Le Printemps Arabe: de l'Espoir à la Déception


23 Aout 2013

Article de Hatem Mzali, fils de l’ancien premier ministre de Tunisie, feu Mohamed Mzali. Nous le publions avec quelques réserves quant à l’influence excessivement attribuée aux « sionistes » et aux « francs-maçons » dans ce qui a été appelé le printemps arabe. Ce discours est de plus en plus en vogue en Tunisie, comme si on voulait se dédouaner à bon compte. A moins de penser que facebook est un outil « sioniste » et « maçonnique », tout ce qui se passe dans le monde arabe depuis la « révolution du jasmin » est de la responsabilité exclusive des élites gouvernantes ou opposantes, ainsi que des peuples. Nos ennemis en profitent bien évidemment, mais on ne peut pas les accuser de nos propres crimes, dus à notre ignorance, à notre manque de patriotisme, à notre haine de soi et à notre trahison.


Se Soulever pour mieux se soumettre ! Quand les peuples arabes se sont enfin révoltés contre des décades de dictature, ils avaient quatre solutions de rechange pour s'y engouffrer et s'y refugier. Premièrement, le coup d’Etat militaire. Deuxièmement, le nationalisme arabe. Troisièmement, le panislamisme. Quatrièmement, la gauche voire l'extrême-gauche et les syndicats.

Les dictatures qui sont tombées et malgré quelques fards de patriotisme, étaient dirigées par des agents du sionisme mondial qui oppressaient leurs propres peuples sans que le sionisme n'eut à intervenir directement. Chacun y trouvait son compte: le dictateur régnait et avec ses allies et sa mafia se sucrait sans honte et sans que le peuple ne puisse vivre librement et en harmonie avec ses aspirations et sa culture ancestrale.

Il est à craindre que les peuples arabes se résignent à nouveau aux dictatures policières sionistes en se découragent très rapidement des solutions de rechange qui sont en voie d'être éliminées voire ridiculisées et piétinées : 1- Le coup d’Etat militaire. L’armée est faible en Tunisie et en Libye, contrairement à l'armée égyptienne qui est puissante, mais qui n'hésite pas a tuer sans scrupules pour imposer son retour aux affaires comme au bon vieux temps. 2- Le nationalisme arabe: l'assassinat de Brahmi le jour de la fête de la République (!!!) est un message clair a tous les nationalistes arabes: nous ne voulons pas d''un nouveau Nasser... 3- Le panislamisme: c'est l'affaire du "sang contaminé" ! On a greffe l’Islam « Protestant », jihadiste et wahhabite sur l'Islam sunnite ouvert au reformes et au progrès et surtout tolérant. Et déjà les islamistes fraichement arrives au pouvoir, pourtant de façon démocratique, mais financés par les sionistes et leurs allies du Golfe, sont vomis par la majorité de la population qui doute de leur sincérité. 4- La gauche, voire l'extrême-gauche et les syndicats. L’assassinat de Belaïd le 6 février dernier est là aussi un message qui prouve que le sionisme mondial est allergique à la gauche engagée. Et puis, le communisme n'est-il pas révolu depuis la chute du mur de Berlin?

Quant aux syndicats, les islamistes sont assez bêtes pour tenter de neutraliser l'UGTT au lieu de nouer des alliances stratégiques avec elle vu sa légitimité historique beaucoup plus ancrée (Hached, Hammi, Achour, ...) que celle des islamistes et apprentis-terroristes des 80s.

Conclusion: Kamel Eltaief et son homme de main BCE vont s''associer momentanément avec Nahdha pour à terme mettre tout ce beau monde (Nahdha, LPR et Ansar Sharia) hors d’état de nuire pour longtemps. Kamel Eltaief qui nous avait amené Zaba en 1987 a deux cartes à jouer : BCE dans l'immédiat, puis Kamel Morjane et les destouriens historiques par la suite...et on est partis pour un autre demi-siècle de soumission au dollar et aux francs mâcons plus homos qu'Hommes.

Hatem Mzali