En lâchant ses fauves salafistes, Ennahda s'est-elle fait piéger par B.C.E. ?


19 Mai 2013

Tout indique, en effet, qu'Ennahdha s'est fait prendre au piège de Béji Caïd Essebsi. Article de Salem Benammar sur le stratagème d’Ennahda dans la ville de Kairouan. Malgré le ton haut du ministre de l’Intérieur et la contrariété d’un gouvernement usurpateur, la démonstration de force des salafistes dans cette ville ne serait qu’une ruse de Rached Ghannouchi pour impressionner les Tunisiens et montrer son mouvement sous les couleurs trompeuses de l’islamisme « modéré », capable de contenir l’islamo-fascisme.


Depuis l'annonce de la candidature de B.C. E. aux élections présidentielles de 2014, qui est un coup de poker menteur pour obliger Ennahdha à lever le voile sur ses desseins politiques, on assiste à un véritable raz-de-marée salafiste sur la Tunisie. N'aurait-il pas été plus plus cohérent et approprié de débattre du projet de Nidaa Tounis plutôt que d'ouvrir la digue et laisser la marée salafiste déferler sur le pays ?  Il est évident qu'Ennahdha, en abattant sa carte salafiste, veut clore le débat de manière brutale, ce qui laisse entrevoir pour les candides ou les idiots utiles, la nature idéologique du projet islamiste en Tunisie.                                .

Acculée aux cordes et  prise de panique tel un boxeur roué de coups, Ennahda pense pouvoir se tirer d'affaire en cognant au-dessous de la ceinture pour son salut. Ainsi, elle ne cesse d'allumer des contre-feux  au propre comme au figuré pour reprendre la main sur une situation qui semble lui échapper.

Après avoir allumé celui de Djebel Chaâmbi, qui n'est toujours pas éteint, la voilà qu'elle allume dans la foulée celui de Kairouan, en jetant ses enfants  salafiste à l'assaut de la capitale Aghlabide. En faisant diversion, elle a réussi à mettre une chape de plomb sur le projet califien et liberticide de la constitution et prendre de contre-pied d'une part Béji CaÏd Essebsi, le candidat gênant, et d'autre part certains médias et blogueurs qui sont toujours à l’affut du sensationnel en oubliant l’essentiel.

Comme toute organisation fasciste imbue de son pouvoir absolu, elle ne peut accepter qu'on lui fasse de l'ombre ; elle se doit de rester le seul mouvement politique phare pour la Tunisie par n'importe quel moyen, y compris les plus destructeurs. Cela fait penser à l'embrasement de l’Allemagne dans les années 30 par Hitler et sa racaille nazie.

Sachant que la guerre de l'opinion ne lui est pas favorable, elle s'emploie à brandir son spectre salafiste qui n'est rien d'autre qu'un stratagème pour créer un climat de terreur et d'insécurité qui est aussi le prélude de ce qui attend les Tunisiens si d'aventure ils veulent la chasser du pouvoir.

Par conséquent, ses escadrons de la mort salafistes qu'elle vient de lâcher comme des fauves sont son atout-maître dans son bras de fer avec les Tunisiens dont le rôle serait de contribuer au renforcement de son pouvoir. En les faisant passer pour ses opposants, les plus farouches et les plus dangereux, elle se dote ainsi d'attributs légalistes et légitimistes. Mieux encore, elle apparait comme un mouvement « modéré » et « démocrate », comparée à ces islamo-fascistes.

Son coup de bluff est en voie  de produire les effets escomptés. Non seulement cela lui permet de justifier le maintien de l'état d'urgence, mais surtout de lui permettre de réaliser une remontée fracassante dans les sondages et apparaître aux yeux des Tunisiens comme leur seul recours contre la montée du péril terroriste. Tout simplement elle est le mal et le remède, et c’est ce qui fait sa force et sa faiblesse à la fois.Tunisie-Secret.com

Salem Benammar