Muni d’une invitation officielle du Quai d’Orsay, c’est à sa demande et sous son insistance que Rached Ghannouchi, avec l’aval de Béji Caïd Essebsi, a effectué sa visite officielle en France, du 21 au 24 juin 2016. Malgré le refus de François Hollande et d’Emmanuel Valls -dont on connait l’aversion à l’égard de l’islamisme- de le recevoir, le calife effectif de Tunisie peut s’estimer heureux : sa « diplomatie populaire » est une réussite, de l’aveu même de son jeune lieutenant, l’ex vendeur de sandwich merguez à Paris, devenu richissime après la « révolution » de la pauvreté, Houcine Jaziri.
Principaux planificateurs et organisateurs de ce voyage « officiel », l’ambassadeur de France en Tunisie, François Gouyette, qui va bientôt quitter Tunis pour Ryad, le très discret Habib Mokni, « ambassadeur » d’Ennahdha en France et principal relais entre celle-ci et l’Iran, et le non moins discret Emmanuel Dupuy, un lobbyiste français qui dirige un certain nombre d’associations dont l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).
Le jour de son arrivée, le chef des intégristes « modérés » a été reçu par la plus prolétaire des socialistes français, Madame Elisabeth Guigou, députée et présidente de la commission des Affaires étrangères au sein du parlement français. A ce titre, elle lui a organisé dans une salle de l’Assemblée nationale une rencontre avec une quinzaine de personnalités, notamment quelques députés de gauche et de droite, lors de laquelle il a pu exposer sa nouvelle vision de « l’islam politique », sa conception de la démocratie et sa stratégie dans le renforcement des relations franco-tunisiennes.
Deux jours après, et à l’issu d’un détour par le MEDEF, une autre réunion semblable, où le mercantilisme se conjugue au droit-de-l’hommisme, au présent, au futur et à l’impératif, a été organisé par l’IPEMED, que préside le mari d’Elisabeth, Jean-Louis Guigou. A l’instar de son épouse, cet ancien professeur spécialiste en aménagement du territoire était pourtant un ami de la Tunisie qu’il visitait régulièrement du temps où elle était souveraine et que son taux de croissance oscillait entre 4% et 6%. Le véritable chef de l’Etat-islamo-mafieux qu’est devenu la Tunisie, qu’il a hypothéqué au Qatar et dont il a vidé les caisses en moins de cinq ans, a appelé les quelques hommes d’affaires présents à la réunion de l’IPEMED de venir investir en Tunisie.
Au Quai d’Orsay, là où Laurent Fabius avait déjà reçu d’anciens membres d’Al-Qaïda recyclés dans l’opposition « démocratique » syrienne, ainsi que l’ex terroriste libyen Abdelhakim Belhadj, le chef des Frères musulmans tunisiens a eu droit à un accueil aussi chaleureux qu’intéressé. Dans un entretien d’une heure, Rached Ghannouchi a exposé à Jean-Marc Ayrault la mutation idéologique d’Ennahdha à la suite de son dernier congrès, ainsi que la composition du futur gouvernement tunisien qui sera annoncée à la fin du mois de Ramadan en assurant le patron du Quai d’Orsay que les « hommes de la France » y seront bien représentés, notamment Kamel Jendoubi, Ahmed Néjib Chebbi et surtout Mustapha Ben Jafaar, qui tient absolument au portefeuille des Affaires étrangères tunisiennes.
En montrant sa prédisposition à « donner un coup de main » aux autorités françaises qui ne savent plus comment s’y prendre, celui qui avait incité des milliers de jeunes tunisiens à aller faire le djihad en Syrie s’est dit prêt à collaborer dans le programme dit de déradicalisation et de sensibilisation de la jeunesse française au « véritable islam » ! Il a défendu ses Frères en secte Egyptiens en affirmant que « la dictature militaire est pire que celle qui régnait sous Hosni Moubarak ».
Sachant l’importance de l’Algérie pour la France, Rached Ghannouchi s’est dit par ailleurs soucieux de la guerre de succession à Bouteflika. Evoquant un plan de relève qatari, approuvé par les Etats-Unis, Rached Ghannouchi a prétendu que « la jeune démocratie tunisienne sera toujours fragile tant que le voisin algérien ne sera pas stabilisé » !
Malgré un rendez-vous manqué avec Alain Juppé, qui s’est fait remplacer par Hervé Gaymard pour ne pas trop se compromettre comme en février 2011, lorsqu’il a publiquement blanchi les islamistes tunisiens, la journée du 23 juin a été tout aussi fructueuse pour le chef de l’intégrisme « modéré » et la délégation qui l’accompagnait. Il a d’abord été reçu par le président de l’Assemblée nationale, le socialiste originaire de Tunisie, Claude Bartolone, ensuite, au Palais du Luxembourg, par le sénateur des Républicains, Jean-Pierre Raffarin.
