Débat entre un prof déguisé en journaliste et un clown déguisé en président


30 Juin 2013

Il s'agit du dernier simulacre entre Moncef Marzouki et Iyadh Ben Achour. Celui qui a eu l’idée de ce débat a encore beaucoup à apprendre en termes de communication. Moncef Marzouki sort de cette piètre mise en scène encore plus discrédité et "tartourisé" aux yeux de l’opinion publique, et Iyadh Ben Achour creuse davantage sa disqualification auprès de l’intelligentsia tunisienne. Le premier a démontré que Rached Ghannouchi ne s’est pas trompé en le désignant président provisoire, et le second a prouvé que sa connaissance du droit constitutionnel n’a d’égale que sa maîtrise de la servitude. Notre rédaction a décidé de ne pas mettre en ligne la vidéo de cet échange bien arrangé entre deux opportunistes.


Avez-vous déjà vu sur une chaîne de télévision arabe ou occidentale un professeur de droit interviewer un président élu au suffrage universel, et non pas un président provisoire « élu » avec 7000 voix ? Qui plus est dans les « studios privés » de Carthage et avec une équipe de caméramans au service du président provisoire ! Cela s’est peut-être vu au Chili sous Pinochet ou au Gabon sous Omar Bango. Dans les pays civilisés et sous les régimes démocratiques, lorsque le président veut s’exprimer, soit il provoque une conférence de presse, soit –pour une longue interview- il sollicite trois ou quatre journalistes professionnels de la presse écrite ou audiovisuelle.

En d’autres termes, puisque Moncef Marzouki avait apparemment des choses très « importantes » à dire aux Tunisiens, il aurait dû recevoir au palais de Carthage la télévision nationale, avec deux autres chaînes privées, et comme intervieweurs Soufiane Ben Farhat, Moez Ben Gharbia, Amor S’habou ou d’autres professionnels de son choix. Il a préféré s’entretenir avec un intellectuel d’une platitude inégalable, qui, autrefois, sous prétexte d’académisme, n’a jamais ouvert la bouche 23 ans durant…sauf chez son dentiste ! Au plus fort de la répression et des atteintes aux droits de l’homme (1991-1995), il n’a jamais signé la moindre pétition, écrit le moindre article pour dénoncer la dérive autoritaire du régime. Ni après d’ailleurs (2000-2005), contrairement à d’autres intellectuels et universitaires qui le valent et même plus, comme Mohamed Charfi ou Mohamed Talbi. C’est le 15 janvier 2011 que la langue d’Iyadh Ben Achour s’est déliée et qu’il s’est érigé en théoricien de la « révolution », en proposant et en défendant l’idée populiste et suicidaire d’une assemblée constituante. Lui et ses semblables voulaient singer la révolution française !

Le président provisoire a commencé sa prestation par un alibi extra-tunisien : ce que lui a confié l’ambassadeur d’une « grande puissance occidentale » au sujet de la grandeur de la « révolution du jasmin ». Cet ambassadeur aurait confié à Moncef Marzouki qu’il était impossible, juste après la « révolution », d’anticiper ce qui se passerait aujourd’hui en Tunisie. Autrement dit, que la Tunisie  était vraiment sur la bonne voie. L’essentiel pour Marzouki, ce n’est pas ce que pensent les Tunisiens de la vie cauchemardesque qui est devenue la leur depuis deux ans, mais ce que pense un diplomate occidental du « laboratoire tunisien », à qui on a appris comment parler aux Arabes ! Il semble par ailleurs oublier ce que son propre conseiller politique, Aziz Krichen, a déclaré il y a à peine quelques jours, à savoir que le 14 janvier 2011 n'était pas une révolution mais un coup d'Etat. Il aurait pu préciser, un coup d'Etat américano-qatari, ou islamo-impérialiste.

