Le désenchantement des révolutionnaires d’un jour


15 Janvier 2016

Emna Jeblaoui croyait à la « révolution du jasmin », comme beaucoup d’autres intellectuels et petits bourgeois qui n’ont jamais bougé le petit doigt à l’époque de la « dictature ». De toutes les manifestations qui ont secoué le pays dès le 17 décembre 2010, celle du 14 janvier 2011 aura été un coup de poignard dans le dos de la patrie qui a fait basculer le destin de la Tunisie. Initiée par les mercenaires des droits de l’homme, les cyber-collabos et les ras d’ambassades, elle a annihilé le dernier espoir des réformes démocratiques promises la veille par un Ben Ali suffisamment fragilisé pour entreprendre ce qu’il aurait dû réaliser depuis dix ans. En scandant « Dégage » ce jour là, sous la fenêtre d’un ministre de l’Intérieur (Ahmed Friaa) aux compétences et aux capacités intellectuelles desquelles ils n’arrivaient pas à la cheville, Ils plongeaient la Tunisie dans l’anarchie, ouvraient la voie aux islamistes et inauguraient un « printemps arabe » néocolonialiste et dévastateur. Contrairement à beaucoup d'autres, Emna Jeblaoui a au moins le courage et le mérite de reconnaître certaines vérités.


Emna Jeblaoui, le 14 javier 2011, devant un drapeau qui est aujourd'hui plus bas que terre !
Aujourd'hui (14 janvier 2016), 5 ans après je préfère ne rien dire, et puis je n'ai pas participé aux festivités à l'avenue. Il y a trop de cafouillages. J'observe. On verra l'année prochaine.

Je suis fière d'avoir été devant le ministère de l’Intérieur le 14 janvier 2011, mais au risque de choquer mes amis qui se sont soulevés le 14, j'ai découvert que les révolutionnaires ne savent pas tous gouverner, et surtout que certains hauts commis de l'Etat qui ont travaillé sous Ben Ali sont plus compétents et plus dignes que certaines nouvelles figures.

Pour ne rien mélanger les patriotes se retrouveront un jour( !) Pour ma part je suis sortis pour demander plus de libertés et plus de réformes, mais pas pour qu'une partie des tunisiens soit prise en otage...

Au gens qui ne croient pas à la révolution, je préfère m'adresser aujourd'hui, peut être que ce n'était qu'un soulèvement, reconnaissez quand même que certaines choses méritaient changement.

Ce que je vois aujourd'hui ne me remplit pas de joie, les cartes sont mélangées, mais les gens de mauvaises foi n'iront pas loin... Seuls les amoureux du pays survivront au carnaval!

Emna Jeblaoui, enseignante à l’Université de Tunis.