Actuellement soigné à l’hôpital militaire Percy à Clamart, la vie du président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, est hors de danger. Il a été blessé par balles samedi dernier, par un élément de sa garde présidentielle. C’est du moins ce qu’a affirmé le correspondant d’Al-Jazeera, samedi 13 octobre, à peine trente minutes après l’attentat ! On avait aussi parlé d’une patrouille militaire qui aurait attaqué le cortège présidentiel à Tweila, une localité à 40 Km de Nouakchott. On avait également, selon un responsable sécuritaire mauritanien (AFP, 13 octobre), que c’est un automobiliste qui a directement visé le président mauritanien. Enfin, dernière version officielle du gouvernement mauritanien, par la voix du ministre de la Communication, Hamdi Ould Mahjoub, il s’agirait « d’un tir par erreur de l’armée, l’unité militaire ne savait pas qu’il s’agissait du cortège du président » ! Ces informations sont bien trop contradictoires pour ne pas justifier une investigation plus poussée.
Ancien général, Mohamed Ould Abdelaziz (55 ans) est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, légitimé par le laxisme de son prédécesseur face aux agissements de l’AQMI. En 2009, il est démocratiquement élu à la tête de la Mauritanie. Depuis, il mène une guerre sans merci contre le terrorisme islamiste, notamment contre l’AQMI qui, depuis le « printemps arabe » et la chute de Kadhafi, a conquis des positions stratégiques qui font de cette organisation affiliée à Al-Qayda la première force terroriste dans le monde. Entre 2010 et 2011, l’armée mauritanienne a mené plusieurs opérations dans le nord du Mali, une vaste région qui est tombée, depuis déjà sept mois, sous le contrôle des djihadistes d’Al-Qayda et d’autres groupuscules islamistes dont le Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest (MUJAO). C’est actuellement une région autonome, où la charia est impitoyablement pratiquée et où sont détenus les neuf Européens kidnappés, dont six Français.
Ce serait déjà une bonne raison d’essayer d’éliminer le président mauritanien, que les islamistes, y compris Jemil Ould Mansour, chef du parti islamiste mauritanien Tawassoul, accusent d’être un « suppôt » des Français. Il y déjà quelques mois, l’AQMI a d’ailleurs publiquement menacé de mort le président mauritanien. Mais il n’y a pas que cette raison. C’est notre confrère Zine Cherfaoui du quotidien Al-Watan (16 octobre) qui pose la vraie question : « Maintenant, hormis AQMI et le MUJAO, qui d’autre peut avoir quelques intérêts à liquider physiquement Ould Abdelaziz sachant pertinemment que, dans le contexte régional actuel, un tel acte aurait pour effet immédiat d’accentuer la crise politique en Mauritanie et, certainement aussi, de déstabiliser toute la région ? Objectivement, il peut s’agir de n’importe qui sauf d’un acteur régional. Un tel coup tordu ne peut provenir que de quelqu’un qui a la certitude d’être à l’abri du chaos sahélien ». Tout porte à croire que cet acteur non régional est le Qatar. En voici les raisons qui accrèditent une telle hypothèse.
Tous les services de renseignement savent que, par sa télévision Al-Jazeera et par sa diplomatie secrète, le Qatar joue un rôle prépondérant dans l’appui financier, médiatique et logistique aux différents mouvements islamistes en Afrique du Nord, en Afrique de l’ouest, en Asie et en Extrême-Orient. Hamad Ben Khalifa Al-Thani et son premier ministre Hamad Bin Jassim Al-Thani, ont déjà réussi à placer Ennahda au pouvoir en Tunisie, les Frères musulmans en Egypte et les islamistes offshore libyens à Tripoli. Le Maroc ayant eu droit à un traitement de faveur par un « printemps arabe » en douce, il ne reste plus que l’Algérie à faire tomber pour constituer un axe stratégique Rabat-Alger-Tunis-Tripoli-Le Caire et Damas, dont le régime résiste encore à la guerre que lui livrent le Qatar et l’Arabie Saoudite. C’est donc principalement l’Algérie qui est pour le moment visée.