Fort de cet alibi de grande importance, ce président provisoire s’est étonné : « Les Tunisiens ne sont pas conscients que nous avons réalisé un miracle ». En prenant les Tunisiens pour ce qu’ils ne sont pas, il a poursuivi que « Le monde entier est admiratif de notre révolution et de nos réalisations ». Effectivement, on peut parler d’un miracle, et même de plusieurs. C’est un miracle que ce pantin soit président, si provisoire soit-il. C’est un miracle que d’anciens terroristes et mercenaires des Etats-Unis et du Qatar soient aujourd’hui au pouvoir. C’est un miracle que les mosquées soient contrôlées par des salafistes. C’est un miracle que la constitution d’une République fondée par Bourguiba soit confiée à des ignorants et à des obscurantistes. C’est un miracle qu’une crapule intégrale comme Rached Ghannouchi soit aujourd’hui l’homme fort de la Tunisie. C’est un miracle que l’économie du pays soit aujourd’hui ruinée en seulement deux ans, et que le pays soit sous hypothèque et endetté pour vingt ans…Au passage, Marzouki a eu un mot très gentil pour ses ex-amis de la gauche, "Heureusement que nous soyons au pouvoir. D'autres, auront érigé des potences"!

Pour le président provisoire, tout va très bien en Tunisie. Y compris la situation sécuritaire, qui a été décrite par le général déserteur Rachid Ammar comme étant catastrophique, en ajoutant que le pays va vers une somalisation ! Pour celui qui a l’insolence de se présenter comme un disciple de Mandela et de Gandhi ( !), la situation sécuritaire de la Tunisie s’est au contraire nettement améliorée. Les événements de Djebel Chaambi, les agissements d’Al-Qaïda Maghreb, les cellules dormantes de l’islamo-terrorisme, les salafistes qui font la loi, les armes stockées, les crimes abominables commis par la racaille qu’il a amnistiés, les djihadistes exportés en Syrie… tout cela est normal au pays du jasmin.

D’où les priorités « stratégiques » du président en sursis : premièrement la propreté des villes ! Il est vrai que, depuis la « révolution du jasmin », Tunis et les grandes villes du pays sentent mauvais. Deuxièmement, la guerre non pas aux terroristes et aux nouveaux pilleurs du pays devant lesquels les Trabelsi sont des enfants de cœur, mais aux sacs en plastique ! Il faut que les Tunisiens reprennent les couffins traditionnels, qui sont écologiques et dont la fabrication donnera un bon coup de main à notre artisanat ! Cet esclave de Ghannouchi qui n’a jamais souffert de la pauvreté ignore que la majorité des Tunisiens n’a plus rien à mettre dans le couffin, tellement les prix des produits de bases et des légumes ont flambés. Troisième priorité : la constitution du XXIème siècle que des hommes du Moyen-âge n’ont pas fini de préparer aux tunisiens, ce qui arrange tout le monde, à commencer par ce président provisoire. Marzouki semble très satisfait de la dernière copie de cette constitution qui est à des années lumières de la Constitution de 1959, qui a été rédigée par une élite  moderniste et qui a été démocratiquement votée par des députés  incarnant le patriotisme, la culture et l’excellence du peuple tunisien.

A ce sujet, monsieur l’intervieweur occasionnel n’a pas tari d’éloges, puisqu’il est personnellement témoin du rôle prépondérant que Moncef Marzouki a joué auprès des cuisiniers de cette constitution pour les convaincre de faire quelques concessions par rapport aux projets antérieurs. Pas un mot sur la Charte universelle des droits de l’homme, qui devait être inscrite en préambule à la constitution. Spécificité culturelle oblige ! Le commerçant des droits de l’homme et le blanchisseur de l’islamisme « modéré », Moncef Marzouki, n’a pas cessé de dire ces quinze dernières années que la Charte universelle des droits de l’homme doit figurer en préambule à la constitution. Pour lui comme pour son servile intervieweur, la comparaison entre la révolution bouazizienne et la révolution de 1789 a des limites.

La patience des Tunisiens aussi. Car, viendra un jour, plus tôt qu’on le croit, où les clowns déguisés en présidents, les opportunistes déguisés en élite intellectuelle, les mercenaires déguisés en patriotes, les terroristes déguisés en représentants du peuple, les Frères musulmans déguisés en « islamistes modérés », les wahhabites déguisés en salafistes, les criminels déguisés en protecteurs de la « révolution »…seront balayés par un peuple qui commence à se souvenir qu’il a été Tunisien ! Tunisie-Secret.com

Karim Zmerli