L’émir de Qatraël en visite d’inspection des territoires occupés tunisiens


3 Avril 2014

Après l’Algérie, le roitelet du Qatar est arrivé à Tunis ce soir, à l’invitation de l’ancien collaborateur d’Al-Jazeera, Moncef Marzouki. Contrairement aux deux précédentes visites de son père dans une Tunisie « libérée » de son indépendance et livrée aux mercenaires islamistes, celle qu’effectue Tamim Ben Hamad et Mozza ne fait pas l’unanimité au sein d’une classe politique qui semble retrouver un peu de son honneur et de sa dignité.


Le libérateur de la Tunisie, Hamad et son fils Tamim, démocratiquement élu par les Américains pour diriger le Qatar...et servir l'islamisme.
Après une visite officielle en Algérie, que son père voulait faire tomber dans la foulée du « printemps » dit arabe, Tamim Ben Hamad et fils de Mozza est arrivé à Tunis pour voir comment allait l’émirat de Tunisie trois ans après sa grandiose et inoubliable « révolution ». Avec Bouteflika, le roitelet du Qatar a discuté de deux dossiers d’une importance capitale : le gaz, dont ne doit pas manquer l’Europe après la crise en Ukraine, et l’amitié algéro-saoudienne, sur laquelle compte le Qatar pour se réconcilier avec le gardien des lieux saints… et des puits du pétrole en Arabie.

 En raison de son soutien au Frères musulmans, le Qatar a été, en effet, mis à l’index par l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn. Le 5 mars dernier, ces trois pays ont décidé de retirer leurs ambassadeurs à Doha. Le Liban, le Koweït, l’Irak et le Yémen sont aussi en crise latente avec l’émirat gazier. Quant à l’Egypte, il n’y a plus de relations entre elle et le Qatar. L’isolement du Qatar est donc une nouvelle donne dont on a pu mesurer l’impact lors du dernier sommet de la Ligue des Etats arabes.

Il ne reste donc plus au Qatar que les pays géopolitiquement insignifiants, que cet émirat a d’ailleurs « libéré », à savoir la Tunisie et la Libye, vastes territoires qui concentrent le plus grands nombre de terroristes, après la Syrie, des terroristes qui sont financés par le Qatar et ses multiples réseaux mafieux. L’émir du Qatar ne s’est pas déplacé en Tunisie pour montrer à son président intérimaire « comment se tenir et comment saluer », mais comment manœuvrer pour se maintenir au pouvoir, avec leurs mercenaires d’Ennahda.

Sans surprise, certains acteurs de la comédie tragi-comique tunisienne ont fait savoir qu’ils ne participeront pas au diner organisé par la présidence en l’honneur de l’émir qatraélien. C’est le cas de Mahmoud Baroudi, membre du bureau politique de l’Alliance démocratique et membre de l’illégitime ANC, qui a affirmé à nos confrères de Kapitalis qu’après «les insultes de Moncef Marzouki à l’opposition», il s’interdit personnellement d’aller désormais au Palais de Carthage. Celui qui squatte le palais de Carthage, comme les membres de l’ANC squattent le palais du Bardo, a effectivement critiqué cette opposition ingrate, qui mange chez lui pour le critiquer ensuite !

On aura remarqué que ce jeune membre de l’ANC boycotte ce diner, non point parce que l’émir en question est un allié indéfectible des Frères musulmans, ni parce qu’il finance les islamo-terroristes dans le monde arabe et en Afrique, ni parce qu’il soutient massivement les criminels qui tuent, massacrent, pillent et détruisent en Syrie, mais tout simplement parce que le Tartour a manqué de respect à des « représentants du peuple » dont la plupart ne sont effectivement pas respectables. Car, s'ils étaient respectables, ce n'est pas à un diner qu'ils renonceraient mais aux 4800 dinars qu'ils perçoivent tous les mois indument, depuis la fin de leur "légalité" le 23 octobre 2012.  

De son côté, Khemaïes Ksila, membre du bureau exécutif de Nida Tounes, a déclaré à Kapitalis, sans trop de précision, que «tout le monde a reçu l’invitation, mais la décision a été prise par le bureau exécutif: aucun dirigeant de Nida Tounes ne se rendra au dîner de ce soir. Il ne nous concerne pas». Chez Nida Tounes, les choses sont au moins claires, malgré les relations très intimes que certains de ses membres entretiennent avec le Qatar et plus exactement avec cheikha Mozza!

Quant à Samir Ettaïeb, porte-parole d’Al Massar, joint également au téléphone par Kapitalis, il a déclaré que : «Si l’émir du Qatar avait quelque chose à donner à la Tunisie, le chef du gouvernement Mehdi Jomaa était la semaine dernière au Qatar. Pourquoi, ne l’a-t-il pas fait? Et si Moncef Marzouki a découvert, aujourd’hui, la diplomatie économique, nous lui disons que c’est trop tard. Pour nous, cette visite cache d’autres objectifs et d’autres enjeux. Nous refusons que le Qatar se mêle des affaires internes de notre pays». Il était temps que la gauche « prolétarienne » prenne clairement position au sujet de l’émirat « capitaliste » et réactionnaire. Mieux vaut tard que jamais ! On l’attend maintenant sur le dossier de l’ingérence directe de « l’impérialisme » américain dans les affaires tunisiennes.

Lilia Ben Rejeb