La kabbale de Moncef Marzouki contre Slim Bagga


5 Décembre 2013

Il n’est pas le premier à subir la « gratitude » de Moncef Marzouki, mais il est le premier à se voir condamner à la prison ferme. C’est ainsi que le Tartour national récompense ses ex-bienfaiteurs ! Même si cela ressemble à une vengeance posthume, on doute fort que Leila Trabelsi ait encore le bras long en Tunisie. Cela relève beaucoup plus de l'imaginaire populaire que de la réalité, car aussi bien Leila que l'ex-président, n'ont strictement plus aucune influence en Tunisie. Quoiqu’il en soit, toute l’équipe de Tunisie-Secret s’élève contre ce jugement inique et assure Slim Bagga de son soutien total.


Dans la conférence de presse qu’il a donné hier 4 décembre, le directeur du bimensuel L’Audace a déclaré qu’il « y a une complicité implicite entre Moncef Marzouki et Leïla Ben Ali. Les deux veulent me détruire. Leïla Ben Ali l'a franchement dit et même "juré" dans son livre "Ma vérité", et Marzouki a œuvré pour m'écarter, parce qu’il craint que je ne dévoile ses quatre vérités ». Slim Bagga a affirmé  que l’épouse de Ben Ali a toujours de l’influence sur la Justice et qu’elle serait encore en contact direct avec une juge en exercice. Ce qui expliquerait, selon lui, sa condamnation par la chambre criminelle relevant du Tribunal de première instance, dans deux plaintes en diffamation, déposées contre lui par une juge et une ancienne diplomate.

Intervenant sur Mosaïque FM, Slim Bagga dit avoir accepté un modus vivendi avec les deux plaignantes, consistant à publier une note d’excuse portant sur la diffamation et non pas sur la nature des faits rapportés. La publication de cette note dans deux journaux différents devait normalement clore cette affaire, mais la machine judiciaire a continué à tourner jusqu’à sa condamnation, le 29 novembre dernier, à seize mois de prison ferme. C'est là qu'il y a excès, disproportionnalité et même iniquité. Seize mois de prison pour un article, si excessif et si diffamatoire soit-il, n'est pas un signe d'indépendance d'une Justice dont nous avons d'ailleurs plusieurs fois dénoncé le dévoiement, notamment dans l'affaire de Sami Fehri.      

Toujours lors de cette conférence de presse, Slim Bagga s’en est violemment pris au président temporaire « qui n'a jamais rien fait pour le pays, exception faite de son passage à la Ligue des droits de l'Homme…C'est à moi qu'il doit tout ». Considérant L’Audace comme son journal propre et Slim Bagga comme un inconditionnel, Moncef Marzouki avait très mal pris que son ex-bienfaiteur publie un article élogieux sur Mustapha Ben Jaafar, le désignant comme « l’homme de l’étape à venir ». Sacrilège impardonnable !

Par ailleurs, au sujet du fameux « Livre noir » que les « éditions » de la Présidence viennent de publier, Slim Bagga s’estime avoir été calomnié ainsi que sa famille. Il a conclu en disant qu’il va porter plainte contre la personne de Moncef Marzouki, pour propagation de fausses nouvelles et diffamation. On croit savoir que d'autres, également cités dans ce livre, comme Ahmed Manaï et Ahmed Bennour, vont aussi porter plainte. 

Dans son éditorial, Slim Bagga a écrit que « dans ce pays où j’ai choisi de vivre après 20 ans d’exil, de militantisme pour la démocratie, la liberté et l’indépendance de la justice, il s’en trouve encore des juges qui incarcèrent sans auditionner, des juges qui interdisent de voyager avant de signifier une plainte, des juges qui reçoivent des ordres de je ne sais où… Je fus tenté d’écrire à Moncef Mazouki pour lui demander ce que j’allais demander en 2009 à Ben Ali : le retrait de ma nationalité, car les gens sensés ont honte de ce qui m’arrive. Je me suis ravisé par optimisme et une croyance, voire une foi qui échappe aux hargneux comme Moncef Marzouki. C’est vrai que je n’ai pas de preuves, mais j’accuse le président provisoire, précaire ou très près du Caire (Affaire Morsi), son équipe, Adnène Mansar, Khaled Ben Mbarek et autres tartempions sur le tapis d’être derrière les instructions de mon interdiction de voyager. Me connaissant, ils croient que de Paris, je leur mènerai la guerre que j’avais menée à Ben Ali. »

Et dans une réaction publiée sur internet, Nicolas Beau a écrit que son «ami et complice des années Ben Ali, lorsque depuis Paris, nous nous échangions nos informations et nos analyses de la situation de la Tunisie, à savoir le journaliste Slim Bagga, vient d'être condamné à de la prison ferme, ce samedi, après une plainte de l'ancienne ambassadrice de Tunisie en Argentine à l'époque de la dictature… Cette condamnation est indigne, même s'il m'arrive souvent de ne pas être en accord avec les articles de Slim. De la prison ferme ne peut s'expliquer par l'application juste et rigoureuse du droit de la presse ».

Tunisie-Secret est exactement dans cette position et c’est la raison pour laquelle toute notre équipe soutient le directeur de L’Audace ainsi que tous les jeunes artistes qui ont été condamné et emprisonné pour avoir « abusé » de la liberté d’expression.

Lilia Ben Rejeb