choisir entre l’islamisme révolutionnaire que l’Iran inspire et soutient, et l’islamisme réactionnaire que le Qatar finance et que l’Oncle Sam approuve. Ce dernier n’a pas apprécié la diatribe d’Ali Larijani et la délégation américaine a manifesté sa colère en quittant l’assemblée constituante. Dans un communiqué de l’ambassade américaine en Tunisie, le Proconsul Jacob Walles a regretté que « ce qui devait être une cérémonie honorant les réalisations de la Tunisie a été utilisé par le représentant de l’Iran en tant que plate-forme pour dénoncer les Etats-Unis ».
Avec les excuses officielles du gouvernement tunisien, l’incident diplomatique est clos. Mais pas la guerre d’influence pour le contrôle de l’islamisme tunisien entre les Américains, les Européens, les Iraniens, les Qataris, les Saoudiens et les Turcs, une guerre qui n’est qu’à ses débuts.TunisieSecret
Mezri Haddad
Ce qui devait être une fête pour un peuple au ventre creux et à la constitution pleine de droits formels, a tourné à l’incident diplomatique. Il faut vraiment s’appeler Marzouki pour réunir dans la même cérémonie qui consacre la colonisation de la Tunisie, la délégation américaine et le représentant de la république islamique d’Iran. Mais en avait-il le choix ? L’usurpateur de Carthage n’a fait qu’obéir aux injonctions de son tuteur, Rached Ghannouchi, dont les relations avec l’Iran remontent au début des années 1980, époque à laquelle Bourguiba avait rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran qui soutenait financièrement la subversion islamiste en Tunisie, tout comme d’ailleurs l’administration américaine !
Ce qui devait être une journée historique pour un peuple qui a oublié sa propre histoire (le 7 février correspond aussi à l’assassinat de Chokri Belaïd et aux événements sanglants de Sakiet Sidi Youssef de 1958), et à qui on a offert une ratatouille constitutionnelle qui a mijoté dans les cuisines des ambassades américaine, allemande, qatarie et française, a viré à la démonstration de force d’un invité (iranien) qui veut s’implanter en Tunisie, contre un invité (américain) qui est déjà chez lui.
A cette cérémonie universelle en terre suzeraine, le grand vizir ottoman n’a pas participé. On avait pourtant tout fait pour que le représentant de l’islamisme « modéré » soit dans la galerie, mais Erdogan doit encore étouffer le printemps turc qui s’est réveillé chez lui. Pour d’autres raisons, la Chine, la Russie et l’Amérique Latine n’ont pas répondu à l’invitation des autorités tunisiennes. Quant à Barack Hussein Obama, il a préféré convoquer à Washington Mehdi Jomaa et Béji Caïd Essebsi, des partenaires plus sérieux et plus fiables que Moncef Marzouki et Rached Ghannouchi, les deux valets de l’islamo-atlantisme avant le retournement géopolitique en Egypte et en Syrie.
A propos de la Syrie, dont le principal soutien contre la vague criminelle et terroriste des islamo-fascistes a été l’Iran, Ali Larijani n’ignore sans doute pas que le pays dont il a loué la « révolution » a été le premier à soutenir les mercenaires syriens qui ont pris les armes contre la Syrie et son peuple. La Tunisie a été, en effet, le premier pays a rompre ses relations diplomatiques avec la Syrie, à accueillir à Tunis l’opposition vendue au Qatar, aux USA, à la France et à la Turquie, et à envoyer sa racaille djihadiste (près de 5000 terroristes) pour massacrer et égorger le bon peuple syrien. Comment l’Etat iranien peut-il soutenir en Tunisie ce qu’il combat en Syrie ?
Depuis toujours, je n’ai jamais été un admirateur du régime théocratique iranien. Mais depuis la croisade islamo-atlantiste contre la Syrie, j’ai admiré le soutien de l’Iran et du Hezbollah au peuple et à l’Etat syriens, même si ce soutien obéit beaucoup plus à des considérations régionales et géopolitiques qu’à une quelconque fidélité ou fraternité irano-syrienne. Les Etats ne se déterminent pas par amitié ou inimitié, mais par intérêts. Si la Syrie n’est pas tombée, elle ne le doit ni à l’Iran, ni même à la Russie, mais à la résistance héroïque de son peuple, au courage sans faille de son élite dirigeante et au patriotisme sans égal de son armée nationale.
La charge anti-américaine d’Ali Larijani n’est pas pour me déplaire. Depuis la retraite de Castro et l’assassinat d’Hugo Chavez, on n’entend plus beaucoup de leaders charismatiques dénoncer l’impérialisme et le bellicisme américain. Mais le président du parlement iranien s’est donné un peu trop à un exercice de démagogie et de populisme en considérant que la « révolution tunisienne a été un cri de colère contre la grande puissance ». En tant qu’iranien, il sait pourtant que la « révolution du jasmin », première révolution 2.0, a été d’abord testée en Iran, en juin 2009. Malgré son symbole sacrificiel, Neda Agha Soltan, et ses 70 morts, elle a échoué grâce à « l’efficacité » de la répression, à la cohésion du régime et à la loyauté de l’armée. Ali Larijani sait également que le « printemps arabe » n’a pas commencé en 2011 en Tunisie mais en 2003 en Irak, lors de la campagne bushienne à laquelle la République islamique d’Iran s’est associée pour détruire l’ennemi irakien.
Malgré les apparences, le discours du président du parlement iranien n’était pas improvisé mais minutieusement préparé. Ali Larijani est venu à Tunis avec un message très clair pour les Etats-Unis et pour Ennahda, qui va devoir choisir entre l’islamisme révolutionnaire que l’Iran inspire et soutient, et l’islamisme réactionnaire que le Qatar finance et que l’Oncle Sam approuve. Ce dernier n’a pas apprécié la diatribe d’Ali Larijani et la délégation américaine a manifesté sa colère en quittant l’assemblée constituante. Dans un communiqué de l’ambassade américaine en Tunisie, le Proconsul Jacob Walles a regretté que « ce qui devait être une cérémonie honorant les réalisations de la Tunisie a été utilisé par le représentant de l’Iran en tant que plate-forme pour dénoncer les Etats-Unis ».
Avec les excuses officielles du gouvernement tunisien, l’incident diplomatique est clos. Mais pas la guerre d’influence pour le contrôle de l’islamisme tunisien entre les Américains, les Européens, les Iraniens, les Qataris, les Saoudiens et les Turcs, une guerre qui n’est qu’à ses débuts.TunisieSecret
Mezri Haddad