Mohamed-Saïd Al-Sahhaf, ministre irakien de l'Information au moment de la croisade americano-britannique contre l'Irak.
« Vous souvenez-vous de cet homme et de ses paroles au sujet d’Al-Jazeera, il y a onze ans ? », s’interroge Imed Fahmi. Al-Sahhaf, qui qualifiait les Américains de « Oulouj » disait : Bagdad était totalement sécurisée et j’étais debout au milieu de la ville en donnant une conférence de presse. Les affrontements étaient très loin de la capitale. Après ma conférence, j’ai pris mon véhicule pour revenir au ministère. Dès mon arrivée, j’ai trouvé des fonctionnaires au visage pale. Les Américains occupent l’aéroport de Bagdad, m’ont-ils dit. J’ai répondu que c’est impossible et qu’ils n’arriveront pas à pénétrer Bagdad avant plusieurs mois. Ils m’ont dit, venez voir.
Effectivement, j’ai trouvé la nouvelle sur Al-Jazeera et j’ai tout de suite appelé le commandant de l’aéroport qui m’a dit que cette information est erronée et que tout est sous contrôle à l’aéroport. Cinq jours après cette désinformation et bien d’autres encore, le moral des troupes armées a commencé à tomber… ».
Le 7 avril 2003, poursuit Imed Fahmi, le ministre de l’Information Mohamed-Saïd al-Sahhaf a déclaré devant le correspondant d’Al-Jazeera que cette chaine « commercialise le nouveau colonialisme ». « Personne n’y a prêté attention, personne n’a cru Al-Sahhaf, qu’après une décade ».
Notre écrivain égyptien, qui a parfaitement raison de rappeler ces événements douloureux, a oublié de préciser que le mot « Oulouj » employé par Al-Sahhaf à l’égard des Américains est la même expression que le calife Omar utilisait pour qualifier les « mercenaires Romains ».
Reste maintenant ce qui est encore peu connu de l’opinion arabe, à savoir que la plus grande base aérienne américaine dans le monde, qui se trouve au Qatar (Al-Udeid), a été le centre névralgique des opérations lancées contre l’Irak en 2003. La guerre n’étant pas seulement une affaire de mouvements de troupes et de bombardement mais aussi une guerre psychologique de désinformation, Al-Jazeera a joué un rôle déterminant dans cette croisade américano-britannique contre l’Irak. Peuple prédisposé à l’obéissance de l’homme blanc, les Qataris ont justifié leur soutien aux impérialistes par le fait que leur « pays » pourrait connaitre le même sort que le Koweït.
Il est vrai que le Koweït est pour l’Irak ce que le Qatar est pour l’Arabie Saoudite : une province arrachée par les Anglais pour s’assurer un approvisionnement en pétrole et en gaz gratuit les dix premières années de « l’indépendance » de ces provinces et à bon marché jusqu’à présent.
Pour revenir à Al-Jazeera, il faut rappeler un fait méconnu pour beaucoup. Il s’agit du bombardement des locaux de cette télévision à Bagdad, en 2013. Cette année là, le frère musulman palestinien Wadah Kanfar (patron de la chaine), apprend par les services britanniques que l’aviation américaine va bombarder le siège d’Al-Jazeera à Bagdad. Il en informe son émir et d’un commun accord avec lui, décide de n’en rien dire à ses journalistes présents à Bagdad. Subir une telle « agression » serait bon pour Al-Jazeera et mobilisateur pour ses 40 millions de téléspectateurs arabes ! Le 8 avril 2013, les américains passent à l’action en tuant le "martyr" Tarik Ayyoub et un cameraman, dont les familles seront grassement dédommagées par l’émir du Qatar.
Cette « agression » arrangée permettra à Al-Jazeera d’augmenter le nombre de ses fans et c’est grâce à sa réputation de télévision qui « défend » la cause arabe, la cause islamique et la cause palestinienne que cette chaine islamiste-sioniste jouera plus tard le rôle que chacun sait dans la « révolution du jasmin », puis dans le « printemps arabe », à savoir celui de fer de lance du néocolonialisme et de l’impérialisme.
