Le refrain de Georges Brassens « lorsqu’on est jeune, on est con », n’a jamais été aussi vrai. Depuis deux jours, sur les réseaux sociaux, plusieurs jeunes et moins jeunes rivalisent de CV pour occuper des postes de ministres ou de secrétaires d’Etat au sein du gouvernement qui va se constituer autour du premier ministre nouvellement désigné, Mehdi Jomaa. Le cas d’un jeune dandy qui sort à peine de l’adolescence, Sebastian Kurz, parvenu au poste de ministre des Affaires étrangères autrichiennes, sert d’exemple pour motiver les candidats au futur gouvernement tunisien.
L’un des premiers à se porter « volontaire » pour occuper les fonctions de secrétaire d’Etat chargé de la réforme sécuritaire est un certain Bassem Bouguerra, 33 ans. Selon son CV, il a fait ses études aux Etats-Unis et a obtenu un diplôme d’ingénieur en Californie, puis des recherches scientifiques en intelligence artificielle à Stanford. Il s’agit en réalité d’un cyber-collabos, qui a activement participé à la « révolution 2.0 » à partir des Etats-Unis, où il travaillait chez Yahoo, le géant américain qui, avec Google, Facebook et Twitter, a été un acteur principal du printemps dit arabe. De retour en Tunisie après le coup d’Etat du 14 janvier 2011, il a épousé une autre cyber-collabos, qui s’est recyclée dans le journalisme. Pour ne pas se sentir seul et ridicule, Bassem Bouguerra a « appelé tous ceux qui ont les compétences nécessaires à présenter leurs candidatures pour occuper un poste au sein du gouvernement ».
Son message « patriotique » semble avoir été entendu puisqu’en 24h, des dizaines de candidatures spontanées ont été déclarées. Wiem Abichou, âgée 28 ans et disposant d'un diplôme national d'ingénieur en sciences appliquées et technologie, a présenté sa candidature en tant que bénévole « pour occuper le poste de chargé de mission en protection de l'environnement et sécurité industrielle au ministre de l'industrie ». Comme le ridicule ne tue plus au pays du jasmin, elle écrit : « Je dispose d'un diplôme national d'ingénieur en sciences appliquées et technologie, spécialité Chimie Industrielle de l'INSAT (2010). Je suis actuellement un master avancé en ingénierie de la sécurité, spécialité Sécurité des installations industrielles à Katholieke Universiteit Leuven, Belgique ».
Titulaire d’un Master en « Common Law et ayant 6 ans d’expériences professionnelles », Afef Missaoui (28 ans) a, elle aussi, présenté sa candidature pour occuper un poste au sein du nouveau gouvernement, « et ce dans le but de servir l’intérêt général ».
Emna Mizouni et Kais Ben Brahim ont également présenté leurs candidatures « en tant que bénévoles pour occuper des postes au sein du gouvernement de Mehdi Jomâa ». Un certain Tarek Cheniti, qui prépare un doctorat en sciences de l’administration à Oxford, « blogueur et chercheur en gouvernance et développement durable », s’est également posté candidat en revoyant ses prétentions à la baisse. En effet, ce Cheniti aspirait au poste de chef de gouvernement. Le 12 décembre dernier, sur sa page facebook, il a écrit : « Samedi à midi s'il n'y a pas de premier ministre j'annoncerai ma candidature officielle et j'invite tous ceux et toutes celles qui ont moins de 40 ans à en faire de même. Si ces gens ne sont pas capables de diriger un pays qu'ils s'en aillent, tous. Qu'ils prennent leur retraite qu'ils nous laissent respirer. Dégagez ».
Il y a aussi Jihad Kacem, Toumi Noômen, Mondher Ben Hamida…Une page facebook a été lancé pour « rassembler ces compétences et inviter les jeunes qui se voient capables d’apporter un plus pour améliorer l’état actuel des choses, à se proposer ». Le site Tekiano estime que cette page facebook « vise à regrouper un maximum de CV blindés de jeunes en vue d'avoir une base de données de compétences en guise d'alternative pour l'avenir…Pour rajeunir ce gouvernement tunisien, d’une part, et pourquoi pas profiter des idées innovantes et audacieuses qui peuvent être la clé de sortie de la crise ».
Je suis de cette génération de cons et comme eux tous, j’ai fait la révolution des cons. Des diplômes, j’en ai beaucoup, comme tous les cons. Mais comme j’ai aussi une bonne expérience en matière de connerie, je veux conseiller à mes ex-compagnons de révolution d’adresser directement leurs candidatures à la DRH de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis. Et de faire très vite, car la date limite a été fixée pour le 30 décembre prochain. Des candidats aux « CV plus blindés » sont déjà arrivés à la DRH étasunienne, et comme il s’agit des cybers-collabos premières fournée, promotion Freedom house, le Proconsul Jacob Walles risque d’avantager les candidats qui connaissent bien la Maison ! Si l'accès à l'ambassade US vous est difficile, veuillez adresser vos CV à sa succursale, Nawaat Academy, en y joignant une lettre de motivation, que le super-intello des cybers-collabos, Seif Soudani, vous aidera à rédiger.