En dépit des efforts du « sherpa de Ghannouchi », un certain Emmanuel Dupuy (voir l’article de LBR), la moisson médiatique a été plutôt mince. A part un passage sur Radio Soleil, une antenne périphérique parisienne, et un autre sur France 24, Rached Ghannouchi n’a eu droit qu’à une interview arrangée dans l’édition papier du Figaro du 23 juin 2016, dans laquelle le chef de l’intégrisme « modéré » a laissé échapper cette vérité : « L’Etat tunisien n’est pas laïque » !
Nebil Ben Yahmed
Principaux planificateurs et organisateurs de ce voyage « officiel », l’ambassadeur de France en Tunisie, François Gouyette, qui va bientôt quitter Tunis pour Ryad, le très discret Habib Mokni, « ambassadeur » d’Ennahdha en France et principal relais entre celle-ci et l’Iran, et le non moins discret Emmanuel Dupuy, un lobbyiste français qui dirige un certain nombre d’associations dont l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).
Le jour de son arrivée, le chef des intégristes « modérés » a été reçu par la plus prolétaire des socialistes français, Madame Elisabeth Guigou, députée et présidente de la commission des Affaires étrangères au sein du parlement français. A ce titre, elle lui a organisé dans une salle de l’Assemblée nationale une rencontre avec une quinzaine de personnalités, notamment quelques députés de gauche et de droite, lors de laquelle il a pu exposer sa nouvelle vision de « l’islam politique », sa conception de la démocratie et sa stratégie dans le renforcement des relations franco-tunisiennes.
Deux jours après, et à l’issu d’un détour par le MEDEF, une autre réunion semblable, où le mercantilisme se conjugue au droit-de-l’hommisme, au présent, au futur et à l’impératif, a été organisé par l’IPEMED, que préside le mari d’Elisabeth, Jean-Louis Guigou. A l’instar de son épouse, cet ancien professeur spécialiste en aménagement du territoire était pourtant un ami de la Tunisie qu’il visitait régulièrement du temps où elle était souveraine et que son taux de croissance oscillait entre 4% et 6%. Le véritable chef de l’Etat-islamo-mafieux qu’est devenu la Tunisie, qu’il a hypothéqué au Qatar et dont il a vidé les caisses en moins de cinq ans, a appelé les quelques hommes d’affaires présents à la réunion de l’IPEMED de venir investir en Tunisie.
Au Quai d’Orsay, là où Laurent Fabius avait déjà reçu d’anciens membres d’Al-Qaïda recyclés dans l’opposition « démocratique » syrienne, ainsi que l’ex terroriste libyen Abdelhakim Belhadj, le chef des Frères musulmans tunisiens a eu droit à un accueil aussi chaleureux qu’intéressé. Dans un entretien d’une heure, Rached Ghannouchi a exposé à Jean-Marc Ayrault la mutation idéologique d’Ennahdha à la suite de son dernier congrès, ainsi que la composition du futur gouvernement tunisien qui sera annoncée à la fin du mois de Ramadan en assurant le patron du Quai d’Orsay que les « hommes de la France » y seront bien représentés, notamment Kamel Jendoubi, Ahmed Néjib Chebbi et surtout Mustapha Ben Jafaar, qui tient absolument au portefeuille des Affaires étrangères tunisiennes.
En montrant sa prédisposition à « donner un coup de main » aux autorités françaises qui ne savent plus comment s’y prendre, celui qui avait incité des milliers de jeunes tunisiens à aller faire le djihad en Syrie s’est dit prêt à collaborer dans le programme dit de déradicalisation et de sensibilisation de la jeunesse française au « véritable islam » ! Il a défendu ses Frères en secte Egyptiens en affirmant que « la dictature militaire est pire que celle qui régnait sous Hosni Moubarak ».
Sachant l’importance de l’Algérie pour la France, Rached Ghannouchi s’est dit par ailleurs soucieux de la guerre de succession à Bouteflika. Evoquant un plan de relève qatari, approuvé par les Etats-Unis, Rached Ghannouchi a prétendu que « la jeune démocratie tunisienne sera toujours fragile tant que le voisin algérien ne sera pas stabilisé » !
Malgré un rendez-vous manqué avec Alain Juppé, qui s’est fait remplacer par Hervé Gaymard pour ne pas trop se compromettre comme en février 2011, lorsqu’il a publiquement blanchi les islamistes tunisiens, la journée du 23 juin a été tout aussi fructueuse pour le chef de l’intégrisme « modéré » et la délégation qui l’accompagnait. Il a d’abord été reçu par le président de l’Assemblée nationale, le socialiste originaire de Tunisie, Claude Bartolone, ensuite, au Palais du Luxembourg, par le sénateur des Républicains, Jean-Pierre Raffarin.
En dépit des efforts du « sherpa de Ghannouchi », un certain Emmanuel Dupuy (voir l’article de LBR), la moisson médiatique a été plutôt mince. A part un passage sur Radio Soleil, une antenne périphérique parisienne, et un autre sur France 24, Rached Ghannouchi n’a eu droit qu’à une interview arrangée dans l’édition papier du Figaro du 23 juin 2016, dans laquelle le chef de l’intégrisme « modéré » a laissé échapper cette vérité : « L’Etat tunisien n’est pas laïque » !
Nebil Ben Yahmed