Pages 188-189 du « Vilain petit Qatar » :
« Pour l’instant, les autorités du Qatar ont échappé à la vigilance des gendarmes financiers européens. Pour combien de temps ? Dans la procédure dite « des biens mal acquis », initiée en France contre les acquisitions des dictateurs africains, les magistrats français et belges ont découvert quelques discrets canaux où les Qataris ont laissé leurs empreintes. Sans que personne bouge. En 2010, l’émir utilisait les mêmes intermédiaires que le clan Ben Ali. Et pis encore, il finançait l’acquisition par les proches de ce dernier de biens immobiliers à Paris. Après le départ de Ben Ali du pouvoir, la cellule de traitement des informations financières de Bruxelles transmet au parquet français des informations provenant de son homologue français Tracfin. Il ressort qu’un agent immobilier, Jihan Sanbar, gère les biens privés de l’émir du Qatar en Belgique par le biais d’une entreprise française, la SARL French Properties Management. Soit six immeubles, dont saz résidence à Verviers, le Hunting Cottage. Pourquoi un tel montage, une telle pudeur, alors que le Qatar échappe à l’impôt –ou presque- aussi bien en France qu’en Belgique ?
Insensible à l’odeur de l’argent, la même dame Jihan Sanbar était chargée de la gestion, à Paris, d’un appartement du gendre de Ben Ali, Slim Chiboub. Grâce aux enquêteurs belges, on en sait plus sur ce bel espace situé au 44 de l’avenue Kléber, un coin qui plaît aux Qataris. Le pied-à-terre offert à Chiboub a été payé 1,25 million d’euros tirés sur la cassette du monarque de Doha. Les avocats de l’émir ont dû motiver la raison d’un tel cadeau et leurs explications, pas franchement convaincantes, figurent dans le rapport des belges :
« Les autorités tunisiennes ont eu l’intention d’aménager un site de grande ampleur situé à Gammarth comprenant notamment un port de plaisance dans lequel l’émir du Qatar aurait apporté une somme relativement importante. L’un des associés au projet est Slim Chiboub. Ce dernier aurait offert son aide dans la mise sur pied du projet et travaillé gratuitement. En remerciements, l’émir lui aurait offert l’appartement de Paris ». Et les Belges d’enfoncer le clou : « Il y a donc de forts soupçons que l’émir a été obligé de payer un droit d’entrée pour participer à ce projet et qu’il fallait le faire de manière discrète. L’option de l’achat de l’appartement a donc été choisie ». Ces Hercule Poirot sont de bien mauvaises langues ». Fin de citation.
Cette affaire révélée par Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget est en réalité plus grave que ce qu’en disent nos deux confrères. Notre rédaction a mené un complément d’enquête qui sera publié prochainement. Dans les prochaines semaines, Tunisie-Secret ouvrira les dossiers de corruption, de spoliation et de détournement de fonds que les nouvelles autorités islamistes tunisiennes cachent à l'opinion publique et chercheraient à étouffer contre rançon directement négocée avec les personnes impliquées, qu'elles appartiennent aux familles régnantes ou pas, qu'elles soient à l'intérieur de la Tunisie ou réfugiées à l'étranger. Un régime mafieux est tombé mais un autre, encore plus sale et plus gourmand a pris sa place. L'achat des biens de l'Etat et la colonisation de la Tunisie par le Qatar a commencé bien avant la chute du régime Ben Ali.Tunisie-Secret.com
Karim Zmerli
« Pour l’instant, les autorités du Qatar ont échappé à la vigilance des gendarmes financiers européens. Pour combien de temps ? Dans la procédure dite « des biens mal acquis », initiée en France contre les acquisitions des dictateurs africains, les magistrats français et belges ont découvert quelques discrets canaux où les Qataris ont laissé leurs empreintes. Sans que personne bouge. En 2010, l’émir utilisait les mêmes intermédiaires que le clan Ben Ali. Et pis encore, il finançait l’acquisition par les proches de ce dernier de biens immobiliers à Paris. Après le départ de Ben Ali du pouvoir, la cellule de traitement des informations financières de Bruxelles transmet au parquet français des informations provenant de son homologue français Tracfin. Il ressort qu’un agent immobilier, Jihan Sanbar, gère les biens privés de l’émir du Qatar en Belgique par le biais d’une entreprise française, la SARL French Properties Management. Soit six immeubles, dont saz résidence à Verviers, le Hunting Cottage. Pourquoi un tel montage, une telle pudeur, alors que le Qatar échappe à l’impôt –ou presque- aussi bien en France qu’en Belgique ?
Insensible à l’odeur de l’argent, la même dame Jihan Sanbar était chargée de la gestion, à Paris, d’un appartement du gendre de Ben Ali, Slim Chiboub. Grâce aux enquêteurs belges, on en sait plus sur ce bel espace situé au 44 de l’avenue Kléber, un coin qui plaît aux Qataris. Le pied-à-terre offert à Chiboub a été payé 1,25 million d’euros tirés sur la cassette du monarque de Doha. Les avocats de l’émir ont dû motiver la raison d’un tel cadeau et leurs explications, pas franchement convaincantes, figurent dans le rapport des belges :
« Les autorités tunisiennes ont eu l’intention d’aménager un site de grande ampleur situé à Gammarth comprenant notamment un port de plaisance dans lequel l’émir du Qatar aurait apporté une somme relativement importante. L’un des associés au projet est Slim Chiboub. Ce dernier aurait offert son aide dans la mise sur pied du projet et travaillé gratuitement. En remerciements, l’émir lui aurait offert l’appartement de Paris ». Et les Belges d’enfoncer le clou : « Il y a donc de forts soupçons que l’émir a été obligé de payer un droit d’entrée pour participer à ce projet et qu’il fallait le faire de manière discrète. L’option de l’achat de l’appartement a donc été choisie ». Ces Hercule Poirot sont de bien mauvaises langues ». Fin de citation.
Cette affaire révélée par Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget est en réalité plus grave que ce qu’en disent nos deux confrères. Notre rédaction a mené un complément d’enquête qui sera publié prochainement. Dans les prochaines semaines, Tunisie-Secret ouvrira les dossiers de corruption, de spoliation et de détournement de fonds que les nouvelles autorités islamistes tunisiennes cachent à l'opinion publique et chercheraient à étouffer contre rançon directement négocée avec les personnes impliquées, qu'elles appartiennent aux familles régnantes ou pas, qu'elles soient à l'intérieur de la Tunisie ou réfugiées à l'étranger. Un régime mafieux est tombé mais un autre, encore plus sale et plus gourmand a pris sa place. L'achat des biens de l'Etat et la colonisation de la Tunisie par le Qatar a commencé bien avant la chute du régime Ben Ali.Tunisie-Secret.com
Karim Zmerli