Pour finir sur une note plus sérieuse, je voudrai dire à tous ces ministres et secrétaires d’Etat virtuels que par leur attitude risible, ils sont la preuve que notre société est vraiment intellectuellement sous-développée. Car, dans les sociétés civilisées et occidentales, où ces jeunes cons semblent avoir fait leurs études, les compétences, les vrais jeunes compétences, ne cherchent pas à se faire embaucher dans les ministères, mais ils font tout pour créer leurs propres entreprises et générer ainsi d’autres emplois. Cela s’appelle le mérite et la volonté de réussir par son propre labeur, et non pas par la recherche d’une planque ministérielle, où ils n’ont rien à apporter mais tout à apprendre.TunisieSecret
Lilia Ben Rejeb
L’un des premiers à se porter « volontaire » pour occuper les fonctions de secrétaire d’Etat chargé de la réforme sécuritaire est un certain Bassem Bouguerra, 33 ans. Selon son CV, il a fait ses études aux Etats-Unis et a obtenu un diplôme d’ingénieur en Californie, puis des recherches scientifiques en intelligence artificielle à Stanford. Il s’agit en réalité d’un cyber-collabos, qui a activement participé à la « révolution 2.0 » à partir des Etats-Unis, où il travaillait chez Yahoo, le géant américain qui, avec Google, Facebook et Twitter, a été un acteur principal du printemps dit arabe. De retour en Tunisie après le coup d’Etat du 14 janvier 2011, il a épousé une autre cyber-collabos, qui s’est recyclée dans le journalisme. Pour ne pas se sentir seul et ridicule, Bassem Bouguerra a « appelé tous ceux qui ont les compétences nécessaires à présenter leurs candidatures pour occuper un poste au sein du gouvernement ».
Son message « patriotique » semble avoir été entendu puisqu’en 24h, des dizaines de candidatures spontanées ont été déclarées. Wiem Abichou, âgée 28 ans et disposant d'un diplôme national d'ingénieur en sciences appliquées et technologie, a présenté sa candidature en tant que bénévole « pour occuper le poste de chargé de mission en protection de l'environnement et sécurité industrielle au ministre de l'industrie ». Comme le ridicule ne tue plus au pays du jasmin, elle écrit : « Je dispose d'un diplôme national d'ingénieur en sciences appliquées et technologie, spécialité Chimie Industrielle de l'INSAT (2010). Je suis actuellement un master avancé en ingénierie de la sécurité, spécialité Sécurité des installations industrielles à Katholieke Universiteit Leuven, Belgique ».
Titulaire d’un Master en « Common Law et ayant 6 ans d’expériences professionnelles », Afef Missaoui (28 ans) a, elle aussi, présenté sa candidature pour occuper un poste au sein du nouveau gouvernement, « et ce dans le but de servir l’intérêt général ».
Emna Mizouni et Kais Ben Brahim ont également présenté leurs candidatures « en tant que bénévoles pour occuper des postes au sein du gouvernement de Mehdi Jomâa ». Un certain Tarek Cheniti, qui prépare un doctorat en sciences de l’administration à Oxford, « blogueur et chercheur en gouvernance et développement durable », s’est également posté candidat en revoyant ses prétentions à la baisse. En effet, ce Cheniti aspirait au poste de chef de gouvernement. Le 12 décembre dernier, sur sa page facebook, il a écrit : « Samedi à midi s'il n'y a pas de premier ministre j'annoncerai ma candidature officielle et j'invite tous ceux et toutes celles qui ont moins de 40 ans à en faire de même. Si ces gens ne sont pas capables de diriger un pays qu'ils s'en aillent, tous. Qu'ils prennent leur retraite qu'ils nous laissent respirer. Dégagez ».
Il y a aussi Jihad Kacem, Toumi Noômen, Mondher Ben Hamida…Une page facebook a été lancé pour « rassembler ces compétences et inviter les jeunes qui se voient capables d’apporter un plus pour améliorer l’état actuel des choses, à se proposer ». Le site Tekiano estime que cette page facebook « vise à regrouper un maximum de CV blindés de jeunes en vue d'avoir une base de données de compétences en guise d'alternative pour l'avenir…Pour rajeunir ce gouvernement tunisien, d’une part, et pourquoi pas profiter des idées innovantes et audacieuses qui peuvent être la clé de sortie de la crise ».
Je suis de cette génération de cons et comme eux tous, j’ai fait la révolution des cons. Des diplômes, j’en ai beaucoup, comme tous les cons. Mais comme j’ai aussi une bonne expérience en matière de connerie, je veux conseiller à mes ex-compagnons de révolution d’adresser directement leurs candidatures à la DRH de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis. Et de faire très vite, car la date limite a été fixée pour le 30 décembre prochain. Des candidats aux « CV plus blindés » sont déjà arrivés à la DRH étasunienne, et comme il s’agit des cybers-collabos premières fournée, promotion Freedom house, le Proconsul Jacob Walles risque d’avantager les candidats qui connaissent bien la Maison ! Si l'accès à l'ambassade US vous est difficile, veuillez adresser vos CV à sa succursale, Nawaat Academy, en y joignant une lettre de motivation, que le super-intello des cybers-collabos, Seif Soudani, vous aidera à rédiger.
Pour finir sur une note plus sérieuse, je voudrai dire à tous ces ministres et secrétaires d’Etat virtuels que par leur attitude risible, ils sont la preuve que notre société est vraiment intellectuellement sous-développée. Car, dans les sociétés civilisées et occidentales, où ces jeunes cons semblent avoir fait leurs études, les compétences, les vrais jeunes compétences, ne cherchent pas à se faire embaucher dans les ministères, mais ils font tout pour créer leurs propres entreprises et générer ainsi d’autres emplois. Cela s’appelle le mérite et la volonté de réussir par son propre labeur, et non pas par la recherche d’une planque ministérielle, où ils n’ont rien à apporter mais tout à apprendre.TunisieSecret
Lilia Ben Rejeb