Bouteflika est-il le protecteur des Frères musulmans tunisiens ?


22 Janvier 2017

Pour la septième fois en six ans, alors que Béji Caïd Essebsi mène sa vie de Bey fainéant, le président algérien a reçu ce matin Rached Ghannouchi en chef d’Etat. A quoi joue l’Algérie et pourquoi autant d’égard vis-à-vis d’un Frère musulman qui est à l’origine de tous les malheurs tunisiens, libyens et syriens, et qui n’hésitera pas une seconde pour trahir l’Algérie dès que l’opportunité se présentera ?


Photo d'archive de l'une des douzes rencontres entre le Frère musulman Rached Ghannouchi et le président à vie Abdelaziz Bouteflika.
Selon le site d’Al-Arabiya (voir lien ci-dessous), après avoir eu le culot d'aller "représenter" la Tunisie à Davos, Rached Ghannouchi devait être reçu ce dimanche matin par le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Toujours selon ce site, c’est la septième fois en six ans que le chef des intégristes tunisiens est reçu officiellement en Algérie. C’est plutôt la douzième fois, si l’on compte les cinq autres réunions qui n’ont pas été rendu publics. « La fréquence de ces rencontres s’explique par la confiance et la compatibilité des positions algériennes et tunisiennes telles qu’exprimées par le président Bouteflika et Rached Ghannouchi », reconnait Lotfi Zitoune dans une déclaration à Al-Arabiya. On ne peut pas mieux dire !

Contrairement au roi du Maroc Mohamed VI qui n’a jamais voulu recevoir le chef des Frères musulmans tunisiens malgré les demandes répétitives de celui-ci, Bouteflika est quasiment devenu le parrain de la mafia islamo-terroriste tunisienne. Depuis 2011, il a joué un rôle fondamental dans l'alliance entre Ennahdha et Nidaa Tounès, ou plus exactement entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Il est vrai que les deux hommes (Bouteflika, Ghannouchi) se connaissent depuis 1991, une relation « fraternelle » dont Mohamed Masmoudi, l’ancien ministre des Affaires étrangères récemment décédé, est à l’origine. Mais cela n’explique pas la ferveur avec laquelle l’Algérie défend ce mouvement islamo-terroriste d’autant plus qu’elle a été elle-même victime de ce fléau. A moins qu’il s’agisse de revanche, ou de tentation hégémoniques !

Selon Al-Arabiya, cette septième rencontre répond aux inquiétudes algériennes quant à l’instabilité qui menace la région, notamment à la suite du vide politique en Libye et de ses conséquences sécuritaires sur les autres pays de la région. Toujours selon Al-Arabiya, « Plusieurs observateurs spécialisés dans le Maghreb estiment que les sollicitations de Ghannouchi par les dirigeants algériens reposent sur une conviction algérienne selon laquelle ce dernier peut jouer un rôle crucial eu égard à son poids au sein de la mouvance islamiste mondiale. Alger cherche à rentabiliser cette relation pour contenir certaines organisations islamistes dans la région, particulièrement en Libye qui constitue une menace réelle sur l’Algérie et la Tunisie ».

Bouteflika et son entourage devraient plutôt craindre la trahison de cet agent britannique passé maître dans l’art de la dissimulation et du mensonge. Rached Ghannouchi est capable de maintenir de bonnes relations avec l’Iran, l’allié stratégique de la Syrie dans sa lutte contre les terroristes islamistes, tout en expédiant en Syrie des milliers de djihadistes Tunisiens, financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite !

Rached Ghannouchi n’est pas le seul intégriste à avoir été officiellement reçu plusieurs fois à Alger. Son disciple et alter ego Ali al-Sallabi a eu droit à ce privilège présidentiel. De même que Abdelhakim Belhadj, il est vrai à une époque où cet ancien d’Al-Qaïda qui tient Tripoli sous son joug se faisait recevoir au Quai d’Orsay ! Lorsqu’on veut sincèrement combattre le terrorisme islamiste, on ne discute pas avec ses idéologues. A moins que Bouteflika et sa nomenclature veuillent s’assurer d’un bon voisinage avec la « République islamique tunisienne » et l’émirat libyen !

Le président à vie Bouteflika devrait revoir ses plans, ses objectifs et ses alliances douteuses. Hussein Obama, le grand boss de l’islamisme radical, a quitté la Maison Blanche pour laisser la place à un Donald Trump résolument en accord avec Vladimir Poutine pour éradiquer les islamistes et déclarer organisation terroriste les Frères musulmans. Bouteflika sait pertinemment que le grand nettoyage va bientôt commencer en Libye et que cette mission salutaire sera menée par la Russie et l’Egypte, en faveur du général Khalifa Haftar… que Bouteflika n’a jamais daigné recevoir !!! Et c’est certainement pour cette raison que l’ex allié de Bouteflika et ami de Ghannouchi, Abdelhakim Belhadj, a récemment menacé de brûler la Tunisie et l’Algérie si l’on touchait à son fief tripolitain.
 
Karim Zmerli     

Lien de l’article d’Al-Arabiya :
http://www.alarabiya.net/ar/north-africa/2017/01/22/%D8%A7%D9%84%D8%B1%D8%A6%D9%8A%D8%B3-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D8%B2%D8%A7%D8%A6%D8%B1%D9%8A-%D9%8A%D8%B3%D8%AA%D9%82%D8%A8%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%BA%D9%86%D9%88%D8%B4%D9%8A-%D9%84%D9%84%D9%85%D8%B1%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D8%A7%D8%A8%D8%B9%D8%A9.html