L’essentiel n’est pas là. Il y a un événement important que la presse internationale a passé sous silence mais qui n’a pas échappé à la sagacité des médias mauritaniens et algériens. Il s’agit de la visite de l’émir du Qatar à Nouakchott, le 9 janvier dernier, qui a tourné à l’incident diplomatique. Selon la presse mauritanienne et algérienne, le président Mohamed Ould Abdelaziz n’a pas raccompagné son illustre hôte à l’aéroport et a même interdit à ses ministres de s’y rendre. La raison, l’insolence et l’ingérence de l’émir bédouin dans les affaires mauritaniennes. Selon l’agence officielle de presse officielle mauritanienne, l’incident s’est produit au cours de l’entrevue entre le président mauritanien et l’émir du Qatar, lorsque celui-ci a demandé à son hôte de « procéder à des réformes démocratiques et de négocier avec les islamistes pour éviter à son pays de connaître un scénario similaire à la Tunisie, Libye ou la Syrie ». Toujours selon cette agence, « des prises de bec ont opposé les deux chefs d’Etat » puisque le président mauritanien a « fait savoir à l’émir que l’ingérence dans les affaires intérieures de la Mauritanie est une ligne rouge à ne pas franchir. Ne s’arrêtant pas là, il aurait même fait savoir directement à l’émir que par le biais d’Al-Jazeera, lui-même était à l’origine des soulèvements qui ont ébranlés les pays arabes ».
Le soir même, la télévision « indépendante » Al-Jazeera s’est lancée dans une critique violente du régime de Nouakchott, en donnant la parole aux opposants islamistes mauritaniens. Selon le journal mauritanien Al-Siraj, « de sources sécuritaires arabes ont mis en garde le président mauritanien du rôle du Qatar de tenter de provoquer un changement dans le pays, ajoutant que ce rôle consistera à réparer le terrain pour entrainer la Mauritanie dans le cercle vicieux des complots… ». Quant à Moncef Rédha, du journal algérien La Nouvelle République (10 janvier 2012), il a résumé cet incident par le titre de son article : « Un Dégage indirect a été signifié à l’émir du Qatar ».
Telle serait la raison "logique" de la tentative d’assassinat du président mauritanien. Si cela s'avère vrai, la question qui s’impose serait donc la suivante : jusqu’à quand la France va-t-elle faire la sourde oreille sur l’activisme islamo-terroriste qatari dans des pays arabes et d’Afrique historiquement et traditionnellement liés au pays de de Gaulle ?
Ancien général, Mohamed Ould Abdelaziz (55 ans) est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, légitimé par le laxisme de son prédécesseur face aux agissements de l’AQMI. En 2009, il est démocratiquement élu à la tête de la Mauritanie. Depuis, il mène une guerre sans merci contre le terrorisme islamiste, notamment contre l’AQMI qui, depuis le « printemps arabe » et la chute de Kadhafi, a conquis des positions stratégiques qui font de cette organisation affiliée à Al-Qayda la première force terroriste dans le monde. Entre 2010 et 2011, l’armée mauritanienne a mené plusieurs opérations dans le nord du Mali, une vaste région qui est tombée, depuis déjà sept mois, sous le contrôle des djihadistes d’Al-Qayda et d’autres groupuscules islamistes dont le Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest (MUJAO). C’est actuellement une région autonome, où la charia est impitoyablement pratiquée et où sont détenus les neuf Européens kidnappés, dont six Français.
Ce serait déjà une bonne raison d’essayer d’éliminer le président mauritanien, que les islamistes, y compris Jemil Ould Mansour, chef du parti islamiste mauritanien Tawassoul, accusent d’être un « suppôt » des Français. Il y déjà quelques mois, l’AQMI a d’ailleurs publiquement menacé de mort le président mauritanien. Mais il n’y a pas que cette raison. C’est notre confrère Zine Cherfaoui du quotidien Al-Watan (16 octobre) qui pose la vraie question : « Maintenant, hormis AQMI et le MUJAO, qui d’autre peut avoir quelques intérêts à liquider physiquement Ould Abdelaziz sachant pertinemment que, dans le contexte régional actuel, un tel acte aurait pour effet immédiat d’accentuer la crise politique en Mauritanie et, certainement aussi, de déstabiliser toute la région ? Objectivement, il peut s’agir de n’importe qui sauf d’un acteur régional. Un tel coup tordu ne peut provenir que de quelqu’un qui a la certitude d’être à l’abri du chaos sahélien ». Tout porte à croire que cet acteur non régional est le Qatar. En voici les raisons qui accrèditent une telle hypothèse.
