Foreign Policy documente le transfert d’armes de la Libye vers la Syrie


15 Juillet 2013

Cet article a été publié dans "Solidarité et Progrès" du 13 juillet 2013. Très bien informé sur les coulisses de la politique américaine, cet journal est la vitrine du parti politique d'opposition "Solidarité et Progrès", qui a été fondé par Jacques Cheminade en 1996.


La prestigieuse revue du Conseil des affaires étrangères de New York Foreign Policy, a publié le 10 juillet un article  intitulé « Compagnons d’armes : comment la Libye envoie des armes aux rebelles syriens » (Comrades in Arms : How Libya sends weapons to Syria’s rebels), où les auteurs Jenan Moussa et Harald Doornabus apportent des preuves supplémentaires d’opérations de transfert d’armes illégales de la Libye vers la Syrie, qui ont eu lieu pendant un an, en violation de l’embargo de l’ONU sur l’entrée ou la sortie d’armes de Libye.
 
Rappelons que Jacques Cheminade avait explicitement averti, lorsque le gouvernement Sarkozy avait impliqué la France dans la fourniture d’armes aux rebelles libyens en 2011, que celles-ci allaient finir par tomber aux mains de réseaux terroristes ailleurs dans le monde.
L’article de Foreign Policy facilitera sans doute les démarches de ceux qui demandent une enquête par le Congrès américain  et/ou l’ONU sur le rôle de l’administration Obama dans l’armement des rebelles syriens depuis la Libye, en violation des lois américaines et internationales.
 
Foreign Policy révèle qu’un « ancien » commandant rebelle à Benghazi, responsable du trafic d’armes entre la Libye et la Syrie, a « personnellement organisé deux cargaisons d’armes par voie maritime de Benghazi vers le port d’Alexandrette (Iskenderun) en Turquie cette année. Les armes ont été ensuite transportées par voie terrestre, au su des autorités turques, puis livrées aux forces rebelles au nord de la Syrie.
 
Les deux cargaisons contenaient chacune 460 tonnes de matériel, principalement des armes, mais également du matériel humanitaire. Le premier envoi a quitté Benghazi il y a cinq mois, le second en juin. Les cargaisons incluent des véhicules équipés d’armes automatiques, de lance-grenades, de mortiers, de munitions et, plus important, 120 missiles SAM-7, ainsi que leur lanceur. Ces systèmes sol-air ont permis d’abattre plusieurs avions du régime syrien cette année.
L’article cite l’ancien commandant, disant que les cargaisons antérieures à avril 2012 ont été confisquées par les autorités libanaises (Luttfallah II) : « J’ai commencé à organiser ces envois vers la Syrie, de Benghazi via la Turquie. »
 
L’article ne mentionne pas l’envoi d’août 2012 à bord de l’Al Entisar, de Benghazi vers la Turquie, apparemment le premier transfert réussi. Les auteurs évitent de mettre l’emphase sur le rôle de l’administration Obama dans l’organisation de ces envois, à part cette mention : « Le trafic d’armes vers la Syrie constitue sans doute un cas où les objectifs des rebelles libyens coïncident avec ceux de Washington. »L’article continue ainsi :

L’ancien commandant rebelle, qui dirigeait également une ONG libyenne aidant les réfugiés syriens en Libye, dit que la plupart des armes et de l’aide sont données gratuitement par des frères libyens. Mais lorsque les coûts de transport sont élevés et que les fonds libyens sont à sec, a-t-il ajouté, un membre syrien des Frères musulmans vole vers Benghazi pour fournir une injection d’argent liquide et coordonner les flux d’armes vers la Syrie. ’Ce que nous faisons est ceci’, explique l’organisateur. ’Nous demandons aux katibas [les unités rebelles] ici à Benghazi de donner des armes et du matériel humanitaire pour la Syrie. Les gens arrivent avec des armes, de l’argent, des lits d’hôpital, ou du sucre. Lorsque nous avons suffisamment, nous louons un bateau ou un avion et envoyons le tout vers la Syrie, via nos contacts en Turquie et plus rarement en Jordanie.’

Les rebelles libyens ont aussi fait parvenir de l’aide à l’opposition syrienne par voie aérienne. 27 vols de ce type ont eu lieu jusqu’ici, dit l’ancien commandant : 23 de la Libye vers la ville de Gaziantep en Turquie, et 4 vers un aéroport en Jordanie. Les avions décollent le plus souvent de Benghazi, mais partent également de Tripoli et de l’aéroport d’al-Abraq dans l’est du pays, près du village d’al-Bayda.

’Souvent ils s’agit de plus petits avions’, dit l’ancien commandant. ’Nous libyens payons, ou certains de nos amis syriens trouvent l’argent et s’occupent de la facture.’
L’organisateur de ces vols a dit que le dernier avion transportant des armes libyennes s’est envolé pour Ganziantep vers la fin mai. De là, les armes ont été amenées en territoire rebelle au nord de la Syrie, une région frontalière avec une Turquie amicale aux rebelles.

Journal Solidarité et Progrès, du 13 juillet 2013