Lilia Ben Rejeb
Lien de l’article en arabe :
http://www.egyptnewsinevent.com/2015/01/%D9%81%D9%87%D9%85%D9%86%D8%A7-%D8%A8%D8%B9%D8%AF-%D8%B9%D9%82%D8%AF-%D9%85%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%B2%D9%85%D8%A7%D9%86-%D8%A8%D9%82%D9%84%D9%85-%D8%B9%D9%85%D8%A7%D8%AF-%D9%81%D9%87%D9%85%D9%89/
Video de Mohamed-Saïd Al-Sahhaf:
https://www.youtube.com/watch?v=s27Oq5ot0ZI
Effectivement, j’ai trouvé la nouvelle sur Al-Jazeera et j’ai tout de suite appelé le commandant de l’aéroport qui m’a dit que cette information est erronée et que tout est sous contrôle à l’aéroport. Cinq jours après cette désinformation et bien d’autres encore, le moral des troupes armées a commencé à tomber… ».
Le 7 avril 2003, poursuit Imed Fahmi, le ministre de l’Information Mohamed-Saïd al-Sahhaf a déclaré devant le correspondant d’Al-Jazeera que cette chaine « commercialise le nouveau colonialisme ». « Personne n’y a prêté attention, personne n’a cru Al-Sahhaf, qu’après une décade ».
Notre écrivain égyptien, qui a parfaitement raison de rappeler ces événements douloureux, a oublié de préciser que le mot « Oulouj » employé par Al-Sahhaf à l’égard des Américains est la même expression que le calife Omar utilisait pour qualifier les « mercenaires Romains ».
Reste maintenant ce qui est encore peu connu de l’opinion arabe, à savoir que la plus grande base aérienne américaine dans le monde, qui se trouve au Qatar (Al-Udeid), a été le centre névralgique des opérations lancées contre l’Irak en 2003. La guerre n’étant pas seulement une affaire de mouvements de troupes et de bombardement mais aussi une guerre psychologique de désinformation, Al-Jazeera a joué un rôle déterminant dans cette croisade américano-britannique contre l’Irak. Peuple prédisposé à l’obéissance de l’homme blanc, les Qataris ont justifié leur soutien aux impérialistes par le fait que leur « pays » pourrait connaitre le même sort que le Koweït.
Il est vrai que le Koweït est pour l’Irak ce que le Qatar est pour l’Arabie Saoudite : une province arrachée par les Anglais pour s’assurer un approvisionnement en pétrole et en gaz gratuit les dix premières années de « l’indépendance » de ces provinces et à bon marché jusqu’à présent.
Pour revenir à Al-Jazeera, il faut rappeler un fait méconnu pour beaucoup. Il s’agit du bombardement des locaux de cette télévision à Bagdad, en 2013. Cette année là, le frère musulman palestinien Wadah Kanfar (patron de la chaine), apprend par les services britanniques que l’aviation américaine va bombarder le siège d’Al-Jazeera à Bagdad. Il en informe son émir et d’un commun accord avec lui, décide de n’en rien dire à ses journalistes présents à Bagdad. Subir une telle « agression » serait bon pour Al-Jazeera et mobilisateur pour ses 40 millions de téléspectateurs arabes ! Le 8 avril 2013, les américains passent à l’action en tuant le "martyr" Tarik Ayyoub et un cameraman, dont les familles seront grassement dédommagées par l’émir du Qatar.
Cette « agression » arrangée permettra à Al-Jazeera d’augmenter le nombre de ses fans et c’est grâce à sa réputation de télévision qui « défend » la cause arabe, la cause islamique et la cause palestinienne que cette chaine islamiste-sioniste jouera plus tard le rôle que chacun sait dans la « révolution du jasmin », puis dans le « printemps arabe », à savoir celui de fer de lance du néocolonialisme et de l’impérialisme.
Lilia Ben Rejeb
Lien de l’article en arabe :
http://www.egyptnewsinevent.com/2015/01/%D9%81%D9%87%D9%85%D9%86%D8%A7-%D8%A8%D8%B9%D8%AF-%D8%B9%D9%82%D8%AF-%D9%85%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%B2%D9%85%D8%A7%D9%86-%D8%A8%D9%82%D9%84%D9%85-%D8%B9%D9%85%D8%A7%D8%AF-%D9%81%D9%87%D9%85%D9%89/
Video de Mohamed-Saïd Al-Sahhaf:
https://www.youtube.com/watch?v=s27Oq5ot0ZI