Tous les services de renseignement savent que, par sa télévision Al-Jazeera et par sa diplomatie secrète, le Qatar joue un rôle prépondérant dans l’appui financier, médiatique et logistique aux différents mouvements islamistes en Afrique du Nord, en Afrique de l’ouest, en Asie et en Extrême-Orient. Hamad Ben Khalifa Al-Thani et son premier ministre Hamad Bin Jassim Al-Thani, ont déjà réussi à placer Ennahda au pouvoir en Tunisie, les Frères musulmans en Egypte et les islamistes offshore libyens à Tripoli. Le Maroc ayant eu droit à un traitement de faveur par un « printemps arabe » en douce, il ne reste plus que l’Algérie à faire tomber pour constituer un axe stratégique Rabat-Alger-Tunis-Tripoli-Le Caire et Damas, dont le régime résiste encore à la guerre que lui livrent le Qatar et l’Arabie Saoudite. C’est donc principalement l’Algérie qui est pour le moment visée.
L’essentiel n’est pas là. Il y a un événement important que la presse internationale a passé sous silence mais qui n’a pas échappé à la sagacité des médias mauritaniens et algériens. Il s’agit de la visite de l’émir du Qatar à Nouakchott, le 9 janvier dernier, qui a tourné à l’incident diplomatique. Selon la presse mauritanienne et algérienne, le président Mohamed Ould Abdelaziz n’a pas raccompagné son illustre hôte à l’aéroport et a même interdit à ses ministres de s’y rendre. La raison, l’insolence et l’ingérence de l’émir bédouin dans les affaires mauritaniennes. Selon l’agence officielle de presse officielle mauritanienne, l’incident s’est produit au cours de l’entrevue entre le président mauritanien et l’émir du Qatar, lorsque celui-ci a demandé à son hôte de « procéder à des réformes démocratiques et de négocier avec les islamistes pour éviter à son pays de connaître un scénario similaire à la Tunisie, Libye ou la Syrie ». Toujours selon cette agence, « des prises de bec ont opposé les deux chefs d’Etat » puisque le président mauritanien a « fait savoir à l’émir que l’ingérence dans les affaires intérieures de la Mauritanie est une ligne rouge à ne pas franchir. Ne s’arrêtant pas là, il aurait même fait savoir directement à l’émir que par le biais d’Al-Jazeera, lui-même était à l’origine des soulèvements qui ont ébranlés les pays arabes ».
Le soir même, la télévision « indépendante » Al-Jazeera s’est lancée dans une critique violente du régime de Nouakchott, en donnant la parole aux opposants islamistes mauritaniens. Selon le journal mauritanien Al-Siraj, « de sources sécuritaires arabes ont mis en garde le président mauritanien du rôle du Qatar de tenter de provoquer un changement dans le pays, ajoutant que ce rôle consistera à réparer le terrain pour entrainer la Mauritanie dans le cercle vicieux des complots… ». Quant à Moncef Rédha, du journal algérien La Nouvelle République (10 janvier 2012), il a résumé cet incident par le titre de son article : « Un Dégage indirect a été signifié à l’émir du Qatar ».
Telle serait la raison "logique" de la tentative d’assassinat du président mauritanien. Si cela s'avère vrai, la question qui s’impose serait donc la suivante : jusqu’à quand la France va-t-elle faire la sourde oreille sur l’activisme islamo-terroriste qatari dans des pays arabes et d’Afrique historiquement et traditionnellement liés au pays de de Gaulle ?